Cela faisait quatre jours. Quatre jours qu'il pleuvait sans relâche. Les rues de Londres disparaissaient derrière l'épais rideau gris. Ça ne me dérangeait pas. Le bruit de la pluie m'avait toujours parue doux et agréable. Je trouvais beau toutes ces choses qui, à la moindre petite étincelle de lumière, se mettaient à briller. Cette mer de parapluies multicolores qui se bousculent en contre bas dans la rue, cette odeur de feu de cheminé partout dans la ville, c'est...Oui, il n'y a pas à dire, j'aime la pluie.
- Grand-père !
Je quittais mon fauteuil, posais ma pipe et me rendit tant bien que mal dans la chambre de Lola.
- Dis, grand-père... si tu étais un avion, tu irais où?
Lola, du haut de ses sept ans, était une enfant merveilleuse. Avide de savoir et de découvertes. Un jour elle était une grande astrophysicienne, le lendemain , une aventurière à la recherche de temples maya. Oui, décidément, le goût de l'aventure était aussi fort pour Lola que mon amour pour la pluie.
- J'irais partout! Du Nord au Sud, d'Est en Ouest, je parcourrais le monde!
Lola se mit à sauter sur le lit en faisant l'avion.
- Viens Lola, je vais te montrer quelque chose.
Je montais une à une les marches du greniers, Lola sur les talons. Le greniers était sa pièce préférée. Elle aimait par dessus tout que je lui montre mes trésors. Je me souviens d'un jours où elle et moi étions restés des heures à regarder les coquillages de Madagascar. Je me souvient de son air ahurie lorsque je lui avait expliqué que le bocal qu'elle tenait entre ses mains contenait du sable tout droit venue d'Orient.
Elle était alors devenue, les jours suivants, une archéologue de renom découvrant des cités entières enfouies sous le sable.
- Regardes Lola...regardes comme c'est beau...
Lola s'approcha doucement, l'air curieux, et je tirais d'un coup sec sur le drap recouvrant la MapMonde. Je l'observais, me souvenant du jour où, enfant, je l'avais trouvé dans le vide greniers de notre rue, qui était organisé chaque année à l'occasion du grand nettoyage de printemps. Je me souviens avoir prix toute les piécettes de ma tirelire. Je me souviens du vieux Monsieur Smith qui me l'a offert en voyant l'enfant fasciné que j'étais devant cette exacte réplique de notre terre.
Je regardais Lola.
Malgré son jeune âge, elle était parfois plus grande que les adultes eux-mêmes. Elle regardait le globe, tout aussi fascinée que je le fus a son âge.
Sans quitter la merveille des yeux, elle me demanda:
- Dit, grand-père... Comment il fait le monde? Comment il fait pour être aussi petit et en même temps si immense?
Je réfléchis sérieusement à ma réponse. Je savais que Lola, de sa façon particulière de voir les choses et de son intelligence d'enfant, n'attendait pas une réponse d'adulte comportant la taille de la terre, 510 067 420 km2, ou le poids du soleil, 1,9891x1030 kg.
Non, ce n'était pas une réponse comme ça que voulait Lola. Alors je m'efforçais de réfléchir.
- Je pense, Lola, que montre planète n'est pas grande. Une poussière dans l'univers.
Lola tourna brusquement la tête vers moi, surprise. Je repris.
- Mais que notre monde, lui, est sans limite.
Elle sembla comprendre, puisqu'elle se retourna vers la MapMonde, reprenant son examination. Je ne sais pas pourquoi, peut-être pour moi, mais je repris mon explication.
- La taille de notre monde ne dépend pas des dimensions de la terre. Comprends-tu la différence? Notre monde est immense car je peux prendre l'avion et en quelques heures me retrouver dans un endroit complètement nouveau. D'autre gens, d'autres coutumes. Notre monde. As-tu compris?
Lola sourit, satisfaite de ma réponse. Elle se tourna vers moi, semblant heureuse.
- Alors, grand-père, j'aimerais explorer un endroit nouveau.
je souris doucement.
- Dit, Lola... Où veux-tu aller?
Elle pointa du doigt, par la fenêtre, le gros nuage gris qui s'éloignait doucement.
- Et si on commençait par rejoindre la pluie ?
Oui, j'aime vraiment la pluie.
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Lola
Short StoryDis, grand-père... Une petite fille rêve de voyages aux cotés de son grand-père...