COUP DU SORT TOME 1

PARTIE. 13

En pleurs, elle accourue exécuter. Les jours qui suivit-elle n’adressa plus la parole à son mari. Talla se sentait mal d’avoir agi ainsi mais cela constituait un mal nécessaire………
Un nuage sombre surplombait au-dessus de la famille Diop. Au sein du quartier les gens ne parlaient que de la cohabitation de Badiène et de ses belles filles. Il y avait dans le quartier une dame au nom Yakar, la laobé du quartier. Sa maison était le lieu de rassemblement, des femmes pour faire des commérages. Yakar, mariée à un immigré en Espagne n’avait jamais eu d’enfant. Elle se disait la mère de ces femmes qui squattaient chez elle à qui elle fournissait conseils pour leur ménage. Conseils qui étaient la plupart du temps néfastes, conseils qui n’étaient que maraboutage, discorde, mensonge, hypocrisie….
Yakar telle une parasite, vivait aux dépends de ses soit disant amies. Comme à la roulette, elle choisissait au hasard chez qui mangeait ou bien commandait même le plat qu’elle voulait : plat qui était livré chez elle.
Elle avait tout fait pour se lier d’amitié à Badiène, mais cette dernière ne lui en donna jamais l’occasion. Un jour du vivant de tonton Omar, l’odeur du  « soupou Kandia »  (sauce gombo à l’huile de palme)  que cuisinait Badiène, lui titillant les narines, Yakar venue toquait à la porte des Diop. 
_ Wa sokhna Cathy no deff (Cathy comment tu vas) Salua-t-elle Badiène
_ Je vais bien et toi ?
_ Tu sais que mes djinns me fatiguent souvent. J’étais tranquillement assise dans la rue quand l’odeur d’huile de palme me parvenue. Alors je me suis permise de venir te demander si tu n’as pas préparé du soupe Kandia par hasard ?
_ Non pas du tout je n’ai rien préparé à l’huile de palme aujourd’hui
_ Ah bon alors je vais voir les autres maisons désolé de t’avoir déranger
_ Ce n’est pas grave !
Comme elle ne pouvait utiliser Badiène comme une porte pour tout connaitre de sa famille, elle se ligua d’amitié avec Fily.
Bien sûre avant que Fily ne devienne la femme de Bouba, elle était la première à définir Fily de pute avec ses acolytes. Mais la voilà désormais qui la compte dans son lot. Depuis le mariage de Cathy et Talla, Yakar ne cessait de surveiller Fily. Et un soir alors que cette dernière revenait de chez ses parents, elle l’accosta :
_ Excuse-moi Fily !
_ Ah tante Yakar comment vas-tu ?
_ Je vais bien c’est à toi que je dois demander ton état
_ Mon état ? Demanda Fily un peu étonnée
_ Oui Fily tu sais bien que j’utilise les cauris je n’ai pas besoin de mes dons de voyances pour voir que tu as des problèmes
_ Qui vous dit que j’ai des problèmes ?
_ Ici rien ne peut se cacher … Ta belle-sœur depuis qu’elle est mariée, nous ne l’avons jamais vu aller au marché et plein d’autres choses.
_ C’est vrai c’est moi qui fait la cuisine ….
_ Mais ce n’est pas normal s’offusqua-t-elle. Elle est une épouse au même titre que toi ……..
_ Hi ta Yakar ndakh gua sagne ko wakh (Toi au moins tu oses le dire ta Yakar)
_ La rue n’est pas un lieu pour parler de ce genre de chose, viens chez moi et nous en discuterons. Dit-elle joyeuse que Fily ait mordu à son hameçon.
Et depuis ce jour chaque soir sur trois, Fily allait à leur fameux séances de thé qui avait chaque jour chez Yakar de 15 h à 17h. Ce premier jour, ou elle y mit les pieds,  pour la mettre en confiance, les compères de la propriétaire des lieux lui racontèrent leurs histoires et l’aide que Yakar leur apporta. Au tour de Fily venu, telle une cassette sous Play elle déversa toute sa bile se faisant passer pour la victime.
_ Ma belle-mère m’a toujours démontré qu’elle me déteste avant même que son fils ne m’épouse. Elle a tout fait pour que son fils ne m’épouse jamais. Maraboutage, chantage et j’en passe….
: Ah non ça je ne peux y croire Badiène Cathy n’est pas ce genre. S’exclama une des femmes
Fily : Mariétou, ma belle-mère est une parfaite hypocrite. Si en dehors elle se fait passer pour un ange, à la maison c’est le démon incarné.
: Mariétou il faut se méfier du genre de Badiène
Mariétou : Ah Sokho c’est juste que ça me surprend. Sa belle-mère personne ne sait rien d’elle. C’est l’une des mamans du quartier la plus calme, posée et gentille. Elle reste tout le temps chez elle et ne se mêle jamais des problèmes d’autrui.
Yakar : Seule Fily la connait, elle qui habite avec elle
Fily : Moi elle me hait de tel sorte que sa haine la pousse même à détester mes enfants. C’est moi qui cuisine, fais le marché, le ménage, le linge ……..
Mariétou : Mais il parait qu’elle a une autre belle fille
Fily : Oui elle a tout fait pour que Talla épouse sa nièce
Mariétou : Sa nièce Cathy ?
Fily : Oui tu ne savais pas
Mariétou : Non j’étais chez parents depuis deux mois j’avais un problème avec mon mari. Mais ce Talla je ne le connais pas.
Yakar : C’est vrai je ne fais que l’apercevoir je croyais que ta belle-mère avait que trois fils
Fily : Non il était en Angleterre c’est pour cela que vous ne le connaissez pas ….
Yakar : Donc Cathy ne fais rien c’est toi la boniche de la maison ?
Fily : Que puis-je y faire ? Cathy est sa préférée, elle est de son sang et c’est la femme de son chouchou …….
Sokho : Elle fait même du favoritisme au sein de ses enfants ?
Fily : Bien sûr Talla est son favori parce que c’est le plus aisé financièrement, et c’est celui qui exécute le moindre désir de sa mère….
Yakar : Tu es dans de beaux draps le sais-tu ?  Et ton mari qu’en dit-il ?
Fily : A chaque fois que j’essaye de lui faire entendre raison, je me retrouve avec le rôle de la méchante. D’après lui je vois des problèmes là où il y’en a pas.
Yakar : Lors du mariage j’ai entendu dire que Talla avait offert une voiture à sa femme.
Fily : C’est vrai…
Yakar : Tu vois un homme change après le mariage, montre le vrai visage de Cathy à ton mari. Au lieu d’aider ton frère qui est l’ainé qui s’occupe de la maison, il offre une voiture à sa femme.
Fily : Tu vois Bouba est fatigué depuis que leur père est mort c’est lui qui prend en charge la maison
Mariétou : Que Talla prenne ses responsabilités aussi…
Yakar : Fais voir cet aspect à ton mari.
Fily : Il considère Cathy comme sa sœur  …
Yakar : Si tu n’agis pas cette Cathy te mettra dehors. Elle n’est pas meilleure que toi. Vous êtes au même pied d’escale alors bat toi pour tes droits. Et ton mari te soutiendra forcément…..
Fily : Comment ?
Yakar : Il faut combattre le mal à la racine ? Ça veut dire ta belle-mère car si Cathy a autant de pouvoirs c’est grâce à elle. Et si tu l’as mets hors-jeu tu pourras t’en prendre à sa nièce et faire tout ce qui plaira…
Fily : La mettre hors-jeu comment ? 
Yakar : Sokho explique lui
Sokho : hey à chaque fois que tu te retrouveras seule avec ta belle-mère mène lui la vie dure et fais toi passer pour une victime devant les autres. Accuse la de te battre et t’insulter tout ce que tu voudras ainsi ton mari s’en prendra à elle. Résultat elle te le laissera tranquillement ou aura peur de toi.
Fily : Je ni avais jamais pensé en plus Bouba m’a une fois promis que le jour il verra que j’ai raison il me soutiendra
Yakar : Alors la balle est dans ton camp.
Si l’expression le diable s’habille souvent en Prada a vu le jour c’était sans doute pour Yakar. Dans ses habilles classes digne d’une vraie drianké, sous sa fausse amabilité se cachait le diable en personne.
Ah Yakar ! En y repensant nous connaissons tous une Yakar soit dans notre quartier ou même dès fois au sein de la famille et bien sûr dans famille je sous entends aussi belle famille. Une femme qui nous apparait comme une épaule sur lequel s’appuyait alors qu’en réalité elle annihile  tout équilibre dans votre ménage. 
Depuis qu’elle fréquentait celle qui était sa seconde mère, Fily changea radicalement. Elle devenue plus fourbe, plus belliqueuse sans s’en cacher ……
En compagnie de Dior, Badiène du aller quelques jours dans le sud du pays. Et pour cette occasion, mère Fama venue passer quelques jours avec ses petits-fils jusqu’au retour de leur mère. En son absence, Badiène laissa la dépense quotidienne au soin de Bouba. Mère Fama ne mangeant pas du sel le soir à cause de sa tension, Fily la nouvelle maitresse de maison n’en fit pas office. Depuis trois jours, mère Fama était obligée de dormir le ventre vide.
Comme chaque matin, en amenant sa femme à l’école, Talla passait prendre des bénédictions de sa grand-mère qui se levait toujours la première. La place habituelle ou le trouvait son petit-fils étant vide, ce dernier dit à Cathy d’aller voir dans sa chambre.
Sur son lit, elle gardait les yeux mis clos suffocante.
_ Mame (grand-mère)  qu’y a-t-il ? Demanda Cathy en lui touchant le front
_ Je ne me sens pas bien du tout, je n’arrive pas à me lever j’ai la tête qui tourne ……
Sans attendre son reste, Cathy alla appeler son mari. Vu l’état de sa grand-mère, il n’eut autre choix que de l’emmener immédiatement à l’hôpital avec sa femme.
Pour Talla l’auscultation du médecin dura une éternité. Il avait peur, cette femme qui était aux soins de médecins, était très important à ses yeux. Mère Fama n’était pas seulement leur grand-mère, c’était le plier même de leur famille.
A son énième va et vient, Cathy qui le regardait depuis le début, partit le prendre par la main pour le faire assoir. Jamais elle n’avait vu Talla aussi anxieux, lui qui avait toujours un self contrôle inébranlable.
_ Talla calme toi …. Furent les premiers mots qui sortirent de sa bouche
_ On ne supportera pas de la perdre …..
_ Chut on ne va pas la perdre elle est juste malade, elle guérira
_ Je ne sais même pas  si je dois avertir ma mère ou oncle Talla…. Que vais-je leur dire ?
_ Talla regarde-moi dit Cathy en lui soulevant le menton le forçant à la regarder droit dans les yeux…
_ Attendons le médecin et après on verra
_ Cathy ……. Je
_ Tout ira bien ai confiance…. 
Une trentaine de minutes après le médecin les appela dans la chambre de mère Fama qui était sous perfusion.
_ Mame comment te sens tu ? S’enquit son petit fils 
_ Votre grand-mère va bien. Elle a été chanceuse d’arriver à temps
Talla : Qu’est-ce qu’elle a ? Pourtant hier elle se portait comme un charme
Docteur : Votre grand-mère est sous-alimentée. Et la sous-alimentation pour une diabétique peut être fatale. 
Talla : Je ne comprends pas pourtant Cathy toi qui est tout le temps à la maison …..
Cathy : Tu devrais demander cela à Fily car je passe mes journées à l’école
Docteur : Veuillez à ce qu’elle s’alimente bien d’une nourriture saine
Talla : J’y veillerai docteur merci beaucoup
Docteur : Une fois cette perfusion terminée, vous pourrez la ramener, elle manquait d’eau.
Talla : Docteur pourrais-je vous parler ?
Docteur : Bien sûr allons dans mon bureau
Cathy qui regardait tristement mère Fama se vu réconforter par celle-ci.
_ Je vais bien …. Vous n’avez pas à vous inquiéter
_ Mame vous nous avez faits peur surtout à Talla ….
_ Ton mari a toujours été protecteur envers ceux qu’il aime. Il ne supporte pas de les voir souffrir…. Attend de te retrouver enceinte tu verras par toi-même …
A cette allusion, Cathy sourit pour baisser les yeux. Cela n’arrivera jamais se dit-elle.
_ N’est-ce pas déjà le cas ……..
_ Ah non Mame c’est encore tôt
_ Tôt déjà deux mois de mariage à l’heure qu’il est tu devais trainer un petit ventre. Dépêchez-vous j’ai envie de voir mes arrières petits-enfants……
_ Inchallah en plus tu en as déjà  deux Manse et Thierno
_  Je parle de petits enfants de mon sang……
Cathy ayant compris se tu. Manse qui avait 7ans et Thierno 4 ans étaient les portraits crachés de leur mère, ils ne ressemblaient en rien à la famille Diop. Tous les deux étaient de teint noir mais le petit était plus noir que le grand. Et aussi le petit était plus beau que Manse.
_ Mame pourquoi ne t’alimentes tu pas ?
_ Ha ma fille, à cause de ma tension artérielle on m’a évité de mangé du sel le soir. Mais comme vous ne mangez que saler chez vous, depuis mon arrivée je ne prends pas le diner…
_ Quoi mais je ne l’ai jamais su ….
_ Pourtant j’en ai parlé à Fily…..
: Cathy tu peux venir s’il te plait ? L’appela Talla pour le rejoindre dehors
_ Oui
_ J’ai parlé au médecin et il m’a cité les meilleurs aliments pour mamie je vais aller faire les courses après je dirai à Fily…
_ Non Talla. Puis elle lui révéla les dires de sa grand-mère
_ Comment Fily a pu faire pareil chose ?  S’il te plait je sais que c’est trop te demander mais je veux que tu restes à la maison t’occuper de mamie le temps que maman revienne….
_ Tu n’avais pas à me le demander.
_ Ok tu cuisineras pour elle. Termina Talla en déposant un bisou à son front.
Elle ne dit rien prise de honte d’avouer à son mari qu’elle ne savait rien à la cuisine. Après les avoir déposé à la maison, Talla sortit faire les courses.
_ Mame je te laisse te reposer en attendant de faire ton petit déjeuner
_ Et tes cours ?
_ Ce n’est pas grave, je me rattraperai…
En cuisine Cathy fit la seule chose qu’elle faisait de mieux : des œufs.
: J’en veux, j’en veux ne cessa de crier Thierno
_ Cathy que se passe-t-il pour que tu sois en cuisine ? Demanda Fily
_ Je prépare le déjeuner de mère Fama
_ Ah cette vieille je ne l’ai pas vu de la matinée, fais en pour mon fils aussi
_ Je lui en ferai après Mame doit manger….
Connaissant déjà la réplique de sa belle-sœur  Cathy ne s’attarda pas. ....

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