Les aventures de Thibault dans l'espace

Chapitre XIII: Le bracelet

"Je te laisse deux heures, et tout ce que tu trouves à faire, c'est t'allier avec des malfrats pour braquer une banque !"

Ce sont les derniers mots qu'avait dit Romuald avant de fermer le sas de pilotage. Thibault, seul, dans le long couloir du vaisseau, à présent long, s'interrogeait.

Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi ?

Thibault n'avait jamais fait de mal à une mouche (du moins, si, mais jamais à plus gros qu'une mouche) et voilà qu'il braquait une banque.

Lui-même ne se comprenait plus. Il était si déçu par son propre comportement qu'une larme sembla poindre dans le blanc de ses yeux, puis disparut, interpellée par l'appel de Brog.

"Eh ! Thibault ! Bien joué pour tout à l'heure, dans la banque ! T'as été bon, tu sais ! Viens au salon, qu'on se détende un peu. On a failli se faire coffrer, mon vieux ! C'est pas tous les jours qu'on échappe à de telles huîtres !

- J'arrive.

Thibault, le cœur encore tout réchauffé par ce compliment, partit rejoindre les autres au salon spatial.

Là, au salon, Saul et G5 étaient en pleine partie de billard de l'espace tandis que Brog s'était affalé sur un canapé en cuir de schlatz, que Gontran le cerveau méditait, et que Jack comptait des billets spatiaux dans le canapé en face de celui de Brog.

Tous quittèrent leurs "activités" quand Thibault entra dans la pièce.

Saul se jeta sur lui :

"Où est-ce qu'on va ? Ton robot de compagnie n'a pas daigné nous le dire.

- Je ne sais pas non plus. Je crois qu'il est un peu fâché contre moi...

- Ok. Ok. Et le bracelet ? Tu l'as encore ? demanda instamment Saul.

- Oui, bien sûr. Mais... De quoi s'agit-il ?"

Le silence se fit. En effet, Saul était ému par la splendeur du bijou que Thibault venait de sortir de sa poche et s'autorisa quelques secondes de silence pour le contempler.

"Cette merveille-là ? fit-il, les larmes aux yeux. Cette merveille-là, mon petit, c'est ce pourquoi j'ai écumé les galaxies pendant 70 ans sans relâche. Ça, Thibault, c'est la quête d'une vie.

- Ça alors ! Une vie pour ça ? C'est drôlement important, non ? Mais pourquoi un simple bracelet vous intéresse-t-il tant ?

- Ce bracelet, Thibault, c'est une carte ! fit Saul, surexcité.

- Une... Une carte ? Mais pour aller où ?

- Pour aller à un coffre, morbleu !

- Mais... Mais un coffre qui contient quoi ?

- Pour être honnête, je n'en ai pas la moindre idée, répondit Saul.

- Oh. C'est décevant, rétorqua Thibault.

- MAIS BIEN SÛR QUE SI ! Je te fais tourner en bateau ! Ce coffre contient toutes les merveilles dont tu pourrais rêver. Selon la légende, il contiendrait une chose. Une chose si précieuse, une chose si rare, que personne ne devait jamais la trouver. Voilà pourquoi ce bracelet était en circulation entre les différentes banques galactiques de l'espace. Et aujourd'hui, grâce à toi, Thibault, je l'ai enfin trouvé."

Lorsque le hors-la-loi parla à Thibault de cette chose, plus précieuse que tout, ce dernier repensa immédiatement à son objectif initial. "La gemme de Garterfilia, se dit-il. Elle y est peut-être".

Thibault enfila le bracelet, à la grande stupeur de tous les braqueurs, et partit rejoindre Romuald.

"Romuald, ouvre-moi", fit Thibault, arrivé devant la porte de la salle de pilotage.

A ces mots, la porte s'ouvrit. Thibault entra lentement dans la pièce, la porte se refermant derrière lui.

"Je crois qu'on tient notre gemme" annonça-t-il au robot.

S'en suivit une longue discussion, où Thibault dut expliquer que le bracelet était une carte qui menait à un trésor, dans lequel la gemme serait certainement caché. Alors que divers arguments fusaient, la décision fut prise d'aller d'abord à Botania, où ils allaient peut-être trouver la gemme, puis, si ce n'était pas concluant, ils suivraient la piste du mystérieux bracelet. Une chose avait bien été mise au clair par Romuald : Thibault n'était pas en équipe avec le conglomérat de braqueurs mais bien avec lui. C'est pourquoi nos deux héros décidèrent de rester avec lesdits braqueurs pour les surveiller et ne pas se faire des adversaires en plus. Si la première destination se trouvait être infructueuse, ils iraient suivre cette carte-bracelet, guidés par les malfrats, avant de les trahir lâchement (mais pour la bonne cause).

A la suite de cette discussion, l'équipage au complet partit dormir ; ils avaient vécu une rude journée et ils ignoraient que celle qu'ils s'apprêtaient à vivre allait être bien plus rude encore.

Le vaisseau arriva au matin sur une planète fort étrange. Derrière la porte qui s'ouvrit lentement, les passagers purent admirer un paysage bien inhabituel : tout paraissait plus coloré. Les arbres étaient fièrement vêtus de leurs feuilles bleues ou roses, l'herbe, elle, semblait hésiter entre le turquoise et, par moment, le rouge foncé. Quant au ciel, il était d'un profond et magnifique vert émeraude.

"Ce ciel smaragdin me remplit à la fois d'une certaine quiétude par sa pureté mais également d'une angoisse et d'une appréhension liées aux évènements à venir", fit Thibault, songeur.

Sans relever l'incongruité de la déclaration de Thibault, tous sortirent du vaisseau.

"Où sommes-nous ?", demanda Jack, mal assuré

Romuald, qui ouvrait la marche, s'éleva sur un petit rocher, se retourna vers l'équipage, et annonça :

"Camarades ! Bienvenue sur Botania !"