Chapitre 18 : La vérité, toute la vérité

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Moi qui pensais que Kai se doutait de quelque chose, je m'étais royalement trompée.

- Ça va, Kai ?

- Honnêtement, non, pas du tout, finit-il par dire. C'est une caméra cachée ?

- J'aimerais mieux...

- Donc tu es un ange déchu, genre tombé du ciel ?

- Un Archange, même.

- Quoi, comme Raphaël, Gabriel, et tous ceux-là ?

Sa voix montait de plus en plus dans les aigus. Il avait du mal à traiter toutes les informations, et je ne savais pas quoi faire pour le calmer. Je n'aurais jamais dû écouter Priya...

- Oui, c'est ça, répondis-je. Ce sont mes frères. Raphaël, Uriel, Gabriel, Mickaël, Lucifer, tout ça, tout ça...

- Attends, tu viens de dire que Satan est ton...

- Mon frère, oui, en quelque sorte. On n'a pas vraiment de père, génétiquement parlant, comme nous avons été créés à partir de rien, mais...

- Tu connais Satan ?

- Oui, c'est ce que je viens de dire. Il était plutôt sympa avant de descendre en Enfer. Et tu as déjà rencontré Uriel et Mike.

- Ah bon ? lâcha-t-il, abasourdi.

- Le médecin, pour mon dos, c'était mon frère Mickaël, et l'autre qui nous a poursuivi et que tu as blessé, c'est Uriel-le-Taré.

- Tu veux dire que j'ai blessé un Archange ? cria-t-il.

- Tu m'as impressionnée. Si tu savais à quel point il est redoutable...

- Donc je me suis mis un Archange à dos ?

Je ne parvenais pas à savoir ce qui le choquait le plus, finalement : le fait que je sois un Archange, que Lucifer soit mon frère, ou qu'il ait blessé Uriel. Il avait des yeux de merlan frit, et il tournait en rond sur le trottoir.

- Oh, tu sais, il n'aime pas grand monde, tentai-je de le rassurer.

Sa tête sous-entendait que rien de ce que je pourrais dire ne parviendrait à le rassurer.

- Sans toi, je serais morte, avouai-je. Ou, du moins, je serais dans une prison au Paradis en train de me faire torturer. Je te protégerai de lui, quoi qu'il m'en coûte.

Il me remercia d'un hochement de tête et s'écroula sur les pavés, adossé à la façade du magasin de Priya. Il releva les genoux et appuya sa tête dessus. Je m'assis à côté de lui et me laissai aller contre son épaule. Nous avions rarement été si proches. Kai m'avais-t déjà serrée contre lui, mais il y avait toujours une petite distance entre nous, du moins psychologiquement. Il n'y avait désormais plus de secret entre nous.

- Tu peux me raconter pourquoi tu es sur Terre ? Et pourquoi on cherche à te tuer ? m'interrogea Kai. Je suis un peu dépassé...

Je lui déballai tout : le massacre du village que j'avais voulu éviter, ma petite révolte contre papounet, ma Chute, et mes années à voyager. Je lui racontai aussi la rivalité entre notre Créateur et Satan, son fils rebelle, et les conséquences désastreuses de cette querelle séculaire. Je lui parlai également de mon rôle dans ce micmac, du fait que mon frère et mon père voulaient me torturer pour me rallier à eux. Ça faisait un bien fou de tout dire à quelqu'un, de ne plus porter ce secret sur mes seules épaules. Parfois, il me coupait et demandait des explications sur ma condition d'ange déchu, sur ma vie paisible au Paradis, sur mon entente avec mes frères, quand j'étais encore dans les bonnes grâces de Dieu. Il avait du mal à croire qu'Uriel soit un ange et non pas un général de Lucifer, mais quand je lui racontai l'origine des fléaux de ce monde, la Peste noire, les croisades, ou encore l'éradication des Mayas, il ne fut plus étonné. Il croyait en une divinité bonne et miséricordieuse, mais il était très loin du compte. Je ne pouvais dire qui, de Lucifer ou de Dieu, était le plus digne de régner sur les feux de l'Enfer, et Kai était tout à fait de mon avis à la lumière de ce que je venais de lui apprendre. Je voyais bien qu'il était choqué et qu'il risquait de ne jamais vraiment se remettre de ce bouleversement. Et dire que j'avais pensé effacer sa mémoire ! Il ne le méritait absolument pas. Il m'écoutait avec attention, comme un élève boirait les paroles de son professeur, sans partir en courant, alors qu'il en aurait tous les droits. Ses barrières, et les miennes, s'étaient effondrées, et il me laissait voir tout ce qu'il ressentait, l'intérêt, la peur, la colère aussi.

