Place des Grands Hommes [EN CORRECTION]

Epilogue

L'hiver était revenu. La neige était tombée sur le jardin. Une fusée noire et blanche filait d'un bout à l'autre du terrain, revenant sans cesse à son point de départ.

J'étais assise sur une chaise pliante, mes bottines saupoudrées de blanc posées à côté de moi. Ma mère m'avait pourtant défendu de les enlever. « Etre pieds nus dehors par -5 degrés, franchement ! »

Elle ne pouvait pas comprendre. Qui aurait pu deviner que j'avais fait ça uniquement pour m'assurer que je ne rêvais pas ? La scène était presque la même que celle que j'avais vue dans mes songes, quelques mois plus tôt.

Mais cette fois, je ressentais le froid sur ma peau. Cette fois, j'étais bien incapable de marcher dans la couche d'une blancheur immaculée qui recouvrait l'herbe. Cette fois, c'est la réalité que je contemplais.

Et ça faisait un bien fou.

Marc avait trouvé un petit pavillon non loin de chez nous, et il nous rendait souvent visite, comme aujourd'hui. Julie jouait avec Storm, aidée de Thomas. Mes parents ont fini par deviner ce qu'il y avait entre nous, et honnêtement, je m'en moquais.

Soudain, une mélodie bien connue s'est élevée dans l'air froid. Still Loving You, de Scorpions. C'est Marc qui l'avait déclenchée. Je lui avais un jour confié que c'était, à mes yeux, le meilleur slow de tous les temps. Malheureusement, je lui avais dit aussi que je détestais danser.

Il m'a fait un clin d'œil, et m'a désigné Thomas, qui venait vers moi. Il m'a tendu la main d'un air satisfait.

-          Vous m'avez bien eue, je le reconnais ! Vous êtes de mèche, tous les deux !

-          Eh oui. Il faut bien que tu le danses, ce slow. Après tout le bien que tu as dit de la musique.

-          Je. N'aime. Pas. Danser.

-          Cette fois, tu aimeras. Je te le promets.

Il m'a souri. Et je ne sais pas pourquoi, mais j'ai pris sa main.

J'avais voulu changer le monde. Mais au final, c'est moi qui avais changé.