Requiem

Chapitre III-2

-Ne rate surtout pas le rendez vous de ce soir, fini-t-elle par lâcher au bout d'une longue minute.

-J'y compte bien, même si je ne sais pas vraiment pourquoi...

-Ca pourrait être intéressant, je ne suis pas trop dans ces délires qui me paraissent bien trop obscure pour être vraiment sérieux, mais on ne sait  jamais. Je vois bien à ton air abattu et aux raisons qui t'ont poussés là dessus que tu as déjà tout tenter pour essayer de comprendre la situation dans laquelle tu te trouves, et essayer d'y remédier.

Je suis soufflée de voir à quel point elle à réussi à comprendre mon état si facilement. J'avais prise Mélissa pour une personne peu sensible aux sentiments d'autrui et qui ne les comprenait pas facilement. Il semble évident que je me suis lourdement trompée. Nous avons peut être bien plus en commun que je ne le pense.

-Je..merci, c'est tout ce que je trouve à dire.

Je suis soudain très heureuse de l'avoir avec moi et je réalise à quel point je suis peut être passé non loin de la catastrophe quelques instants plus tôt. Je suis très rapidement prise par l'envie de lui en demander plus sur le sujet qu'elle évoquait à demi mot plus tôt. A son expression intensément rêveuse, je comprends cependant qu'elle est repartie dans ses pensées comme ça arrive de temps en temps. 

Elle est comme ça Mélissa, un peu hors du temps comme moi, même si elle n'est pas à proprement parler malade. Elle est juste née  avec une vision différente de la vie. Celle-ci lui apporte malheureusement de nombreuses  difficultés à bien s'installer dans l'étrange monde dans lequel nous sommes contraint de vivre de nos jours.

Comprenant que je ne la ramènerais pas sur terre dans l'immédiat, et ne voulant pas la déranger, j'attends. Elle semble si heureuse sur le moment, je vois rarement mon amie sourire, sauf lors de ces moments uniques. J'ignore où elle va dans ces moment.  Je songe alors qu'il faudrait que je lui demande une prochaine fois qu'on aura une discussion sérieuse comme celle qui vient de se dérouler. Je prends soudain conscience que c'est plutôt agréable comme sensation, j'ai appréciée nettement plus ce moment à deux ,plus vivant, que toute les journées silencieuses passées l'une à côté de l'autre.

Ne sachant quoi faire, je ressort mon portable pour relire le fameux SMS. Je m'aperçoit alors qu'il est bientôt l'heure de retourner en cours. Délicatement, en essayant de ne pas la surprendre, je secoue un peu Mélissa pour qu'elle revienne à elle. C'est horrible à dire, mais je ne tiens pas à ce que la sonnerie retentissant, des élèves se rendent à leur cours de sport et nous aperçoivent toute les deux à moitié planquée. Je frisonne à l'idée des sales rumeurs qui pourraient en ressortir.

Doucement mon étrange amie- tout autant que moi je ne peux m'empêcher de penser ironiquement- revient à elle. Je lui montre l'heure et elle comprend aussitôt. Sans un mot elle se lève et part en direction de l'entrée arrière des bâtiments. Je fais de même et nous entrons récupérer nos sac pour nous rendre à nôtre cours suivant.

L'après midi passe à la fois vite et lentement. Vite car j'évolue ans une sorte de brouillard indescriptible au fur et à mesure que la chaleur m'assomme le cerveau qui tourne à plein régime à propos du Forum. Et lentement car j'ai aussi très hâte de rentrer chez moi pour m'y connecter et obtenir plus d'informations. 

C'est avec un empressement inhabituel que je quitte le lycée, disant au revoir à la va vite à Mélissa et fonçant chez moi. Quelle n'a pas été ma surprise de rentrer à la maison et d'apprendre de ma mère qu'elle m'a prise une nouvelle série de rendez vous chez le Docteur LeMont.

-C'est pour corriger ces ''crises'', dit-elle avec un geste caractéristique de la main pour tenter d'atténuer ses propos. Elle ne peuvent plus durer.

Passablement énervé en apprenant la nouvelle je ne peux m'empêcher de faire la moue.

-Rends toi compte ! Ca te détruit et ça nous détruits également ! Je ne te reproche rien du tout car je sais que tu n'es pour rien à ta situation, mais s'il te plait, fais un effort c'est pour ton bien !

Comme je n'ai pas envie de me prendre la tête avec elle pour le moment je la laisse déblatérer tout au long du repas son exposé sur les raison qui l'ont poussée à prendre ces mesures drastiques. Le tout bien sûr dans l'optique d'accéder le plus rapidement possible à ma chambre et à mon ordinateur portable.

Je m'aperçois vite que ma stratégie fait faux  bond. Ma mère qui a bien remarquer mon petit manège, décrète  une réunion digne d'un G8 dans le petit salon, pour mettre les choses au clair. La discussion qui s'en suit est un calvaire et je peine à m'en sortir le plus vite possible. Même le prétexte des devoirs ne fonctionne pas.

Mon père qui est évidemment aussi convoqué ne dis rien. Il a toujours fui les problèmes familiaux, particulièrement ceux liés à ma maladie, préférant laisser ma mère s'en occuper.Elle le fait d'ailleurs très bien, comme un brave soldat tenace,fermement décidée à éliminer l'ennemi qui sévit dans le foyer,aussi impalpable soit-il.

Finalement, au bout d'une bonne grosse heure de débat elle finit par obtenir la confirmation que j'ai bien pris connaissance de ce qu'elle a fait et que je vais participer assidûment et activement aux séances. L'idée qu'il faudra''également consentir à un nouveau traitement'' manque de me faire lancer un nouveau débat. Mais je n'ai plus le temps, je verrais ça plus tard. 

Je suis tellement stresser par l'heure qui tourne que j'acquiesce  vivement à tout ce qu'elle dit. C'est comme ça que je parviens à atteindre ma chambre 5 minutes avant 21h, et que je fonce sur mon ordinateur portable pour l'allumer.

Voilà pour la partie 2 du chapitre III :) La suite mercredi prochain !