Au bout d'une bonne demi-heure de quasi-monologue, il ne me restait plus qu'une seule chose à lui expliquer : les Déchus rassemblés pour contrer l'Enfer et le Paradis.

- Et donc, j'ai appris que les Déchus ont formé une rébellion, repris-je après une courte pause pour reprendre mon souffle. C'est le seul endroit sûr pour nous pour le moment. Personne n'oserait s'introduire dans un nid de Déchus énervés, pas même Lucifer, Uriel ou Azazel, le démon à mes trousses. Ils n'ont peut-être plus autant de pouvoir qu'avant, mais ils sont redoutables avec une arme correcte en main. Et ils savent parfaitement bien quelles choses font paraitre la mort enviable.

- Tu penses qu'ils pourraient m'aider à capturer Velázquez ? demanda-t-il.

- Si on l'attire dans le nid, oui, ils ne le laisseront pas en liberté, mais ils ne quitteront pas leur cachette pour faire plaisir à un humain, même si je le leur demande. Ils ne prendront pas le risque de révéler leur planque. Le seul problème est que je ne sais absolument pas où ils sont. Je vais devoir faire appel à quelques vieilles connaissances, mais rien ne me dit qu'elles en sauront plus que moi, ou même qu'elles accepteront de me rencontrer.

- À ce point-là ? s'étonna-t-il.

- Ce n'est pas parce qu'on s'est tous détournés de notre Seigneur que nous avons les mêmes opinions. Je veux rester neutre, mais c'est loin d'être le cas de tout le monde.

- Et tu ne peux pas faire appel à Mike ? Mon Dieu, c'est tellement bizarre qu'un Archange porte un nom si... banal !

- Je ne le contacterai qu'en dernier recours. Uriel ne doit pas le lâcher d'une semelle depuis l'incident de mon dos. Et bon, il n'approuve pas le fait que je voyage avec toi.

- Ah bon ?!

- Il pense que je devrais te laisser crever aux mains du démon de Velázquez, et me cacher, mais ce n'est pas mon genre. J'ai horreur qu'on me dise ce que je dois faire.

Il éclata de rire et se serra contre moi. Nous ne dîmes plus rien pendant quelques minutes, savourant la présence de l'un de l'autre. Je pensais réellement que cette discussion nous éloignerait, mais Priya avait raison, Kai était plus courageux que ça. Un peu inconscient, mais courageux.

- Je veux la peau de Velázquez, murmura-t-il après un long silence.

- Tu n'es pas préparé pour ça... arguai-je. Il va te démembrer un claquement de doigt !

- Tu as dit que tu m'apprendrais à me battre !

- Oui, mais ce n'est pas parce que tu sais manier une épée que tu fais le poids face à un démon ! Tu as trop de choses à apprendre en trop peu de temps.

- Je convaincrai Priya de t'aider à me former, et je ne partirai pas avant que tu sois satisfaite du plan pour le faire retourner dans les feux de l'Enfer. Marché conclu ?

Il voulait vraiment se faire tuer. D'un côté, j'étais sa meilleure chance de survie, et Priya pourrait peut-être m'aider à le dissuader, mais le connaissant, il n'en démordrait pas. J'avais le choix entre le laisser se tuer, ou probablement le faire tuer. Avec un peu de chance, je parviendrais à le mettre à l'abri avant qu'il ne se lance dans sa quête suicidaire.

- Marché conclu, soupirai-je.

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Bonjour tout le monde, j'espère que votre semaine s'est bien passée ! Alors, est-ce que ce chapitre vous a plu ? :) n'hésitez surtout pas à me dire ce que vous auriez aimé voir, ou si c'était bien comme ça ! Je veux vraiment m'améliorer afin d'envoyer cette histoire à une maison d'édition, plus tard :)

Comme chaque semaine, votez, commentez, partagez et parlez autour de vous de La mort à portée d'ailes ! :) 

Je n'ai rien de particulier à vous annoncer cette semaine, alors bonne journée ! :)

La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora