C h a p i t r e 4

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Note de l'auteure : Ce chapitre a été co-écrit avec britemy . Vous pouvez retrouver son personnage Harry dans sa magnifique fiction Fanatique. L'OS original de cette scène est celui de Harry et a paru dans Pour des étoiles dans vos yeux de -literharry le 10 décembre dernier. Le chapitre qui suit est du point de vue de Lucy. Bonne lecture!
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- Aaaaahhhhhhhhhhh, outch!, hurle une voix rauque.

Un garçon s'écrase sur le sol devant nous. Louis sursaute et moi, d'un calme olympien, je me tourne vers notre nouvel arrivant. Il se relève avec difficulté et regarde tout autour de lui. Il a l'air effrayé... et incroyablement gelé. Je ne sais pas quelle drogue il avait pris, mais une chose est sure, il avait grandement abusé.

- Qui êtes-vous ? nous demande-t-il d'une voix pâteuse.

- Bonjour Harry, lui répondis-je avant de me tourner vers mon ami aux yeux bleus. Comme tu peux le constater Louis, c'est très inhabituel que les gens tombent du ciel. Habituellement, ils entrent par la grande porte. Cela veut dire qu'ils ne sont pas prêts.

Louis hoche la tête. Il comprend ce que je veux dire, mais je vois dans ses yeux qu'il a des questions sur sa propre entrée. Il est entré par la porte et non en tombant comme Harry. Chaque chose en son temps.

- Pas prêt pour quoi ? demande-t-il avec curiosité.

- Pour votre mort très cher, lui souris-je.

- Ma... quoi ?

Parler de la mort avec des vivants suscite toujours la même réaction. La plupart des gens ne sont pas prêts, tout comme Harry, son âme l'a conduit ici en consultation. Il n'est pas près de mourir, mais son comportement irréfléchi des dernières annéesl'amène tout droit vers son imminent décès. Il ne le croirait pas si je lui disais moi-même. Il doit le voir de ses yeux. Je m'avance vers lui d'une démarche assurée et je lui tends la main qu'il sert sans grande conviction.

- Bienvenue en Enfer, mon nom est Lucy, célèbre gardienne de ces lieux maudits. Je vous invite à me suivre. Nous devons voir ce qui s'est passé pour que vous atterrissiez ici.

Je fais signe à Louis de nous suivre et nous nous engageons dans un couloir près de la réception. Nous avançons au travers des mille et une porte rouge sang. Ma couleur de prédilection, cela va sans dire. Du coin de l'œil, je vois que notre invité peine à suivre. La drogue et le rouge ne font pas bon ménage. Nous arrivons maintenant dans une pièce contenant une fontaine.

Je m'approche du bouclé et lui arrache une poignée de cheveux que je jette dans le bassin de marbre noire. Il sursaute. Je crois que je lui ai fait mal. Pauvre petit chat.

- Ne fais pas ton sensible, habituellement, c'est des dents que j'arrache, lui dis-je avec un sourire. Considère ça comme ton jour de chance.

Il sourit nerveusement et n'arrête pas de frotter ses mains contre ses cuisses. Il n'aime pas ça, il n'est pas confortable. Puis, les centaines de sphères qui entouraient le garçon, se répandent dans l'eau à l'apparence brouillée.

Elles se bousculent à une vitesse folle. Chacune contient un moment, une situation de la vie du bouclé et de les voir bouleverse beaucoup ce dernier. Tout comme lui, nous ressentons le mal, toute la souffrance qu'il a vécue et qu'il continue de s'infliger.

- Angie, crie-t-il en essayant de plonger ses mains dans l'eau.

Nous voyons la dite Angie, ses traits déformés par la drogue. Elle a une grande importance dans sa vie. Nous pouvons même apercevoir des gens, des amis? De la famille peut-être? Lui tourne le dos. La sensation d'échec encore et encore englobe la vie du garçon. De la tristesse, de la déception... Il n'est pas prêt.

Je le vois plonger ses mains dans l'eau à la recherche de la fille. Comme s'il voulait la retenir. Il semble désespéré que ça ne fonctionne pas. Habituellement, cette situation m'aurait fait rire, mais je n'y arrive pas. Je ressens comme... de l'empathie pour lui? Comme cela se peut-il? Je n'ai jamais eu cette sensation pour personne, pourquoi c'est différent pour lui?

L'eau redevient clair. Louis parle le premier.

