Chapitre 14

31 2 0
                                    

Je suis enfin sortie de l'hôpital. Ma mère a insisté pour que je ne reprenne les cours que la semaine prochaine. J'ai donc passé mes journées devant Netflix à regarder des séries, en attendant le week-end. Des changements ont eu lieu ces derniers jours. Pendant mon absence, Théa s'est énormément rapprochée de Faith à tel point qu'elles ne se quittent plus. J'en déduis donc que Faith doit aussi avoir un penchant pour les filles. J'espère qu'elles vont un jour se mettre couple, depuis le temps que Théa semble avoir des vues sur elle.

- Aurore, on va bientôt partir !, me crie ma mère du rez-de-chaussée.

Quoi ? Je lève les yeux de mon livre, toujours en pyjama, allongée sur mon lit. 9 h 45. Mince, mince, mince. J'ai rendez-vous avec le Docteur Pritchard dans à peine un quart d'heure ! Je ferme mon livre, me lève, m'habille et me coiffe en un temps record avant de descendre rejoindre ma mère, qui me somme de me dépêcher depuis la voiture. Je fourgue mon carnet de santé et ma carte vitale dans un sac avant de sortir en trombe de la maison.

Alors que je viens tout juste de fermer la porte et que je dévale les quelques marches qui me servent de perron, je manque de trébucher. Mais ce n'est pas vrai, ce que je peux être maladroite ! Ce n'est pas le moment de me casser le cou ! Je me rattrape de justesse aux buissons devant l'entrée et prends place dans la voiture à côté de ma mère.

Et voilà, après 5 minutes de voiture, je me retrouve de nouveau dans la salle d'attente de mon médecin traitant, devant Polly la secrétaire qui me paraît encore plus superficielle que la dernière fois. Ah oui, c'est peut être parce que ses cheveux ont pris une teinte blonde platine et qu'elle porte un crop-top rouge qui ressemble d'avantage à une brassière, mettant en avant sa plastique de rêve. Enfin, tout dépend si l'on aime avoir des obus disproportionnés à la place des seins, qui vous empêchent même de voir vos pieds.

Elle reçoit un message dans son oreillette et nous invite à rentrer en salle de consultation. Ma mère s'assoie alors sur une chaise tandis que le Docteur Pritchard consulte les résultats de tout un tas de scanners, tests et mesures. Après plus d'une demi-heure, il nous fait enfin son débriefing. Il confirme alors mes craintes :

- Au vu de tes résultats, je vois que ton cancer des poumons évolue très rapidement. Il a créé de nouvelles tumeurs dans tes os, ton foie et ton autre poumon... Ton organisme va progressivement s'affaiblir et tu vas t'amaigrir de jour en jour.  Tu risques aussi d'avoir des vertiges et des nausées. J'insiste donc une nouvelle fois pour que tu essaies une thérapie ciblée, un traitement médicamenteux qui utilise de nouvelles molécules qui s'attaquent spécifiquement aux cellules cancéreuses. Cela pourrait être utile dans ton cas et permettre de contrôler la maladie à long terme, en bloquant l'action d'une protéine qui envoie un signal de division à tes cellules tumorales.

- Vous connaissez déjà ma réponse docteur. 

-Je te demanderais, si tu persiste toujours à refuser le traitement que je te propose, d'au moins arrêter au maximum toutes activités sportives et tout ce qui pourrait trop t'essouffler. Tu vas devoir manger sainement et limiter les aliments gras, tout en beaucoup t'hydratant... Dès que tu ressens une quelconque douleur, des maux de têtes trop violents ou que tu remarques que tu tousses assez régulièrement tu dois immédiatement venir me voir ou te rendre à l'hôpital. Il est très courant en effet que les personnes atteintes d'un cancer des poumons soient propices aux infections des voies respiratoires, aux bronchites ou encore aux pneumonies...

Je serre la main de ma mère en entendant cette déclaration sur mon état de santé.

- Peut-on déterminer combien de temps il lui reste à vivre, docteur ?, demande-t-elle d'une petite voix. 

- Malheureusement je ne peux que faire des suppositions, chaque organisme réagit différemment à un stade aussi avancé. Je ne peux que vous donner une certaine idée, mais je dirais qu'elle peut encore espérer vivre entre 2 à 6 mois. Mais encore une fois ce n'est qu'une estimation., dit-il sur un ton de pitié tout en me regardant.

Je manque de m'étrangler à cette annonce. 2 à 6 mois sérieusement ? Il me reste aussi peu de temps à vivre ? J'aurais tout juste le temps d'atteindre la majorité. Il me reste tellement de choses à vivre et expérimenter ! Foutu cancer qui me ronge de l'intérieur.

Je me tourne vers ma mère. Celle-ci s'effondre en larmes dans mes bras, ayant perdu tout espoir. Je suis trop surprise pour parler ou réagir. Nous restons comme ça un petit moment avant que le docteur ne se racle la gorge.

- Je suis vraiment désolé, je n'ose imaginer à quel point ça doit être dur pour vous de l'apprendre... mais d'autres patients ont besoin de moi.

Mais quel enfoiré ! Il ne vient pas de faire ce que je crois ! Non mais j'hallucine, il nous pousse carrément dehors là, alors que ma mère vient d'apprendre de sa bouche que sa fille unique ne va pas passer l'été ?! Et dire qu'il venait à peine de prendre un air de pitié devant moi. En fait, il s'en fout complètement que je crève, c'était juste pour paraître aimable et faire bonne figure. Quel hypocrite celui-là !

Ma mère sèche ses larmes avant de se lever. Le Docteur Pritchard ouvre la porte qui mène directement en-dehors de son cabinet, puis salue ma mère. Venant mon tour, il me tend la main mais je l'ignore royalement et sors sans un mot.

Un jour tu me comprendras...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant