Le jour de la sélection était vite arrivé. Léo et Julian étaient en route pour Translia, la capitale, dans une petite charrette tirée par un vieux cheval de trait gris qui renâclait à presque toutes ses foulées. Le Gaurel gardait ses yeux fermés, se concentrant sur sa respiration et ce qui l'entourait. Les passants sur le bas-côté du chemin, une petite meute de chiens qui jouaient, des enfants se chamaillant. Ses sens s'étaient considérablement développés. L'entrainement mental permettait certes de résister à l'attaque de certains Rudjs, mais il avait aussi permis une acuité sensuelle affutée. S'il se concentrait, Julian pouvait connaître son environnement les yeux fermés, sentir l'énergie naturelle émanant des êtres vivants. Léo disait qu'il avait une partie Voltrinq non négligeable en lui. Ce qui n'était pas défavorable. Une petite brise chatouilla son cerveau. Immédiatement, Julian érigea ses défenses et fit barrière à Léo. Ce dernier siffla de contentement :
- Tu as des réflexes incroyables petit.
- C'est peut-être vous qui vous ramollissez..., railla Julian.
Le Rudj plissa les yeux.
- Attention à toi, je peux toujours décider de faire demi-tour...
- Vous ne le ferez pas. Vous voulez trop vous débarrasser de moi.
Léo rit de bon cœur à la pique de son élève, qui le rejoignit assez rapidement dans sa bonne humeur.
Ils franchirent les portes de la ville. Julian fut étonné de la grandeur de celle-ci. Les rues étaient beaucoup plus larges que celles d'Honsart. Les gens s'attroupaient devant les boutiques, discutaient bruyamment. Tout le monde était si occupé que Léo et Julian passaient inaperçus dans leur charrette. Du moins, le croyaient-ils. Le vieux cheval s'arrêta brusquement et se cabra légèrement. Un jeune vampire blond cendré avait violemment attrapé le filet et retenait l'animal fermement. Il caressa le chanfrein, nonchalant et insensible au regard noir que lui lançait Julian. Léo attrapa le poignet du Gaurel, lui intimant silencieusement de ne pas intervenir. Un autre vampire s'approcha du petit groupe, suivit d'autres, un mauvais sourire aux lèvres. Julian serra les dents, et laissa Léo gérer la situation. Le blond déclara calmement, tout en continuant ses caresses :
- Où est-ce que vous allez comme ça... Ce n'est pas très prudent de se promener ici avec un cheval. Imaginez qu'il s'emballe...il pourrait blesser des gens...
Léo répondit tout aussi calmement :
- Ne vous inquiétez pas pour cela, cet animal est trop vieux pour avoir encore des coups de sang chaud.
Le Rudj claqua légèrement les rênes sur les reins du cheval, mais celui-ci ne put avancer davantage. Les perturbateurs rirent de la tentative de fuite du Rudj.
- Allons vieillard, ne soyez pas comme ça, reprit le blond. Laissez la vieille bestiole ici et laissez-nous accompagner jusqu'à destination.
Léo fronça les sourcils et durcit sa voix. S'il commençait à trop parler avec ces voyous, ils ne pourront échapper à l'affrontement, car il savait que Julian ne supporterait aucun affront. Il valait mieux, dans l'intérêt de tout le monde, que le jeune Gaurel reste assis et calme.
- Nous n'avons pas besoin d'escorte, merci. Maintenant veuillez nous laisser passer.
Il claqua les rênes, plus violement cette fois, mais l'animal ne fit que piaffer nerveusement sur place, renâclant bruyamment comme pour faire entendre son angoisse. Julian perdit patience. Léo le sentit. Les voyous aussi. Le Gaurel se leva, sous les protestations de son maître, et banda ses muscles, prêt à sauter sur le premier qui oserait faire le moindre mouvement vers lui. Ce fut à ce moment que la foule se fendit en deux, laissant apparaître un groupe de cavaliers qui avançaient au petit galop. Les trublions se dispersèrent presque instantanément à la vue de l'uniforme de la Garde Royale. Léo grimaça discrètement. Lui qui voulait arriver discrètement n'avait même pas réussi à avancer plus de cinq cents mètres dans la capitale sans attirer l'attention de tout le monde. Et maintenant que les officiers s'arrêtaient autour de la charrette, le corps rigide au garde-à-vous, tous les yeux les fixaient. Certains avec curiosité, d'autres avec crainte. S'il avait été seul, il aurait ignoré ces regards. Mais exposer prématurément Julian au public était risqué. Si une rumeur courrait comme quoi un participant à la sélection était venu accompagné de l'ancien général, son disciple allait se faire lyncher par ses adversaires avant même le début des épreuves. Il attrapa alors le bras du Gaurel, le fit assoir et rabattit brusquement sa capuche sur sa tête, lui intimant de faire profil bas jusqu'à ce qu'il lui dise le contraire. Le cavalier de tête salua dignement le Rudj, imité par ses frères d'arme.
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L'Origine de la Légende
FantasyQui sait ce que le destin nous réserve? Comment un orphelin des rues peut-il devenir l'espoir de tout un royaume? Toute légende a son origine, son histoire. Julian n'est pas une exception. Complot, trahison, vengeance...le chemin vers le sommet est...