Mardi 19/01/2016
Ma mère déboule dans ma chambre, un papier dans les mains.
— Qu'est-ce que t'as encore foutu ?! C'est quoi cette histoire ?!
Je lâche ma console et pars fermer la porte. Qu'est-ce qu'elle me veut encore ? Elle va faire gueuler les voisins. Je rêve...
— Quoi ?!
Je pose mes fesses sur le lit.
— Quoi, quoi ? T'as besoin que je t'explique ou tu devines tout seul ?
Putain...
— Tessa Verdier, ça te dit quelque chose ? Tu lui as fait quoi à cette fille ?!
— Fous-moi la paix, chui occupé !
— Ah oui, et à quoi ?! À part t'enfermer dans ta chambre et emmerder les gens au lycée, tu fais pas grand-chose de tes journées, à ce que je sache ! En primaire, tu commençais déjà à te faire remarquer. Puis il y a eu la fille l'an dernier, et maintenant Tessa ? T'as dix-neuf ans, je te rappelle ! Tu cherches quoi ? À finir en taule avant tes vingt ans ? Laisse-moi te dire que t'es bien parti ! Alors maintenant, tu te bouges ! Dans dix secondes, je veux te voir au salon, on doit avoir une sérieuse discussion avec Didier. Magne. Que je revienne pas te chercher.
Allez ! C'est reparti. Et elle croit avoir de l'autorité ? Non, mais quelle blague !
— Maxence ! commence à hurler l'autre con.
— J'arrive !!!
Je claque la porte derrière moi.
— Il a rien à foutre là, le microbe.
Ma mère soupire.
— Assieds-toi.
— J'dirai rien tant qu'il est là.
Elle capitule. Un point pour moi.
— Bon, Thibault, monte dans ta chambre...
— Mais j'ai rien fait, moi !
— Tu montes et c'est tout !
Deux, zéro.
— Bon, explique maintenant, reprend-elle une fois qu'il est sorti.
— Quoi ? Y'a rien à expliquer.
Mon beau-père se lève d'un coup et se poste juste devant moi.
— Ne commence pas à jouer à ça avec nous, Maxence. Je peux être encore plus con que toi, crois-moi ! Tu risques d'être déçu.
— T'as répété ton texte ?! T'as peur que tes cinquante-cinq balais te fassent perdre la mémoire ?
Il se rassied, les poings sur les cuisses. Combien ça fait maintenant ? Trois, zéro ?
— Laurence, ton fils est irrécupérable. Deux fois en moins d'un an, bravo !
— Je comprendrai jamais...
— Vous avez fini ?
Ils braquent tous les deux leur regard sur moi.
— Bordel, mais t'as quel âge pour être aussi puéril ?!
— Il serait peut-être temps de grandir un peu, mon gars !
Mais bien sûr. Et tromper son mari pour le foutre ensuite à la porte, ça s'appelle comment, ça ?! Et ce vieux croûton de Didier qui débarque et me force à lui obéir, c'est quoi ça, c'est normal ? Quelle bande de... Sans parler de Thibault, le têtard de onze ans qui ne sert à rien et qui barbote dans la maison sans savoir ce qu'il fout là. De la glu pour me rattacher à ce pauvre con de Didier, voilà tout ce qu'il est ! Pathétique. Ils continuent de m'engueuler... Et ça recommence ! « Tu vas te faire convoquer, les parents risquent de porter plainte ! », « Tu te rends compte que ça peut aller très loin cette histoire ? », « Et en plus, ça te fait rire ?! »
Entre deux envies dévorantes d'envoyer Didier au tapis, ouais, j'avoue que ça me fait rire.
— Raconte. Tu lui as fait quoi à Tessa ?
Ma mère baisse le ton. Elle cherche quoi là, à m'attendrir ? Qu'elle retourne avec mon père... là, on en reparlera.
— J'ai rien à t'dire. T'as fini ?
— Bien sûr que non, j'ai pas fini, tu... mais tu fais quoi, là ?! Reviens ici tout de suite ! Je te signale que t'es convoqué pour un conseil de discipline mardi 26 janvier ! Dans trois jours !
— J'irai pas.
— Oh que si tu iras ! Reviens ici !!
Je stoppe mon pied alors qu'il appuie déjà sur la première marche des escaliers.
— Autre chose ?
— T'as plutôt intérêt à ce qu'on découvre pas quelque chose d'aussi horrible que ce que la lettre nous laisse imaginer, Maxence ! Sinon tu risques de passer un sale quart d'heure. T'es prévenu !
— Super, je vais noter ça sur un post-it.
— Me parle pas comme ça, Maxence, attention !
— Bien reçu.
— Maxence, tu ferais mieux de te la fermer, là !
— Va me falloir plus de post-it.
— Arrête, tu...
Je claque violemment la porte de ma chambre. Qu'est-ce qu'ils croient, que je vais rappliquer comme un vieux chien docile ? Ils perdent leur temps.
Je n'ai plus rien à leur prouver.
En fait, je n'ai plus rien à prouver à personne.
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A l'Encre des mots
Teen FictionL'adolescence est comme une immense partie d'échecs. Il y a des rois, des reines, des tours, des fous, des cavaliers, des pions, et tous tentent par tous les moyens d'engloutir les autres. Ce qui est sûr, c'est que Tessa n'est pas une reine, mais...