Chapitre 9 : payer les pots cassés

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« Clic... clic... clic... »

Il en avait assez, il n'en pouvait plus, toujours ce même cliquetis incessant provenant d'un appareil photo qui le hantait en permanence, d'abord au supermarché et maintenant ici, à la station essence pendant qu'il remplissait le réservoir de la Honda Civic rouge de Martin qui avait dû lourdement insister auprès de lui pour qu''il accepte enfin de la conduire à sa place.

Le jeune étudiant scruta discrètement les alentours, son attention se focalisa plus particulièrement sur le mec à quelques mètres de lui qui semblait attendre son dû au distributeur de boissons. Mais Yann n'était pas dupe de son apparente nonchalance, vêtu d'un simple jean et d'un sweat-shirt à capuche, il voulait passer inaperçu mais son sac noir en bandoulière le trahissait, c'était l'idéal pour cacher un appareil photo à longue portée.

L'étudiant n'hésita alors pas une seconde et il s'approcha à hauteur de ce mec un chouilla plus petit que lui et tira violemment sur son sac d'un coup sec.

- hé mais rends-le moi putain, c'est le mien !

Son interlocuteur tentait désespérément de récupérer ses affaires mais Yann comptait bien s'assurer d'abord que sa théorie soit vraie. Quand il trouva effectivement du matériel de pro dans le sac en bandoulière qu'il tenait fermement dans les mains, il se mit encore plus en colère.

- pourquoi tu me photographies ?

- allez barre-toi mec, j'ai pas de temps à perdre !

Le photographe récupéra son sac en le tirant d'un coup sec vers lui et quand il commença à s'éloigner avec, Yann tira sèchement en retour sur sa capuche afin de le retenir.

- tu réponds d'abord à ma question ! Pourquoi tu me photographies ?

- fais gaffe mec, tu lèves la main sur moi et je porte plainte aussi sec contre toi, pigé ?

- t'embête pas vas, j'appelle tout de suite la police et une ambulance aussi, parce que tu vas en avoir besoin !

Son téléphone déjà en main, le bel étudiant était plus que jamais prêt à mettre ses menaces à exécution. Sa voix était métallique, son regard noir, il était fou furieux que quelqu'un puisse disposer de son image et s'immisce ainsi dans sa vie privée, il réagissait au quart de tour dès qu'on daignait s'attaquer à son jardin secret.

- ça va, relax, moi aussi j'ai été un petit étudiant comme toi et maintenant, je fais juste mon boulot ok ?

- c'est quoi ce boulot ? Pourquoi tu me photographies ?

Yann perdait patience, il voulait connaître la vérité et pas plus tard que tout de suite.

- parce que je suis détective privé, c'est clair ?

Cette annonce lui fit l'effet d'une bombe, il fronça les sourcils dans la foulée, il pressentait qu'il n'allait pas du tout aimer la suite de cette conversation.

- pourquoi tu enquêtes sur moi ?

- voyons, tu ne devines pas ? Tu fais joujou avec un fils de milliardaire, faudra t'y habituer mon pote !

Le jeune étudiant accusa le coup, encore sous le choc de cette révélation des plus inattendues, le coupable était pourtant déjà tout désigné dans son esprit.

- c'est monsieur Weill qui t'a engagé ?

- ouais, il fait ça à toutes les meufs ou mecs qui sortent avec son fils chéri.

Yann tombait toujours des nues, quand Martin l'avait prévenu que son père ne reculerait rien, il ne croyait pas si bien dire.

- j'espère que t'as rien de grave à cacher mec parce que dans une semaine il en saura plus sur toi que tu n'en sais toi-même.

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