CHAPITRE 17.

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Il y avait une chose qui m'avait depuis longtemps semblé évidente mais qui échappait pourtant à beaucoup de personnes. J'avais compris qu'il ne fallait jamais donner son avis sur l'amour en présence d'une personne dont on ne connaissait pas les antécédents amoureux. Et c'était simple à comprendre je crois. Quelqu'un qui vit une rupture difficile aurait du mal à accepter les propos de la personne qui serait en train de se vanter du conte de fée qu'il est en train de vivre. A l'inverse, celui qui s'imagine vivre avec sa copine pour toujours aurait du mal à accepter que quelqu'un puisse ne pas y croire parce que ca le désenchanterait trop. Alors souvent, durant toute cette dernière année, quand Louis ramenait ses nouvelles conquêtes et qu'il affirmait que l'amour était le meilleur de tous les sentiments qui pouvait exister, j'ai eu envie de pleurer.

Je n'ai jamais pleuré devant lui cependant, parce que je ne trouvais pas ca très virile et que forcément, il aurait voulu que je m'explique. Et clairement, il n'aurait pas aimé que je lui dise que moi je ne croyais plus du tout à toutes ces belles histoires. Elles me semblaient toujours trop belles pour durer. Alors je ne disais rien.

Ce soir-là, Isaac serrait la main de cette fille dans la sienne très fort. Et sur le moment, je n'ai pas compris pourquoi je ne parvenais pas à retirer mon regard de leurs mains enlacées. Et puis j'ai compris. Cet acte qui paraissait si simple aux yeux de tout le monde, représentait en fait tout ce qui m'avait été interdit l'année d'avant. Le droit d'entrelacer mes doigts à ceux d'Isaac devant les autres. Le droit de montrer au monde que j'étais amoureux. Et le droit de croire que c'était une bonne chose que de l'être. Et puis, je n'aurais pas du parce qu'elle n'avait rien fait de plus que de tomber amoureuse de lui elle aussi ; mais j'ai détesté cette fille comme jamais je n'avais détesté personne avant cela.

Elle lui souriait de ses grandes dents trop blanches et j'ignorais de quoi ils parlaient, mais il lui a souri en retour plusieurs fois. Ils riaient aussi. Je crois qu'ils étaient vraiment heureux ensemble et ça ne faisait aucun doute que c'est ce qui m'a fait le plus de mal.

Je me suis arrêté quand ils sont passés près de moi et je les ai regardé un instant encore parce que j'avais besoin d'être sûr, je devais me persuader qu'il était bien là, qu'il ne s'agissait pas simplement de quelqu'un qui lui ressemblait fortement. Mais il n'y avait nul doute. Il avait les mêmes yeux bleus, les mêmes cheveux noirs et ce même sourire. C'était certain, Isaac était là après tous ces mois d'absence.

J'ai senti mes genoux trembler et mon corps tout entier devenir faible alors j'ai décidé de quitter cet endroit avant de ne plus du tout pouvoir bouger et de devoir rester planter ici pour le reste de mes jours à relater le passé. Je me suis avancé de quelques pas, dans la direction opposée à la leur, j'avais dépassé l'appartement de ma mère depuis plusieurs mètres mais je voulais juste avancer alors je ne me suis pas arrêté et j'ai continué à marcher, tête baissée. Je suis arrivé de l'autre coté de Central Park plus vite que ne m'en étais cru capable alors j'ai finit par m'arrêter. Et puis je me suis assis sur un banc, j'ai pris mon téléphone et j'ai appelé Sacha.

La sonnerie à retentit un long, elle ne décrochait pas. Je lui ai laissé un message parce que j'avais vraiment besoin de parler à quelqu'un, pas pour parler d'Isaac forcément. Je voulais juste de la compagnie parce que je savais bien qu'en restant seul, je n'aurais pas cessé une seconde de penser à lui. Mais Sacha a rappelé avant que je n'ai eu le temps de terminer son message.

- Ian ? Elle a demandé, essoufflée. Je suis désolée j'étais dans une cabine d'essayage, j'ai dû sortir du magasin en vitesse.

Elle a prit une grande respiration parce qu'elle avait parlé trop vite.

Il y a un monde meilleur. [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant