C'est quand même fou

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C'est quand même fou de se dire que quelqu'un pourrait lire ce texte, disséquer l'organe de mon cœur, analyser ma matière grise. Il suffit d'appuyer sur le bouton "publier".

C'est quand même fou de se dire que peu à peu je m'habitue au lycée, troquant les fous rires contre les sourires forcés, restant avec des gens que j'ai trop jugé. C'est quand même fou de se dire que je guéris du collège, ce lieu que j'avais dans la peau, et que je suis passée d'ado prodige à élève lambda.C'est quand même fou que tout cela me paraisse aussi fou.

J'me sens grandir, lentement, c'est comme une mélodie lancinante qu'on ne peut s'extraire du crâne. J'me sens avoir des idées, sans doutes fausses pour la plupart, j'me sens espérer la vie comme on espère un vendredi soir.

C'est quand même fou de me dire que j'y arrive, que je fais passer l'amertume à grand renfort de chewing-gum goût gaité, que j'griffonne le temps avec mon critérium, que les gens m'oublient alors que j'hurle de plus en plus fort.

Les secondes qui s'écoulent sont palpables, je sens les grains du sablier rouler entre mes doigts, ça m'arrache un peu la peau. J'pourrais couler en m'emplissant d'auto-apitoiement, mais souvent j'oublie. Et puis je passer la pilule avec un grand verre d'ahurissement et une liqueur de surcharge.

J'aimerais des conseils pour soigner ce mal de grandir, cette mélancolie chronique, cette impression de pousser de travers.

Tout change, je m'adapte un peu trop vite, ça en devient de l'hypocrisie.

Désolé pour ceux qui ont de vrais problèmes, mais j'avais besoin d'écrire.

Parler - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant