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Sur le toit de l'internat du Lycée, un manteau blanc poudreux, de 20 centimètres, recouvrait les installations techniques et reflétait le halo orangé grisâtre, issu de la pollution lumineuse civilisatrice, au milieu des vapeurs des conduits de la chaudière d'appoint ou des cuisines. Avec la nuit, le climat se raidissait sur ce faîte et pressait le pas de visiteurs noués.
Un passage avait été dégagé pour les élèves en mal d'écoute, de compréhension et venus, après les cours du soir, témoignés de leur calvaire, dans le local, le refuge, laissé par le Directeur à Luo Yin et ses proches.
L'éclairage filtrait par les deux lucarnes embuées et des sons de sanglots, de réconforts, frappaient les murs en béton de l'enceinte encombrée.
Deux duos constitués pour les circonstances, sur des tables éloignées, avec des paroles feutrées malgré les récits, Luo Yin et Huo Lan, 18 ans, le second de Gu Hai durant les grandes manœuvres du nettoyage du Lycée, Yan Mia Lu, à peine 17 ans, génie de son état et Shao Cui Ju, 18 ans, son binôme en sciences et dans la vie, ces deux-là, s'étaient trouvées sur tous les plans, écoutaient attentivement, une compassion dans un geste, un regard, pour le courageux ou la courageuse, parvenu(e) jusqu'ici.
Le Lycée vivait des instants dramatiques et l'atmosphère, autrefois propice à l'émancipation, à l'étude, virait au cauchemar pour le corps enseignants et les administratifs.
La défiance envers l'autorité, les homosexuels-(les) proclamés-(es), était sur tous les visages et dans toutes les têtes. Pas une journée sans un incident homophobe, raciste, envers les minorités ethniques, même l'origine sociale des plus démunis, des plus précaires, étaient sujet à des altercations. Pourtant, la grande majorité des lycéens étaient issus des couches déshérités de la croissance chinoise.
Le Directeur accusait mal les coups de canif à son tableau idyllique et le travail de longues semaines. Son adjoint et remplaçant, Hou Lin Chang, 48 ans, un temps tenté par la politique de la terre brûlée, mesurait à présent les dangers sous-jacents, tapis dans les cerveaux juvéniles. La mort violente d'une élève, sans comptabiliser les mots tendancieux, les gestes malheureux, les actes dégradants, avait réveillé sa conscience de citoyen, d'humain, de Grand Timonier et depuis, il s'échinait à contenir la vague noire qui menaçait d'ensevelir son établissement.
Il était au fait des largesses de son doyen, notamment le foyer de son protégé et estimait cette tolérance, comme une soupape pour toutes les victimes, le Ministère, incapable de gérer la situation, volontairement ou pas. Pareillement, les déjeuners du Jeudi, organisés par Luo Yin, successeur de son mentor et transmetteur de savoirs, son Cher ami, dans le restaurant de leur initiation mutuelle, étaient un palliatif, une voie possible dans leur domaine de prédilection, pour des individus malmenés.
Un jeune homme observait tout ce manège, avec un certain effroi et le recul de son expérience.
You Qi, sur le canapé de la pièce surchauffée, auscultait les mines déconfites, les yeux fuyants et la détresse, dans les traits de ces camarades. Dire que je me croyais mal loti...
