- Halte-là ! Qui va là ?
Ah ! C'est toi. Enfin te voilà
Viens te poser auprès du feu
Depuis quelques temps, tu parles si peu
Les derniers jours ont été plus que difficiles
Faire usage de son arme n'est pas chose facile
Ne me raconte pas d'histoire
Je connais ce terrifiant territoire
Dis-moi ce qui ne va pas
Nous marchons d'un même pas
A la vie, il faut que tu t'accroches
Tu seras bientôt auprès de tes proches
Plus tard, tu retrouveras la paix
A nous, cela est agrippé
Impossible de s'en défaire
Se déplacer au coeur de l'enfer
Je sais combien cela est douloureux au quotidien
De certaines visions, nous sommes les gardiens
Tout devient difficile, même dialoguer
Ressentir la peur d'être catalogué
Nos paroles proviennent
De blessures tragédiennes
Jusque-là, je ne pensais pas pouvoir tenir
Moi qui croyais ne jamais en revenir
Nous savons que dans nos veines
L'amour qui circule, apaise nos peines
Elle s'est évaporée notre innocence
Témoigner devient une reconnaissance
Regarde ! Ouvre grand tes yeux
Tu es en sécurité en ces lieux
On garde des recueillements intérieurs
De certaines opérations extérieures
Nous sommes souvent très mal
Le retour est souvent brutal
On ne supporte pas le moindre bruit
Le calme est nôtre plus sûr abri
Envahis par une sensation d'inachevée
Ces cadavres, des visages, restent gravés
Tu supportes mal certaines odeurs
Tu angoisses le retour d'un rôdeur
Dans la société, on évolue en mode prudence
De certaines personnes, on garde nos distances
De cette horreur, nous sommes des détenus
Pour sauver des vies, nous sommes intervenus
Comment raconter nos terrifiantes nuits
Ces reviviscences nous causent tant d'ennuis
Dans nos flashs, il y a tant de cadavres
La paix, ici avait perdu son havre
Comment parler de ces territoires
Des pays devenus des mouroirs
Les hommes en ont fait des ossuaires
La mort... Impossible de s'en extraire
Qui a planté la haine ? Cette mauvaise herbe
Douloureuses visions qui donnent la gerbe
Comment raconter nos vilaines migraines
D'atroces souffrances qui gangrènent
Les pires maux de tête, ceux des enfants
Qui ont vu, de leurs propres yeux, mourir leurs parents
Une mère allongée aux côtés d'un petit corps
Celui de sa fille qui ne demandait qu'à vivre encore
Un homme agenouillé en tenant les mains
De son épouse blessée. Il sera sans demain
Comment expliquer nos pleurs, nos larmes ?
Comme un goutte à goutte, tombaient sur notre arme
Impossible de ranger cela dans un coin
Pour ça... Pas de cachette, pas le moindre recoin
Sans parler des cris, des appels aux secours
Tels des fantômes, après nous ils courent
Une main qui t'attrape, toi qui ne voulait y retourner
Cet enfer hante nos nuits, on ne fait que tourner
De ces conflits, on ne peut s'en arracher
Dans notre sommeil, on se fait flasher
Comment ne pas cogiter ?
Comment ne pas s'agiter ?
Tu comprends ! Tu n'as pas le choix, tu dois te lever
A pas d'heure, tu poses tes maux jusqu'à être achevé
Aujourd'hui, tu as le résultat de ton autopsie
Tu dois suivre une thérapie, être suivi par un psy
Tu ne dois pas te taire
Même genoux à terre
Ton coeur saigne, les yeux en larmes
Ton état est normal... C'est un 'Retour de flamme'