- Mec, tu as vraiment déconné. Tu as vraiment besoin de toute cette merde? Tu es en train de te tuer à petit feu.

- Je ne sais pas quoi te dire, réponds Harry en haussant les épaules. J'aime avoir mal, parce que quand j'arrive à soulager la douleur, la sensation est encore plus exquise.

Foutaise.

- La sensation ne dure pas. Harry tu te détruis. Ta place n'est pas ici.

Je frissonne de dégoût. Mais qu'est-ce qu'il me prend de lui dire ça? Je devrais l'encourager à rester ici plus tôt.

- Mais qu'est-ce qui m'arrive, je viens vraiment de dire ça, pensai-je à voix haute.

Je suis totalement découragée, je ne sais pas ce qui me prend. Ce n'est pas moi. Du coin de l'oeil, j'aperçois Louis lever les yeux au ciel.

- Ne fais pas attention à Lucy, elle n'est pas habituée d'être gentille. Ton heure n'est pas venue Harry. Tu joues avec le feu, toutes ses drogues, ses substances, qu'est-ce qu'elles t'apportent?, demande-t-il au garçon devant nous.

Il prend une minute, puis lui répond.

- La liberté, plus rien ne m'atteint, je suis bien... Elles me procurent un soulagement immédiat à ma douleur morale. Si je me sens seul, moche, idiot ou simplement comme un raté, il me suffit de geler mes émotions et une barrière se dresse entre mon coeur et ma tête. Et soudainement, je vois la vie en rose. Je peux faire la fête même quand je n'ai plus rien à fêter.

Il semble être convaincu de ce qu'il nous raconte. Pourtant, quand je lis en lui, tout semble contradictoire.

- Ses sentiments sont éphémères, intervient le garçon aux yeux bleus. Tu en as toujours besoin de plus, et encore plus. Et ça te détruit, un jour tu y laisseras ta peau. Pense à ceux qui comptent sur toi et pour toi, c'est ça que tu veux laisser comme souvenir? Mort d'une overdose? C'est de ça que tu veux que les gens se souviennent? Harry était toujours gelé, il était toujours parti dans son monde...

Mort d'une overdose ou par suicide, personnellement, je n'y vois aucun inconvénient. Ni rien de spécial, quand on meurt pourquoi devrait-on se préoccuper de ce que les gens penseront? Tous et chacun auront leurs mots à dire de toute façon, même si la cause du décès est naturelle. J'ai envie de lui dire tout ça, mais comme si je ne contrôlais plus rien, ma bouche s'ouvre et dit des mots que je ne pensais jamais prononcer un jour :

- C'est bientôt Noël, pourquoi tu ne te ferais pas un cadeau de toi à toi? Nous aurons l'occasion de nous revoir pour jouer, mon cher Harry, mais définitivement, ce n'est pas le bon moment, lui dis-je en souriant tristement.

Ses yeux s'éclairent à mes mots et il disparait petit à petit, signe qu'il a compris. Il devrait se reprendre en main à son arrivée sur terre. Intérieurement, c'est ce qu'il souhaite plus que tout au monde, mais l'ascension vers la sobriété sera longue et non sans embûches. Mais j'ai confiance. Il y parviendra.

- C'est si dur que ça d'être gentille avec les gens Lucy?, dit spontanément Louis. Il en avait besoin et on aurait dit que tu aurais préféré passer sous un train plus tôt que de l'encourager. Je pensais que tu aurais pu être une meilleure personne que ça, termine-t-il en me laissant devant la fontaine.

Une drôle de sensation se forme dans mon estomac que je chasse d'un signe de la main. Ce n'est pas vrai que je vais me transformer en petite créature niaise et gentille. J'ai besoin de torturer quelqu'un et vite. Je dois reprendre le contrôle de moi-même, c'est urgent. Je suis en train de me perdre. D'abord, je n'arrive pas à lire dans les pensées de cet humain qui veut me dicter quoi faire dans mon royaume, ensuite, je ne suis plus capable de me téléporter et enfin, je me transforme presque qu'en guimauve devant ce drogué. Et on ose me reprocher que je ne suis pas gentille? Non mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité. Il est mieux de la boucler parce que c'est lui qui se retrouvera au centre de mon prochain jeu.

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Voilà pour le chapitre 4, j'espère que ça vous a plu 😊

Love💜

A. 🎀

DamnationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant