Et il avait réussi. Il m'avait brisé le cœur. Pas comme on aurait pu l'entendre, mais il m'avait trahie en prenant partie pour le Système.
Ça avait commencé environ deux semaines après notre arrivée au Centre. J'avais arrêté de penser à Jade, mais je pensais encore à ma vie d'avant. Je ne pouvais pas m'en empêcher. Dans tous les cas, chaque jour Marc et moi faisions semblant de suivre le Système mais le soir nous redevenions nous-mêmes. Du moins c'est ce que je croyais.
Nous étions Vendredi et Marc et moi venions juste de rentrer dans la chambre après avoir passé la journée avec Raya et Jules. J'avais adoré ce Vendredi.
Nous avions passé la journée à faire des jeux, à discuter et à rire entre amis. Et quand le soir était arrivé, Marc et moi nous étions posés sur le lit et nous avions continué de discuter.
- Marc ? Parle moi de tes relations amoureuses.
- Pourquoi tu veux savoir ça ?
- Parce qu'on est tous les deux, qu'on a rien à faire et que je m'ennuie.
- D'accord ... Qu'est-ce que tu veux savoir ?
- Je sais pas ... Combien tu as eu de copines, tes vraies relations avec elle etc.
- J'en ai eu une que j'ai vraiment aimée et des petites aventures sans importance.
- Alors raconte moi cette relation.
- Elle s'appelait Marie, j'avais seize ans et elle quinze. On s'est rencontré dans la rue tout simplement. Elle a vu mon tatouage, j'ai vu le sien. Enfin presque. J'ai vu un pansement, elle venait de se faire tatouer. Je lui ai demandé ce qu'elle avait ressenti et elle m'a dit que ça avait été dur et qu'elle avait mal partout. On s'est quitté mais on se croisait régulièrement et on a fini par s'inviter. Et de fil en aiguille la relation s'est formée. J'étais vraiment amoureux et elle aussi je crois, on est resté deux ans ensemble.
- C'est beau.
J'avais pensé ce que j'avais dit. C'était une belle histoire, pourtant j'avais ressenti quelque chose au fond de moi. Comme un vide dans mon estomac et une pointe dans mon cœur.
- Et toi ?
- Disons que comme toi j'ai eu quelques relations, mais je crois que je n'ai jamais été vraiment amoureuse.
- Donc tu ne sais pas ce que ça fait ?
- Disons que j'ai une vague idée.
Je n'avais pas arrêté de me demander si ce que je ressentais pour Marc était de l'amour ou une simple attirance. J'avais penché pour la deuxième option, mais nous avions tellement vécu de choses que la première option était restée dans un coin de ma tête.
- Je vais prendre ma douche.
J'en avais besoin. Je voulais prendre une douche et me détendre.
Après ma douche j'étais sortie, toujours habillée de ma combinaison et j'avais croisé le regard de Marc.
- Jolie la combinaison. M'avait-il dit.
Mes joues étaient devenues rouges et ma voix avait commencé à dérailler.
- Tu t'en souviens ?
- Évidemment que je m'en souviens. Aller viens. M'avait-il dit en tapotant sur le matelas près de lui.
Je m'étais approchée de lui et je m'étais allongée sur le lit, mon dos collé à son torse.
- C'est mon histoire qui te rend triste comme ça ?
- Je ne suis pas triste.
- Tu as l'air perdue.
- Je suis toujours perdue dans le Centre.
- Très drôle. Arrête de faire la tête.
- Je ne fais pas la tête.
- Tu mens.
J'avais tourné la tête vers lui et il avait froncé les sourcils.
- Tu as mis du parfum ?
- Parce qu'on peut avoir du parfum ici ?
- Tu sens bon. Ce sont tes cheveux ?
- Possible, je les ai lavés.
Il s'était approché de mes cheveux et les avait reniflés.
Puis il m'avait fixée et doucement son visage s'était approché du mien. J'avais légèrement soulevé ma tête et nos lèvres s'étaient collées.
J'avais souri doucement et je m'étais écartée.
- Le coup du shampoing c'est petit. Avais-je dis en souriant encore plus.
- Peut-être mais ça a fonctionné.
Nous avions souri pendant plusieurs secondes et nous nous étions embrassés de nouveau.
La journée parfaite et la meilleure depuis que j'étais arrivée ici.
Mais ce n'était pas ce jour-là qu'il m'avait trahie. Non, ça avait été bien après.
Un mois s'était écoulé jusqu'à ce jour et Marc et moi n'avions cessé de nous aimer. J'étais sûre que je l'aimais et j'aimais notre relation. Mais ce soir-là, je m'étais sentie blessée.
- Tu ne connaissais vraiment pas ce film ?
- Non. C'est la première fois que j'en entends parler.
- Et tu as aimé ?
- C'est original.
Je n'avais pas été convaincu de sa réponse mais je m'en moquais. Cela faisait plusieurs jours que je ne pensais qu'à notre couple et notre amitié avec Raya et Jules et rien d'autre. Après avoir fermé la porte de la chambre, il s'était dirigé vers moi et m'avait embrassée.
Il avait posé une main dans mon dos alors j'avais mis ma main dans ses cheveux. Sa main était descendue petit à petit pour s'arrêter sur mes fesses et je n'avais rien dit. J'avais continué à l'embrasser et à sourire, comme une jeune fille niaise qui venait de se mettre en couple, mais après tout c'est ce que j'étais.
Son autre main s'était placée sur le milieu de mon dos et Marc et moi nous étions laissés tomber sur le lit. Ses mains étaient baladeuses et il avait commencé à descendre la fermeture de ma combinaison. Cette fois-ci je m'étais écartée et je l'avais regardé surprise.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Quoi ? Je pensais que ça te plaisait.
- Non ! Tu sais très bien que je ne suis pas prête, pourquoi tu as essayé ?
Il avait soupiré et avait remis en place ses cheveux avant de légèrement se relever.
- Je sais, mais j'y ai pensé et on a seulement deux ans pour faire un bébé, et je pense que le plus tôt sera le mieux.
J'avais reçu une belle claque.
- Je te demande pardon ?
- Tu sais, on n'est pas sûrs de réussir du premier coup, il vaut mieux tenter dès maintenant.
- Pourquoi tu t'en soucies ? Tu vas me faire croire que tu es prêt à avoir un enfant ? Et moi, tu crois que je suis prête ?!
- Je sais, mais c'est le Système, on doit faire ça.
- Depuis quand tu te soucies du Système toi ? Tu as toujours voulu enfreindre les règles et détruire cette société minable et du jour au lendemain tu veux faire un enfant ?! Tu crois qu'on va se plaire avec un enfant ?!
- Mais qui sait ce qu'ils sont prêts à faire si on n'a pas d'enfant au bout de ces deux ans ?!
- Tu penses que je vais gober ça ? Le fait que tu aies peur ? Tu parles ! Tu n'as jamais eu peur de rien depuis que tu es ici, d'autant plus que ça fait à peine un mois que nous sommes ici, on a le temps devant nous !
- Pourquoi tu t'énerves contre moi ? Parce que j'ai peur pour nous deux ?
- Non mais parce que tu me forces à faire des choses que je ne veux pas et que tu sais et surtout que tu commences à passer du côté de Supra !
- Bien-sûr que non ! Pourquoi je ferais ça ?
- À toi de me le dire.
Les larmes avaient coulé et je n'avais pu les en empêcher. Je me sentais tellement mal. J'étais à la fois triste, blessée et tellement en colère. Il avait brisé tout ce que j'avais réussi à construire ces derniers jours et ça avait été la pire chose selon moi.