Chapitre 23 :

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Cela faisait des heures que nous cherchions un remède à cette molécule. Nous étions chacun de notre côté, à aider comme on pouvait. Nevra, et moi n'étions absolument pas des experts en la matière, et laissions Eweleïn et Ezarel travailler sur le vaccin. Nous nous contentions d'aider les patients de l'infirmerie, en leur donnant de la nourriture ou en s'assurant qu'ils ne manquaient de rien.

Nevra avait préparé une infusion pour réchauffer les cœurs de chacun, en ces moments difficiles. Il fit le tour de l'infirmerie avec la théière tandis que j'amène une tasse à Eweleïn, qui me remercie chaleureusement, avant de me diriger vers Ezarel. Voyant qu'il était concentré, je suis arrivée tranquillement en lui caressant les épaules, pour ne pas lui faire peur. En me voyant, il s'installe au fond de sa chaise, place ses mains sur son visage et lâche un long soupir.

Ezarel : J'ai l'impression de tourner en rond.

Je tire une chaise à côtés de lui, sentant bien qu'il avait besoin d'une pause.

Moi : Tu vas y arriver Ezarel ...

Ezarel : J'ai l'impression que plus j'avance dans mes recherches, plus je fais du sur place.

Moi : Il faudrait que tu fasses un break deux minutes. C'est quand tu as le nez sur ton travail que tu passe à côté de la solution. Tu dois prendre un peu de recule. 

Il ne répond rien pendant quelque seconde, puis me regarde et me sers un magnifique sourire.

Ezarel : Je crois que t'as fini par être super intelligente avec le temps !

Moi : Très drôle !

Ezarel : Intelligente je ne sais pas, mais de bon conseil en tout cas c'est sur.

Il me sourit, et s'approche de moi pour m'embrasser. Il n'est pas le genre de personne qui montre facilement ses sentiments, alors ce genre de gestes me touchent beaucoup venant de lui.

Eweleïn : Nevra et moi allons faire la garde cette nuit. Il faut qu'on ait toute nos ressources cérébrales, donc allez dormir tous les deux, et revenez nous en forme demain matin.

Moi : Eweleïn a raison, on devrait aller se reposer quelques heures Ezarel...

Ezarel : Je ne suis pas trop pour, mais si je ne vais pas dormir tout de suite, je vais m'endormir sur mon bureau.

Moi : On vous rejoindra demain à 7 heures. Bon courage !

Ezarel : Appelez nous au moindre problème. 

Ezarel souhaite également bon courage à Eweleïn et Nevra, avant de me rejoindre en direction de ma chambre. Une fois entrés, je m'étale de tout mon long sur le lit, épuisée. Ezarel met du temps à me rejoindre, et s'assoit sur le rebord du lit, silencieux, fixant un point imaginaire sur le mur en face.

Moi : Ez', tout vas bien ?

Ezarel : Et si je ne trouvais pas le remède ?

Je pouvais sentir tout la peur et la frustration qu'il ressentait, comme s'il s'agissait de mes propres sentiments. Je m'approche par derrière, pour l'enlacer par les épaules, afin de le rassurer.

Moi : Tu trouveras un remède Ezarel, et tu sais pourquoi ? Parce que tu es le meilleur Alchémiste d'Eldarya, c'est pour ça que tu es gardes. Tu y arriveras parce que tu es fort, et que je sais que tu n'abandonneras pas tant que tu n'auras pas sauvé tout le monde.

Ezarel : Je n'ai jamais sauvé personne, pourquoi ça serait différent aujourd'hui ?

Moi : Regarde-moi Ezarel !

Je le force à se retourner pour me regarder dans les yeux.

Moi : Je ne veux plus jamais t'entendre dire ça ! Tu as sauvé Eweleïn, et bien plus de personnes. Nevra m'a dit que tu serais prêt à donner ta vie pour sauvé quelqu'un. Ca prouve que tu es quelqu'un d'admirable ! Tu ne pourras jamais sauver tout le monde Ezarel, jamais ! Parce que tu n'es pas un dieu. Des gens meurent tous les jours malheureusement, mais ce n'est en aucun cas de ta faute. 

Je le vois baisser la tête quelques seconde, ma main toujours contre sa joue, il relève les yeux dans les miens. Brillant d'inquiétude, et ça me ronge de l'intérieur de ne pas pouvoir le réconforter. 

Ezarel : Une chose est sur aujourd'hui... Je mourrai si jamais je n'arrivais pas à te sauver toi. J'ai perdu trop de gens importants dans ma vie, mais toi ... Je ne m'en remettrai pas.

Moi : Ezarel ...

Je reste bouche-bé face à cette déclaration, c'était si soudain, si douloureux.

Pourquoi douloureux ? Pourquoi est ce que ces paroles me faisaient mal dans la poitrine ? Je sentais la tristesse et l'angoisse que pouvait ressentir Ezarel, je ne pouvais expliquer comment. Une larme roule le long de ma joue, sans que je ne puisse la contrôler, et Ezarel la rattrape avec son doigt. J'en profite pour le prendre dans mes bras, et l'enlacer comme si ma vie en dépendait. Je lui chuchote au creux de son cou :  

Moi : Tu ne me perdras pas Ezarel, et je ne t'abandonnerai jamais.

Ezarel : Trop de gens m'ont quitté, ils m'ont abandonné et laissé seul ici. J'ai besoin de toi, tu n'imagines pas à quel point ! J'ai peur, ça me terrifie parce que je n'ai jamais tenu à quelqu'un à ce point, l'idée de perdre la seule personne qui depuis que je suis né, me fait connaitre le sens du mot « Amour », me terrifie à chaque seconde de ma vie.

Moi : Une chose est sur Ezarel ! Je ne t'abandonnerai jamais ! Jamais ! Toi et moi, on se battra ensemble ou rien.

Les yeux remplis d'inquiétude, il prend mon visage entre ses mains et dépose délicatement ses lèvres sur les miennes. Ce goût familier, rassurant et apaisant à la fois, était la chose dont nous avions le plus besoin à cet instant.

Nous nous sommes allongés, l'un contre l'autre, les pensées tournées vers notre journée de demain qui allait être chargée et éprouvante. Blottie dans les bras d'Ezarel, je me laisse doucement tomber dans le sommeil, bercée par les battements lents et réguliers de son cœur.

Demain est un autre jour. 

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