Donna Cortesi

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Le lendemain, je me reveille lentement. Je m'étire et regarde l'heure sur le réveil, il est neuf heures. Je sursaute et remarque que Reina n'est plus dans le lit. Elle a du descendre au petit déjeuner, je prends alors vite un jean et un t-shirt noir pour la rejoindre dehors. En effet, Reina déjeune jusqu'à tard dans le matin, elle prend son temps et en descendant pour aller sur la terrasse, Enzo m'intercepte. Il est déjà habillé et sortait de ce qui doit être sa chambre. Il m'attrape en effet le bras et me demande de m'arrêter.

Enzo: Ça fait combien de temps que t'es ici ?
Moi: Trois semaines et demi pourquoi ?
Enzo: Alors tu as vraiment trouvé Reina tout seul ?
Moi: Tu crois quoi ? Je voulais la retrouver moi !
Enzo: Et alors, comment elle a réagit ?
Moi: Attends, c'est quoi toutes ces questions là ? Tu crois encore que je lui cours après comme toutes les meufs que j'ai couchées dans ma vie ? Tu te trompes, c'est différent !
Enzo: Écoutes, je veux juste savoir comment elle a réagit, ce que tu as fait avec elle, c'est tout.
Moi: Ok, j'ai voulu la séduire mais correctement, dans les règles de l'art. Elle mérite que je fasse tout ces efforts.
Enzo: Hum, je vois. Tu seras à la cérémonie ce soir ?
Moi: Elle m'a demandé de venir.
Enzo: Ouais... moi je voudrais juste savoir comment t'as fait pour, pour euh savoir que c'était elle que t'aimais ?
Moi: Pardon ?
Enzo: Fais pas le macho, je sais que tu l'aimes.
Moi: C'est pas que ça, je suis amoureux d'elle et me demande rien parce que je ne sais pas comment ça m'est tombé dessus ok ? Et il paraît qu'on se rend compte de ça une fois que c'est trop tard pour faire marche arrière.

Je vois son expression faciale totalement perplexe qui signifie qu'il est dans ses pensées. Enzo et moi on fonctionne de la même manière alors je comprends tout de suite à quoi il peut penser.

Moi: Pourquoi ?
Enzo: Pour rien.
Moi: Vous êtes vraiment des coffres blindés dans cette famille ! Qu'est-ce qui a, t'as rencontré quelqu'un ? Tu peux me le dire, je lui dirais pas si tu veux.
Enzo: J'ai rencontré une fille à Messine il y'a dix mois, magnifique, très sensuelle, intelligente. Je pense que ça pourrait le faire, différemment qu'avec les autres.

Il parait très content mais j'ai déjà connu cette illusion aussi alors je préfère tout de même le mettre en garde, on ne sait jamais.

Moi: Je vois, t'inquiète je dirais rien. Fais attention des fois ça nous tombe dessus mais c'est pas la bonne personne.
Enzo: Merci et bravo pour tout tes efforts.

Je lui souris et reprends ma route vers la terrasse. Je retrouve Reina qui me sourit, elle ne peut pas être plus démonstrative : son oncle Giorgio, sa femme et leurs adolescentes de filles sont aussi à table. Mais sa main vient chercher la mienne sous la nappe. C'est discret, c'est doux mais c'est assez pour me faire fondre moi le coeur de pierre.

*******

Reina a revêtu une magnifique robe noire au bustier soutenu par deux bretelles en satin noir et à la jupe évasée qui s'arrête en dessous du mi-cuisses. Elle porte de très belles chaussures Gucci, des bijoux dorés très brillants et ses médailles de baptême.
La chapelle est magnifique, toute décorée de rouge, de bleu et de blanc avec des ornements dorés. La religion est très importante comme l'avait souligné Reina et elle compte aussi beaucoup pour moi même si je ne le manifeste pas.
Cette cérémonie se fait en petit comité mais il y'a le parrain de Reina, ses parents et grands-parents, ses oncles et tantes, son cousin et moi. Les cousines ne sont pas mêlées à tout ceci car elles ne font pas partie activement du clan. Reina est la seule femme à y travailler.
Elle se tient debout face à la petite assemblée alors que sa mère verse une larme de joie et qu'Enzo sourit largement sans pourvoir s'arrêter, ils sont fiers d'elle et du chemin qu'elle a parcourut et je comprends d'autant plus l'émotion de Giulia depuis que je connais les conditions de la naissance de Reina. Je comprends mieux ce lien indescriptible qui les unit si fort.

