Voyage en surface

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Je ne suis jamais allée aussi loin, du moins pas lorsque j'étais consciente. Plus nous nous enfonçons dans ce labyrinthe souterrain, plus je vois mes espoirs de liberté s'envoler.


L'espace est formé de plusieurs artères principales qui se divisent parfois en plusieurs branches, qui elles se finissent généralement en cul-de-sac. J'ai arrêté de compter les portes au bout de quelques minutes à peine, tant l'endroit en renferme. Parfois j'ai l'impression d'entendre au loin des cris ou des bruits sourds d'objet métallique mais je me convaincs moralement que tout ça n'est que dans ma tête.

Après une bonne dizaine de minute à déambuler dans ces couloirs, nous débouchons sur une vieille porte en fer, un peu comme celles que l'on trouve dans les zoos. Samuel sort un trousseau de clé de sa poche et déverrouille avec son seul bras libre l'énorme verrou qui bloque la porte.
Derrière celle-ci, un petit escalier en béton sale mène à une vielle grille inclinée vers le haut. Un homme monte la garde de l'autre côté et, en nous voyant arriver, déverrouille la trappe avant de retourner à ses occupations.

Il me fallut quelques secondes pour reconnaître le conducteur de la voiture de ce soir là. Un frisson me parcouru l'échine et je me blottis contre mon porteur, comme pour me cacher du regard de l'homme. Une fois sortie de cette pièce, je fus éblouie par la lumière du jour. Mes yeux mirent quelques secondes avant de s'adapter à ce nouvel éclairage.

Nous sommes dans une maison tout à fait banale. Des meubles en bois, des cadres, des fleurs, une télévision. Je crois un instant rêver. Tandis que je restais absorbée par ce spectacle qui me remplissait d'émotion, il me porta jusqu'à une grande cuisine spacieuse et moderne. Il me posa sur la table en me faisant bien comprendre qu'il vaudrait mieux pour moi que je ne bouge pas, et disparu derrière la cloison.

Quant-à moi, je ne comprenais plus rien. 


J'examine la pièce comme si elle pouvait révéler la raison de la soudaine gentillesse de mon kidnappeur.
Elle n'a rien de particulier: une petite table rectangulaire débarrassée au centre, un frigo, un four, un évier. Dans celui-ci je remarque au passage de nombreux bols et tasses sales. Soit Samuel n'aime pas ranger, soit ils sont bien plus que ce que je pensais...





Finalement quelqu'un revint dans la pièce. Mais au lieu d'un visage rond et d'une belle dentition, l'homme qui se dressa devant moi n'a rien de familier. Il a la peau très mate, presque noire, de petits yeux gris et de grosses lèvres entre-ouvertes. Il est dégarnie, laissant une grande cicatrice de quelques centimètres exposée aux regards. Il semble aussi surpris que moi.

"Hé?! T'es qui toi?!" Lâcha-t-il avec stupeur.

"Euh- je-" tentais-je de répondre, hasardeuse.

"C'est bon Greg, je gère."

Je fus presque soulagée d'entendre la voix de Samuel. Il s'approcha de moi, un chiffon à la main, sous le regard déconcerté de son acolyte. Sentant qu'il ne le lâchait pas, le châtain se retourna vers lui avant de faussement lui demander:

"Tu as besoin de quelque chose?"

"Euh non-"

"Alors dégage."





L'homme s'en alla alors la queue entre les jambes, sans demander son reste. Je reste presque admirative devant l'influence de Samuel avant de me concentrer sur le morceau de tissu qu'il avait ramené. Je constate sans peine qu'il enroule quelque chose. Mais quoi? Des biscuits? De la vaisselle?

Je profite que Samuel se lave les mains et soit dos tourné à moi pour lever le tissu.

Un couteau.

Je tressaille face à ma découverte sous le regard moqueur de son propriétaire, ayant remarqué mon action.

Il prit une chaise et s'assit face à moi, n'oubliant pas d'emporter sur son passage ce fameux couteau. Il le retira soigneusement du tissu et se mit à jouer avec entre ses doigts, me faisant sursauter à chaque fois que la lame me pointait.

A-t-il prévu de me tuer là, maintenant? Mais pourquoi le faire dans une cuisine? Et pourquoi m'avoir dit que j'allais cuisiner?

Alors que la terreur s'emparait de moi, il se décida enfin à dire quelque chose:

"D'abord, fixons les règles."

Le couteau se stoppa soudainement, me pointant de sa lame lisse et tranchante.

"Si ne serait-ce qu'un seul de tes cheveux sort de cette pièce sans ma permission, pour n'importe quelle raison que ce soit..."

Mon estomac se noue. Son regard insistant se rapproche alors de moi et je sens mon menton tiré vers le haut. Je frissonne au contact glacé de la lame sur mon cou et ne peut empêcher une larme de s'échapper.

"Alors j'enfoncerai cette lame dans ton cou juste assez pour que tu puisses agoniser avant de crever."

Sa voix, douce et glaciale à la fois, eu comme effet sur moi une violente secousse. Cette fois, d'autres larmes accompagnèrent la première, laissant sur mes joues de longues traînées humides.

Il me lâcha doucement avant de rapprocher la chaise sur laquelle il était assit et de me poser dessus. Il m'entraîne alors violemment vers l'évier, face à la vaisselle sale que j'examinais auparavant et me lâcha sur un ton sec:

"Commence par nettoyer ça."

Et comme un gentil toutou, je ne pus qu'exécuter ses ordres. J'allumai l'eau de mes mains tremblantes, m'emparai de l'éponge et du produit vaisselle et après avoir vérifié la température me mis au travail.

Je sens sa présence derrière moi mais n'ose pas me retourner, visionnant encore dans ma tête l'image de ce que renfermait le torchon. L'avait-il déjà utilisé? Je m'imagine la lame tranchant le cou de la jeune femme aux tâches de rousseurs, malgré ses cris et ses supplications....

CreoberosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant