Chapitre VII

55 2 0
                                    

  Nous partîmes en direction de mon logement de fonction sans un mot. Nous étions tous deux embarrassés par ce qui venait de se passer. D'un côté je me disais que ça allait vraiment vite, qu'on ne se connaissaient que depuis deux jours, et d'un autre côté, j'étais excité, au point d'avoir envie de faire un moonwalk tout le long du chemin. Cette pensée me provoqua un léger rictus. Une fois rentrés, elle souffla et prit une grande inspiration.
— J'ai vu les émissions d'hier. Apparemment quelqu'un aurait détruit une grande partie du centre-ville... J'ai remarqué au loin pendant qu'on se baladait des barrières. C'est toi pas vrai ?
  Je baissais les yeux.
— Oui... J'ai... Un peu exagéré... soufflais-je, pas vraiment fier
— Un peu ?! C'était le centre historique de la ville qui n'avait quasiment pas changé depuis l'Architecte ! Tu n'as pas fait d'histoire à l'école ?! s'écria-t-elle subitement
— Si, mais ça ne s'était pas encore passé...
  Elle eut l'air agacée et finit :
- Ce n'est pas une raison ! De plus mon appartement s'y trouvait ! Donc, nous arrivons au point auquel je voulais venir, je vais vivre ici !
  Je n'eus ni le choix ni la possibilité de répondre quoique ce soit. Commença alors l'organisation. Elle ferai la cuisine, tandis que je m'occuperai de toutes les formalités administratives dues à un général. Et bien sûr, vu que j'étais chez moi, je dormirai sur le canapé pendant qu'elle passerait une bonne nuit dans MON lit... Mais je me résignait, sachant très bien que contester déclencherait un long débat. Ce dont je n'avais pas la moindre envie. Il fut donc ainsi. Le repas qu'elle prépara était basique et était fade. Le lendemain je remplis des tas de papiers que j'avais reçu pendant ma longue absence. On m'avait dit qu'une pièce entière me servait de boîte aux lettres. Je n'eus pas le temps de sortir tant j'étais débordé. Elle aussi était épuisée par son travail.

  Mais le soir, pendant que je me détendait un peu, je découvrait peu à peu Anna. Orpheline, elle avait perdu sa mère très tôt et ne s'en souvenait pas. Son père lui, était mort à ses huit ans. Elle avait alors fait de son mieux pour réaliser son rêve, devenir une soldate anti-bug en vue du poste d'officier supérieure. Ce n'était pas un rêve très gai mais c'est ici qu'elle avait fait la connaissance de ses deux défunts coéquipiers. Je percevais toujours une pointe de tristesse quand elle en parlait. Elle avait passé une grande partie de son temps à étudier mais ses loisirs étaient simples, la lecture, les jeux, le sport et même si je ne considérais pas ça comme tel, aider les gens.

  Il fut décidé de se rendre à la cérémonie d'adieu de ses deux amis, l'équivalent des enterrements à l'époque à laquelle j'étais né. La raison officielle était qu'un bug était apparu au QG et qu'ils avaient donné leur vie. Apollon était considéré comme mort à la guerre et la plus grande partie de la cérémonie fut consacrée à lui. Les deux semaines suivantes passèrent comme ça. Au bout de ce temps, je me décidai à cuisiner moi-même, constatant que le goût des plats d'Anna ne changeait jamais, et ce peu importe les ingrédients... Je lui proposais aussi de l'entraîner quotidiennement.

  Ce nouveau train de vie continua encore une semaine jusqu'à ce qu'un événement mette en péril ces habitudes simple mais auquel je m'étais attaché.

Le Programme "Nouvelle Terre"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant