Live or Die (5)

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La semaine s'est écoulée sans que les choses changent. Ace et mon père se font la gueule comme des enfants, refusant d'admettre qu'ils ont chacun tort, Darryl est aux abonnés absents et moi je n'ai aucun retour sur ma photo de la page. A croire que les gens ne veulent pas me connaître.


J'ai vu Grace toute la semaine en cours et quand je lui ai parlé de l'aide inattendue de mon grand frère, elle a paru très enthousiaste. Elle m'a dit qu'elle comprenait, qu'elle aussi avant était vraiment timide et qu'elle pense que ça peut marcher pour moi.


Je ne lui ai pas encore dit que mes amis Facebook contenaient en tout et pour tout mon frère, mes pères et elle. Et que personne sur cette fichue page ne m'avait contacté alors que ma photo avait été gratifié de quelques mentions j'aime.


Peut-être bien que je ne suis pas faite pour ce genre de choses. En rentrant à la maison, j'ai décidé d'arrêter ce tissu de bêtises et de supprimer le compte que mon frère m'a créé.


Autant se rendre à l'évidence. Les gens m'ont catégorisé comme associable et je ne pourrais pas changer ça. Il faut que j'arrête de me voiler la face et accepter ce qui m'arrive.

-Je suis rentrée ! Criais-je en arrivant trempée par la pluie dans la maison.


Personne ne me répond, j'en conclus que je suis seule. C'est vrai qu'on est Mardi. Dorian est à son cours de poterie, Darryl est encore au travail et Ace est introuvable. 


Il n'est pas dans sa chambre, il ne traîne pas dans le jardin et il n'est assis pas à sa place dans la cuisine. J'ai peur qu'il ait mis sa menace à exécution, mais me trouve rassurée en constatant que ses affaires n'ont pas bougé d'un poil.


J'ouvre le frigo, quasi vide et note sur la liste de courses d'acheter n'importe quoi à manger. Je déniche je ne sais comment une brique de lait et me dirige vers ma chambre, mon sac toujours sur mon dos et un bol dans la main.


Je salue les boys, à moitié cachés par le drapeau de mon pays d'origine, ainsi que Lomepal et Hayley Kiyoko puis m'enfouit sous ma couette. Je pose toute la bouffe sur ma table de chevet, recouverte de bibelots et de figurines pop qu'on m'a offert et baille un bon coup.


Je n'ai aucune idée du nombre d'heures que j'ai pu dormir, mais du bruit dans la cuisine me fait me réveiller en panique. Par réflexe, j'attrape ma veilleuse Disney (je suis un gros bébé) et l'empoigne comme s'il s'agissait d'une arme. A pas de loup, je m'introduis dans la cuisine, me retient d'hurler de toutes mes forces et manque de me cogner contre un meuble en constatant que mon frère est rentré. Et accompagné.


Il est dans une position assez suggestive dirons-nous, puisqu'il s'appuie contre le comptoir comme s'il allait se faire prendre par derrière. Une fille se tient dos à moi, assise sur le bar lui faisant face et rit à ses plaisanteries. Elle rejette sa crinière châtain clair en arrière et mon frère me fait discrètement signe de ne pas le déranger.


Sauf qu'il faut savoir que je n'écoute jamais mon frère, alors je m'exclame d'une voix que je veux forte mais qui se réduit à un déraillement de mes cordes vocales :

De l'autre côté de l'eau (Shawn Mendes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant