Aveux déroutants part-2-

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PDV D'Amanda

Je sors de la voiture encore sonnée par tout ce que je viens d'apprendre en l'espace d'une quinzaine de minutes.

Quinze minutes... quinze petites minutes qui viennent de chambouler toutes mes notions par rapport à l'événement le plus marquant de ma triste vie... celui qui m'a fait devenir celle que je suis aujourd'hui... celui qui m'a rendue dépendante des hommes à vouloir d'une présence masculine à tout prix... celui qui m'a fait croire pendant des années que je n'étais pas assez bien pour LUI... Celui qui a détruit ma confiance en moi et l'estime que j'avais pour ma personne en un claquement de porte lorsqu'il est parti... et celui qui, par conséquent, m'a fait vouloir me prouver que je valais bien quelqu'un, là dehors, et même plusieurs si j'en avais envie... que je pouvais séduire n'importe qui, et au final... c'est EXACTEMENT ce que j'ai fait, j'ai tout bonnement séduit « n'importe qui ».

Je marche lentement vers la porte de ma maison en titubant comme si une lourde boule métallique était enchainée à mes chevilles et m'empêchait d'avancer correctement. Mes jambes se croisent l'une devant l'autre mais n'arrivent pas à trouver leur rythme habituel. Je bascule légèrement de droite à gauche, les yeux rivés dans le vide et les dernières phrases que m'a dites Miss Elizabeth avant que je ne quitte le petit habitacle devenue trop étroit pour fournir assez d'oxygène pour nous deux me trottent encore dans l'esprit :

-« Tout ce que je te demande Aménda, c'est de lui donner une chance de s'exprimer, une seule petite chance de t'expliquer ce qui s'est vraiment passé il y a seize ans. Tu n'as rien à perdre et tout à y gagner, il te suffit juste de l'écouter. Au moins, après, tu pourras décider de ce que tu veux faire en connaissant toute la vérité »

Décider ?? Décider de quoi au juste ? Ma fille est devenue une adulte maintenant, elle va bientôt commencer à tracer son chemin toute seule et c'est là qu'il choisit de débarquer pour m'expliquer « la vérité » ? Bon sang mais qu'ai-je fais au bon dieu pour que ma vie soit aussi compliquée ?!

J'arrive au palier de porte, guidée par toutes ces pensées déstabilisantes qui s'enchaînent dans ma tête, puis sort mes clés de ma poche droite pour la fourrer la serrure et l'ouvrir. C'est alors que j'entends le moteur de la limousine démarrer pour enfin quitter les lieux. Je ne peux m'empêcher d'imaginer les yeux perçants de Miss Elizabeth qui me scrutent par derrière jusqu'à ce que je sois hors de son champ de vision. Un vent de soulagement me transperce les poumons et me libère d'un léger poids lorsque la voiture s'éloigne pour me confirmer qu'elle ne compte pas rester cette fois-ci pour parler aussi à Sarah.

En effet, je suis sortie de la voiture sans même prendre soin de lui dire au revoir. Je voulais juste m'éloigner pour pouvoir souffler, respirer... retrouver un semblant d'oxygène car je commençais à réellement suffoquer là-dedans...

Je n'arrive pas à digérer toutes les informations qu'elle vient de me divulguer à l'affile comme un récit anodin qui lui irritait la gorge et qu'elle voulait verbaliser en masse en m'y exposant pour soulager sa conscience une fois pour toutes.

Mais c'était trop d'un seul coup...

TROP pour une seule journée.... TROP pour une seule personne... TROP pour une seule vie...

J'ai l'impression d'être la victime de la plume d'un scénariste beaucoup trop bourré pour se rendre compte de ce qu'il m'inflige dans son roman... Je n'ai pas la force d'en supporter autant... Mon cœur est fragile, ma tête et surmenée et ma fille est ma seule raison de vivre à présent...

Je referme la porte derrière moi, prenant ainsi conscience que je suis arrivée au creux de ma modeste demeure que je n'ai pas vue depuis un moment. Je m'épargne les quelques instants émouvants des retrouvailles en me dirigeant directement vers les escaliers. Ma tête se met à tourner en m'infligeant une forte migraine à force d'avoir réfléchi et grillé mes neurones. Je pose mes clés sur la petite table basse installée au pied de la rompe et monte les marches une à une pour accéder à la chambre de ma fille sans réellement savoir quoi lui dire pour expliquer ce qui s'est passé...

Ma vie sans luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant