Chapitre 3 : Le Poids des Promesses

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A l'autre bout du monde, dans uneforêt aux nuances automnales :


Jeregardais fixement les deux chairs qui m'escortais. Légèrement enretrait par rapport à eux deux, je ne pouvais m'empêcher de medemander pourquoi j'étais victime d'un rapt passif comme celui-ci.J'aurais très bien pu m'échapper, surtout que je suis convaincu depouvoir les semer à grande vitesse, je suis un centaure ! Leroi des centaures qui plus est ... J'étais roi des centaures,puisqu'ils m'ont arrachés à mon peuple. Rah les damnés ! Ilsne m'ont pas forcés à les suivre, ils m'ont avertis d'un danger. Jeleur ai fait confiance naïvement mais je me demande s'ils ne mepréparent pas une pire destinée que ce à quoi ils m'ont dérobés.Mon visage s'est soulevé difficilement et j'ai défiguré l'entitéà ma droite qui se tenait sur ses 4 pattes. Ergit, c'est un tigre, àpeu près semblable aux félins éponymes qu'il m'est était donnéde voir, à la seule exception qu'il était fait de cristal. Je suispresque sûr que c'est du cristal parce qu'il émet un sifflementscintillant lorsqu'il marche. Il reste néanmoins un amas de pierreprécieuse fragile. Au fur et à mesure que je pensais à lui, jevoyais son oreille réagir, comme s'il entendait ma voix intérieure,et maintenant que j'y pense, il ne s'est jamais directement adresséà moi. Lorsque j'ai considéré ces mots, il a brusquement tournéla gueule vers ma direction. J'ai croisé son regard alors que j'eusvoulu l'esquiver. Il n'était pas menaçant, seulement observateur.J'en ai donc conclut qu'il fallait rapidement que je scrute l'autreindividu : Nogard. C'est apparemment un dragon. On peut le voircomme ça, oui, en effet. De mon point de vue j'ai plutôtl'impression d'apercevoir une ribambelle de baudruches grossièresqui sculptent un corps de lézard bouffie et ridicule. Là encore,Ergit a dévoré mon jugement des ses yeux brillants et cette fois-cisa gueule était ouverte. J'ai donc cessé de les analyser, bien tropcouard de songer à un retour de griffe, offert part la statue dequartz hyalin. Et puis, seul, j'ai commencé peu à peu à faire ledeuil de mon peuple et de l'endroit que je quittais, les centaures,les chevaux sauvages qui galopaient sans meilleur élan que laliberté qui gouvernait leurs pas saccadés.


Nousmarchâmes longtemps sous les feuilles mourantes d'une forêtéquinoxiale aux onces vives qui convoquait ma nostalgie. L'ocrevéreux saupoudrait les troncs d'arbres et tapissait le plancher dela sylve auxquels s'ajoutaient des tiges vermoulues de bambous. Unsoupçon de nuances ambrées et vermeils ajoutaient à mon suppliceune note désagréable d'une beauté amère que je savais pasadmirer. Je fixais le sol, et voyez par ci et par là le vermeil desang sur quelques feuillages délaissés. La frondaison fanait commemon cœur, las de quitter une vie qui me satisfaisait pleinement etoù ma seule directive était mon affranchissement.


Cela fait quelques jours que je marche avec eux. Ils m'ont l'air bienplus sympathique qu'auparavant. Tout de même, je ne me laisse passubmergé par les bons sentiments, sur mes gardes je me tiens prêt àtoute éventualité. Au fond, je ne sais ni ce qu'ils me veulent nipourquoi ils ont cherchés à me protéger d'un soi disant assassinatcontre ma personne. Nous approchions de la sortie de la forêt debambous et des arbres d'automnes. Nogard s'adressa à moi :


Nous allons traverser cette grotte.


En plus d'être un dragon à l'allure grotesque il était aussi uneboussole déréglée aux directives floues. Mais le sénile lézardplanant avait effectivement raison et après quelques fouléessupplémentaires nous arrivions devant l'antre d'une montagneescarpée. Sans un mot, et c'était de coutume depuis ma saisie, nouspénétrions dans la roche. Tout s'assombrit autour de nous.Aussitôt, le tigre m'offrit l'un des plus beaux spectacles qu'ilm'eut été donné de voir. Une lueur faiblarde, blafarde puis topazesembla ressuscitée dans le corps du fauve. La lumière grandissantefut esclave d'une prison de verre qui réfléchissait ses reflets surchaque pierres que la grotte dévoilait désormais. Cette étincellede vie se diffusait dans toute notre périphérie et chassaitl'appréhension de s'engouffrer ici-bas. Ce fut comme si une envoléede lucioles dansait sur les parois humides de la cavité et nouscreusait le chemin jusqu'à la sortie. J'étais tant ébahi devantcette singulière noblesse que j'entrouvris la mâchoire sans m'enrendre témoin. Le tigre rompu le silence :

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⏰ Last updated: Dec 24, 2018 ⏰

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