90. Ce Crustacé, Traître

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Écrit par HateWeasel

90. Ce Crustacé, Traître.

Le lendemain, le bleuté semblait commencer à faire quelque progrès dans sa nage. Il pouvait désormais flotter et jouer avec les autres dans l'eau. Ils essayaient généralement de se noyer les uns les autres et de s'éclabousser, toujours dans un esprit joueur. Parfois ils trouvaient un bout d'algue et se giflaient avec. Aujourd'hui, cependant, ils s'étaient apparemment fait un nouvel « ami ».

- Daniel, pose ce crabe, dit Ciel.

Les pitreries du garçon ne l'amusaient pas, vraiment pas. Il savait que cela allait mal finir.

- Fais pas ta chochotte, Phantomhive, dit le Westley, essayant d'empêcher le pauvre crustacé de s'enfuir. Preston ! Donne-moi ta main !

- Cette chose ne s'approche pas de ma main, répondit catégoriquement l'Indien.

- Froussard ! Kristopherson, alors !

- Va chier.

La réponse du faux-blond fut assez crue, mais c'était compréhensible.

- Trancy ?

Alois se tenait au milieu des vagues, arborant une expression grave. Étonnamment, il tendit la main vers l'autre garçon, étant le plus courageux du groupe.

- Donne, ordonna-t-il.

Il sentait à présent le poids du crustacé dans sa main. Il le regarda quelques instants, le tenant de façon à ce que ses pinces ne puissent pas déchirer sa chair. Une nouvelle lueur anima ses yeux. Ciel connaissait ce regard. Il l'avait déjà vu beaucoup trop de fois jusqu'à aujourd'hui.

- Alois, ne jette pas le crabe, dit le bleuté, brisant son rêve éphémère de voir un crabe volant.

- Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ? Que je le repose gentiment ? demanda Alois.

- Oui. Repose-le, et laisse-le tout seul.

- Ooh~ ! Phantomhive te mène à la baguette ! le taquina le fils de politicien, recevant un regard mauvais de la part du Trancy.

- Alois, ne jette pas le crabe sur Daniel.

- MERDE !

Le crustacé fut finalement libéré après la petite crise du blond.

- Comme je l'ai dit, à la baguette, les yeux railleurs du Westley brillèrent lorsqu'il dit la dernière partie.

Cela l'amusait beaucoup, aucun doute possible. La fameuse « Menace Blonde » n'obéissait à personne, quelque soit le poste ou l'autorité, et pourtant, le voilà qui se faisait mater par un garçon légèrement plus petit que lui qui nageait en t-shirt. C'était plutôt ridicule, surtout lorsque l'on connaissait tous ses exploits. La fois où il avait dit à un professeur « d'aller se faire voir » parce qu'elle lui avait dit qu'il serait un moins que rien s'il continuait à avoir un tel comportement, celle où il avait frappé un garçon plus âgé que lui dans la mâchoire parce qu'il l'avait insulté, ou celle où il avait écrit le mot « fuck » en grosses lettres sur le mur du gymnase parce qu'il avait « pensé que ce serait drôle ». Que de bons souvenirs. Tous ces exemples représentaient assez bien l'irrespect flagrant du garçon pour l'autorité. Pour lui, l'autorité que l'école avait sur lui était inexistante, et accepter d'être un élève selon les critères de l'école, ce n'était qu'une suggestion, pas une nécessité. De ses « minis-shorts » à son attitude, le garçon faisait tout et n'importe quoi pour briser cette idée, et gagner de l'attention. Et c'était précisément ce qu'il faisait.

Jusqu'à ce que, évidemment, Ciel Phantomhive lui fasse une remarque. Le bleuté n'avait qu'à parler, et même si le blond se plaignait ou répliquait, il faisait inévitablement ce que le garçon lui disait. C'était un pouvoir incroyable. Les professeurs lui demandaient souvent quel était son secret.

L'autorité était quelque chose de naturel chez le bleuté. On ne savait pas s'il s'agissait du ton qu'il employait, ou de sa simple présence, mais quoi que ce fusse, il le maîtrisait. Le garçon était un mystère, et l'origine de ce pouvoir était encore inconnue à ce jour.

- Ne le provoque pas, s'il te plaît... dit ledit garçon à Daniel, levant l'œil au ciel.

Daniel avait été tellement pris dans ses pensées qu'il n'avait même pas remarqué le blond prêt à se jeter sur lui.

- Pourquoi ? C'est marrant ! En plus, c'est la vérité, dit finalement le Westley. Tu contrôles très bien ta femme, Phantomhive.

Ciel sentit son visage se réchauffer quelque peu, et, alors qu'il pensait à la remarque de Daniel, le blond prit la parole.

- Je ne suis pas une femme ! cria-t-il, lançant assez d'eau pour noyer une baleine. Je suis un garçonà 100% !

- Mais tu étais si mignon, lorsque tu te tenais à Phantomhive hier, en pleurant comme une madeleine.

- C'était des larmes d'homme !

- C'est ça ! Tu étais en train de chouiner !

- Fermez-là tous les deux ! intervint Kristopherson.

Tout ce bruit commençait à lui courir sur le haricot. Se souvenir de la veille l'avait mis d'une assez mauvaise humeur. Sa veste était ruinée, il s'était presque noyé, et pire que tout, il avait vu Ciel et Alois s'enlacer. Il sentit une douleur dans son cœur en se souvenant de la scène, et tandis que les autres taquinaient les deux garçons sans y penser davantage, c'était différent pour Kristopherson.

Il n'arrivait toujours pas à se rendre compte qu'ils étaient ensembles. Alors que Daniel en rigolait, il ne savait pas si ce dernier savait vraiment quelque chose. Travis, cependant, semblait avoir compris, et restait aussi silencieux que d'habitude, et le radar gay de Preston était apparemment hors service. C'était parfois douloureux que d'être avec ces idiots.

Daniel et Alois le regardèrent un moment, avant de se regarder à nouveau. Kristopherson était lui-même un peu choqué de sa réaction.

- Vraiment, Daniel, tu dois être aveugle, puisque comme la majorité d'entre nous peuvent le voir, je n'ai pas de seins, dit le blond en montrant du doigt son torse nu, attirant l'attention du bleuté.

Ciel fit de son mieux pour ne pas regarder, mais Alois rendait les choses assez difficiles.

- D'accord, tu es son homme, alors, dit le brun, surprenant le blond.

Alois ne savait pas comment répondre sans évoquer sa relation avec le bleuté.

Au moment où le blond semblait être dans une impasse, tel un châtiment divin pour avoir regardé pendant trop longtemps le corps du blond, le pauvre bleuté sentit un pincement sur son pied.

- OW! BORDEL DE MERDE ! QU'EST-CE QUE C'EST ?! cria-t-il, gagnant l'attention des autres.

Il mit une main sur l'épaule d'Alois et l'utilisa comme appui alors qu'il se tenait sur une jambe pour inspecter les dommages de l'autre pied.

- SALOPERIE DE CRABE ! cria le bleuté en regardant le crustacé qui s'était fermement agrippé à son orteil. JE T'AI SAUVÉ D'UNE MORT CERTAINE, ET C'EST COMME CA QUE TU ME REMERCIES, PETIT MERDEUX ?!

- Ciel, tu cries sur un crabe... dit Alois, stabilisant l'équilibre du garçon au langage épanoui.

Il était impressionné par le comportement de Ciel. Il ne se souvenait pas de l'avoir jamais vu utiliser un tel langage. C'était plutôt amusant.

- FERME-LA ET ENLÈVE-LE !

Devils Like to DanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant