CHAPITRE 38

Depuis le début
                                    

- Ecoute, je serais là-bas jusqu'à midi, pas une minute de plus. Si tu veux qu'on enterre toute cette histoire, soit là-bas à l'heure.

Sans plus attendre de réponse de la part de son interlocuteur, il le laissa avec la familière tonalité du téléphone.

Lucien en restait abasourdi. Il avait du mal à croire ce qu'il venait d'entendre. Encore plus, à assimiler l'entière étendue de tous les propos de la conversation. Il y avait beaucoup trop de zones d'ombre, de questions fusant au travers de ses synapses, ne trouvant pour seul réponse que le vide intemporel du néant. Il fallait travailler étape par étape. Tout d'abord, élucider la question, qui était cet homme à l'autre bout du téléphone ?

- Tu as le numéro du dernier appel ?

- Oui bien sûr, je vous l'envoie immédiatement.

- A partir de maintenant, quoi qu'il arrive tu le lâches pas d'une semelle. Tu me tiens au courant dès qu'il décide de quitter la baraque.

- Reçu cinq sur cinq.

Lucien revint dans la salle d'interrogatoire où attendaient patiemment les deux policiers Roumains et la prévenue.

- Vassili, capitaine, j'ai besoin de vous, vous pouvez venir deux minutes.

Les deux hommes sortirent lentement de l'apathique torpeur, dans laquelle ils avaient plongée ces dernières minutes.

- Allons messieurs pressons, on a pas toute la journée. Vassili, tu peux me retrouver ce numéro de téléphone ?

- C'est comme si c'était fait.

Le jeune homme s'empressa d'aller pianoter sur son ordinateur. Pour une fois qu'on lui demandait de faire quelque chose dans la mesure routinière de ses capacités, il allait leur montrer de quel bois se chauffe un Romanov. Il se voyait déjà acclamé, adulé par la foule en liesse. Mais tout ne se passa pas comme prévu. Le numéro de téléphone était sur liste rouge. C'est l'air tout penaud, la tête rentrée dans les épaules, le regard trainant par terre, qu'il alla annoncer la fâcheuse nouvelle à Lucien. Un simple contre temps pour Lucien, un coup de fil, un fax du mandat envoyé à l'opérateur téléphonique, et le voilà en possession du précieux numéro.

- Vous connaissez ce monsieur Moldoveanu ?

- Grand damne, par tous les sacrés saints, jura le capitaine, c'est le propriétaire des industries Moldoveanu et fils, assurément l'un des hommes les plus riches de tout le pays.

- Assurément, surenchéri machinalement Vassili.

- Qu'est qu'il vient faire dans notre histoire ce brave homme ?

- Brave, j'en suis pas aussi sur que vous. Nous saurons le fin mot de tout ça bien assez tôt. Je dirais demain sur les coups de midi.

Le cerveau de Lucien fonctionnait à plein régime. Des passerelles éclairaient les zones d'ombres. Le fait que cet homme était l'un des plus riches industriels du pays expliquait la somme exorbitante demandée. Il y avait plusieurs choses qui le turlupinaient. Il devait se repasser la bande pour étudier chaque points en détails. En prime, il voulait que les deux policiers Roumains écoutent, et donnent leurs avis. Il s'était pris d'affection pour ces laissés pour compte, leurs implications dans cette enquête étaient exemplaire.

Le début était une conversation entre Alexandresco et sa sœur. Il prenait simplement ses précautions pour mettre ses enfants à l'abri. Déjà les questions fusaient, auxquelles il devait donner des réponses.

- Ben ça alors, j'arrive pas à en croire mes oreilles, s'insurgea Vassili à voix haute.

- Par tous les diables, rugit le chef, c'est un enlèvement d'enfant ou je m'y connais pas. On peut pas laisser faire çà.

les rêves de LolaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant