Chapitre 38 : Un sixième sens

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Si tes cinq sens te disent que tu ne vas pas réussir dans la vie, imagine-toi un sixième sens.
Mahamat Haroun

Voilà plusieurs heures que moi, Modal, et une grande partie de la résistance marchions dans la forêt en direction inconnue, en tout cas pour ma part, et j'étais épuisée. Le temps de la fête s'était évaporé en un clin d'œil, et il n'était plus l'heure de s'amuser. Mes jambes aimaient la balade, mais la petite balade en forêt sympathique, pas la marche de mise à mort.

- Modal ? S'il te plaît, où allons-nous ? demandais-je la respiration forte.

- Ne t'en fais pas, ça ne sera plus long.

- Ça ne répond pas à ma question, m'énervais-je.

Il s'était immédiatement arrêté dans sa marche et la résistance avec lui. J'avais ressenti un soupçon de peur à ce moment-là. C'est que plusieurs centaines de personnes qui s'arrêtent en même temps et qui tournent leurs visages vers vous est assez impressionnant, surtout quand tu sais qu'ils ont tous ensemble souris à l'idée de t'enlever dans le plus grand des calmes.

- Pourquoi est-ce que tu t'arrêtes ? demandais-je nerveusement à Modal.

- Parce que tu t'énerves, m'avait-il répondu dans une évidence.

- Et alors ? répondais-je curieuse.

- Tu m'as dit avant-hier que tu pouvais te passer de tes émotions selon ce qu'on t'enseignerait, mais s'il ne reste que la colère, tu devras t'attendre au fait que ce soit la haine qui décide de tes plus grandes décisions. Ainsi, quand tu t'énerves, nous nous arrêtons.

- T'es en train de me dire, que si je m'étais énervée plus tôt, on aurait pu éviter de marcher des heures ?!

- Elisa, fais un effort, ce n'est pas ça que tu es censé retenir de cette leçon, me rappelait-il exaspéré.

- Oui oui, si tu veux, j'ai bien retenu là, répondais-je en m'asseyant sur le sol.

- Debout Elisa, m'ordonnait-il.

- Attends, laisse-moi quelques secondes.

- J'ai dit debout.

Je m'étais exécutée, ayant un peu peur des représailles. Ce que j'avais eu du mal à comprendre par la suite, c'est les deux hommes qui s'étaient avancés vers Modal, et le reste de la résistance qui s'était écarté des trois hommes jusqu'à former un cercle, même Mohini avait pris un air grave et inquiet. Une personne dans le cercle du reste de la résistance avait lancé un long bâton à Modal, et ce dernier me l'avait envoyé par la suite. Ma peur grandissait peu à peu, plus j'avais ce bâton entre les mains. En effet, il était facile d'imaginer ce qu'il me réservait.

- Elisa, je te demande d'être extrêmement attentive, commençait Modal. C'est un réel entraînement pour l'énigme. Je vais te dicter quelques mots, et ensuite, ta mission sera de m'affronter, moi, et les deux hommes qui sont à mes côtés.

- Mais, je n'ai aucune expérience dans le combat ! lui signalais-je totalement réticente.

- Aucun n'est fidèle, chacun semble t'aider, te conseiller, mais aucun n'a voué sa vie à la loyauté.

- Excuse-moi, tu peux répéter ?

Évidemment il ne me fit pas ce plaisir, et les trois hommes se rapprochèrent de moi à grand pas. J'essayais de comprendre. Ils ne sont pas fidèles, pas loyaux, mais ils me conseillent.
Je me souviens vaguement de la peur que je ressentais, en voyant les trois hommes m'encercler. Ce n'était rien, rien que de l'angoisse.

- Derrière toi, me disait l'un d'entre eux à voix basse.

Je m'étais retournée face à Modal, sur mes gardes. Seulement il ne bougeait pas d'un poil. Soudainement, une vive douleur m'avait frappé sauvagement le mollet. En me tournant, je vis que c'était celui qui m'avait averti qui m'avait donné un coup.

- Ah ! criait-il agressivement en se mettant en position de combat.

Seulement, un nouveau coup vint m'atteindre vicieusement au flanc, mais il ne venait pas de lui. C'était très douloureux, parce qu'ils n'y allaient pas de main morte.

- À ta gauche ! entendis-je me crier Modal.

Dans un réflexe, je me tournais sur ma gauche, mais reçu un nouveau coup sur ma droite. Je retenais mes cris de douleur, avant de voir un des hommes faire un grand geste dans l'air dans ma direction. Bien évidemment, en voyant son geste plutôt facile à prédire je m'étais tournée vers lui pour me protéger, mais sûrement était-ce trop facile pour être véridique. J'avais reçu un nouveau coup dans le dos qui me fit m'écrouler de force sur le sol. Ma respiration était erratique, j'avais vraiment du mal à me défendre, et ça me paraissait impossible.
Mais c'était logique. Je me relevais précipitamment, et me remettais sur mes gardes. Au fond, j'avais la sensation que peu importe la qualité de ma défense, elle serait toujours désarçonnée par mes ennemis.

- Attention !

Ne voulant pas prendre un nouveau coup, je fis tout le contraire de ce qu'ils m'annonçaient. Malheureusement, à ma plus grande surprise, je reçus un nouveau coup, encore, de là où venait le cri. Je ne trouvais pas quelle était la méthode clé. J'étais très fatiguée, je ressentais chaque hématome qui commençaient à se former sur ma peau. Je transpirais beaucoup, et je tremblais de stress.

- Tu vas encore échouer ? me demandait Modal.

Énervée par son commentaire, je tournais mon visage vers lui, les yeux noircis, mais un coup plus violent que les autres à la tête, noirci cette fois-ci ma vision et ma conscience. La colère allait me couler.

Gardien de lune - Le disque d'or Où les histoires vivent. Découvrez maintenant