Nino s'avance et la bénit d'un signe de main sur le front puis dépose un baiser entre ses deux yeux. Elle lui réponds d'un signe de tête avant de prendre la main droite de son grand-père et de l'envelopper dans les siennes. Elle récite avec une voix basse un serment différent du mien et Nino annonce alors, toujours en se faisant tenir les mains :

Nino: Mon pouvoir me quitte et va à Reina Cortesi, descendante de Domenico Cortesi, petite-fille de Nino Cortesi et fille de Nino Cortesi. Elle sera la Donna à partir d'aujourd'hui, elle sera notre guide et notre chef. Viva la Donna Cortesi !

L'assemblée s'écrie de la même phrase et chacun va ensuite féliciter Reina en lui embrassant le dos de la main droite. C'était une cérémonie très rapide mais elle m'avait prévenu que ça ne durerait pas dix minutes, c'est un moment follement important mais peu démontré car aussi très secret.
Je vais la voir en dernier et lui fais le baisemain sur la gauche. Oui, je suis un insolent. Je lève les yeux vers elle alors que tout le monde quitte peu à peu la chapelle. Elle me sourit d'un air suffisant qui pourrait m'appartenir.

Reina: Tu ne respectes même pas la règle...
Moi: Moi, je veux ton cœur plus que ta protection.

Elle pose alors une de ces mains sur la mienne et me sourit. Je comprends tout ce qu'elle me dit à travers ses yeux. Je lui propose alors mon bras et nous sortons de la petite chapelle qui est effectivement accolée à la maison en toute discrétion.
Dehors, une magnifique table de banquet nous attend. Elle a été préparée par les gouvernantes de la famille  et tout le monde passe un excellent moment à table avec toujours beaucoup d'animation. Cet endroit est réellement magique. Je suis assis à côté d'elle et nos regards ne trompent pas malgré le fait que nos démonstrations mutuelles soient impossibles.
Le temps défile vite et le soleil tombe sur la vallée qu'on aperçoit d'ici. Les cousins de Reina discutent tous ensemble, les femmes et les hommes aussi. Il n'y a que moi, petit Cristiano Giovanelli seul intru dans cette réunion de famille qui est un peu à part. En réalité, je suis resté à table alors que tous se mettaient dans des coins distincts pour discuter de façon plus à l'aise, en petits groupes.
Il n'y a que Reina à table avec moi qui joue avec sa part de gâteau aux oranges. Je vérifie qu'il n'y est personne autour de nous et passe ma main pour la poser au dessus de son genou. Elle rêvait automatiquement à ce contact et son regard vient chercher le mien. Elle se penche vers moi, m'offrant l'image de son pendentif de baptême au milieu de son décolleté.

Reina: Ne t'endors pas maintenant, il y'a le bal sur la place. Nous irons dans une heure je pense.
Moi: Je suis fatigué.

Elle sourit d'un air moqueur. Elle sait que je plaisante mais c'est ce que j'adore chez elle : elle rentre dans mon jeu.

Reina: C'est ça d'avoir vingt-quatre ans, on commence à se faire vieux.
Moi: Bien sûr, moques toi, tu verras sur la piste tout à l'heure !
Reina: J'ai hâte de te voir danser le twist, Monsieur l'homme préhistorique.

Elle rit sans s'arrêter et sa voix me rend heureux. Pourtant, c'est bien elle que je comptais inviter à danser ce soir, je suis lassé de cacher mon attachement pour elle à tous.

Moi: Et bien l'homme préhistorique ira danser avec d'autres jeunettes si celle qu'il convoitait de se fiche ainsi de sa figure.
Reina: Oh mais la jeunette serait ravi d'accompagner un homme de grand âge.

Je me mets à rire avec elle, on est juste contents d'être ensemble e toque tout entre nous se passe bien mieux qu'au début. C'est sans doute le fait de mettre son orgueil et sa fierté de côté, Angelo avait raison.

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