- Ça pourrait être utile oui.
- Et vous attendez que je la fasse ? C'est clairement non. Réplique-je en me redressant.
- Je ne vous l'ai jamais demandé.
- Oh arrêtez deux secondes ce petit jeu, je ne suis pas sourde et je comprends parfaitement les sous-entendus.
- Bien si vous le souhaitez : oui il serait bienvenu que vous fassiez une diversion.
- Je ne mettrais pas ma vie en danger plus qu'elle ne l'est déjà alors il vous faudra attendre le moment opportun pour bouger.
- Bien.
Il ne semble pas contrarié et je pourrais presque dire qu'il y a un soupçon de soulagement dans sa voix mais je préfère ne pas m'avancer, la situation trompant quelque peu mes sens. Il nous reste plus qu'à ruminer chacun dans notre coin sur la procédure à suivre sachant que nous avançons dans le noir complet. Nos agresseurs ont improvisé une petite réunion dans les cuisines avec toujours les jumeaux oranges aux aguets, nous jetant des regards en biais. Cela me semble absurde puisque nombres d'entre nous ont réussi à s'endormir par je ne sais quel miracle. Sara s'est affalée sur moi, cherchant surement de la chaleur humaine dans ce grand hangar ou il commence à faire frisquet. Je retire mes lunettes pour frotter mes yeux pleins de fatigue en soufflant. A ce moment, un nouveau grésillement résonne et la voix du commandant Priesco s'élève.
- Deuxième et dernier avertissement, relâchez les otages et rendez-vous et nous pourrons peut-être trouver un accord. Sinon nous serons contraints de mener un assaut.
Tels des suricates nous relevons tous la tête même ceux qui étaient partis au pays des rêves. Nos assaillants semblent aussi aux aguets. D'ici, je peux presque voir les rouages de leurs cerveaux s'actionner, essayant de savoir si la menace est réelle ou non. Je me perds dans ma réflexion tandis que Sara reste de marbre, ses yeux maintenant grands ouverts et dirigés vers les cuisines.
- Il faut que je bouge maintenant. Je n'ai plus le choix, il faut que je les avertisse de la situation.
Je lui souffle un petit okay avant qu'il ne rompt la connexion. J'ai peur. Cette vicieuse est revenue me torturer, me faire des nœuds au ventre et me faire penser au pire scénarios envisageables. Je ne crois pas être capable de le gérer très longtemps encore, j'ai besoin de réconfort. Alors sans trop de mouvement brusque, je m'empare des épaules de Sara pour la serrer contre moi. Peut-être qu'à moi aussi de la chaleur humaine me sera utile. Lentement, ses mains se nouent derrière mon dos pour me serrer à son tour. Lorsque on se sépare, je la remercie pendant qu'elle me renvoie un petit sourire.
Je refais face aux cuisines quand je m'aperçois que le groupe s'est dissocié : trois sont encore présent mais trois autres sont portés absent. J'ai beau scruté la salle, aucune trace de ses derniers. Où sont-ils allés ? J'ai rapidement ma réponse au moment où les portes battantes s'ouvrent pour laisser passer les trois manquants portant une grosse malle noire. Ils viennent la coller au mur de gauche, celui avec les trois petites fenêtres. Les seules fenêtres de la salle ; autrement dit la seule vision que possède les forces armées à l'extérieur. Mon palpitant s'affole d'appréhension sur le contenu de cette boite tandis que je commence à me balancer d'avant en arrière. C'est un reflex que j'ai développé jeune et qui ne m'as jamais quitté : quand je stresse voir panique, je me mets à me balancer d'avant en arrière. La première fois, mes parents ont cru que je faisais une crise d'épilepsie ; le médecin les a vite rassurés en leur disant que c'était mon moyen de combattre la panique. Cependant, il me fait souvent défaut car une fois dans cette état, mon entourage m'importe peu : pour être plus clair Sara pourrait me crier à l'oreille que j'en ferais totalement abstraction.
Les yeux sur la scène qui se déroule devant moi, je continue à maintenir ma carapace en ne cessant de gesticuler. Les trois cagoulés finissent par ouvrir la boite et cette vision me pétrifie sur place. Je me fige net, mes muscles se tendent avant de se relâcher d'un coup. Je reprends conscience de Sara qui est figée elle aussi. Les questions fusent d'un coup. Pourquoi nous ? Pourquoi maintenant ? Quel est leur but ? Nous ne sommes qu'une vingtaine alors pourquoi ? Ont-ils la haine du français ? Du yoga peut-être ? POURQUOI ? Des questions absurdes se mélangent à d'autres qui me paraissent essentielles mais toutes ont un point commun : elles sont sans réponses. Et elles le resteront surement car devant moi se dresse, bien gardé par des parois en métal, une bombe.
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Shoot me
ActionCamille est en faculté de littérature. En manque d'inspiration, elle décide de faire un stage censé ouvrir son imagination mais tout ne se passera pas comme prévu : un auteur un peu trop lourd, pas d'internet. Malheureusement le pire reste à venir...