CHAPITRE I

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Il avança lentement jusqu'à la fenêtre ouverte mais barricadée du bateau. Un long et franc soupir accompagna sa contemplation de la mer agitée qui s'afférait sous eux. Il regarda alors ses pieds et imagina l'eau, les vagues, les flots, la marée et tous les trésors vivants qu'elle renfermait. Il adorait la mer. Il aimait la mer. Il était fou de la mer. Comment ne pouvait-on pas être fasciné par un tel ouvrage de création? 

Son corps tout entier chavira en direction du sol en bois lorsqu'une vague plus grosse que les autres heurta le bateau de plein fouet sur le flanc droit. Le jeune marin se tenait la hanche gauche qui avait heurté le sol et remonta urgemment sur le pont.

"Capitaine! Capitaine! Les marchandises se sont brisées mon capitaine!"

L'on se précipita dans la cabine où le matelot était précédemment et, à la vue des caisses en parfait état, n'ayant même pas bougées, le jeune homme se retrouva à ne faire plus qu'un avec sa belle et tendre lorsqu'il fut jeté par-dessous bord d'exaspération.

Il se laissa couler, son corps en demandant toujours plus. Il ouvrit ses yeux qui lui piquèrent et brulèrent bien pendant au moins cinq minutes. Il vit des poissons - de toutes tailles -, des oursins, des algues, du corail,... et un requin. Un requin-marteau qui passa à vingt centimètres de son visage. Son corps en ressentit une joie phénoménale qu'il n'aurait su décrire sans en être vulgaire et grossier. Un cri d'extase lui échappa et il se retrouva remonté en direction de la surface à cause des grosses bulles d'air que cela avait produit. De grands gestes de panique lui firent sortir la tête de l'eau. Ses poumons s'engorgèrent d'oxygène et l'en remercièrent. Mais lui...oh! qu'il était déçu! L'équipage lui jeta une bouée de sauvetage et le fit remonter à bord en clamant les vertus qu'aura cette punition sur un jeune enfant tel que lui.

Il n'était absolument pas du même avis : ils auraient dû le laisser en mer, là où il se sentait le plus à sa place. Le soir-même il partit se coucher dans son lit de camp, comme le reste de l'équipage. Tout le monde le charia sur cette remontrance si bien exécutée et le fait qu'il avait été si déçu de remonter - même s'il pensait à tout autre chose, lui, ne voulait qu'y retourner.  

Il s'endormit le dernier, bien trop occupé à trouver le bon moment de sauter à nouveau. Il ferma les yeux. Tout était noir. Il les rouvrit et le voilà de nouveau en mer. Les poissons, les oursins, le corail,... et le requin! Le voilà! Il cria de joie, des bulles d'air sortirent de sa bouche mais il resta à sa place. Son corps s'enflamma de bonheur. Le requin nagea jusqu'à lui, tourna autour de lui. D'autres créatures marines firent leur apparition. Une baleine à bosse, un dauphin, une raie,... C'était l'apothéose.  

On le secoua dans tous les sens mais pas moyen de le réveiller. Son pouls diminuait à grande vitesse après un pic encore plus affolant. On débarqua dans le premier port en vue, il fut emmené aux urgences. Il mourut sur le lit d'hôpital. Le verdit tomba : noyade sèche.

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⏰ Last updated: Dec 17, 2017 ⏰

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Devant moiWhere stories live. Discover now