CHAPITRE 41

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John ne répond pas, laissant planer le plus de doutes possibles au cœur de l'habitacle.

- Je ne sais même pas ce que je fais dans cette voiture ! Crie-Lou en laissant claquer ses mains sur ses cuisses, signe d'agacement et d'anxiété.

John se contente de donner un coup sec avec son volant, arrachant à Lou un petit cri.

- Ne commence pas à crier. Tu obtiendras des réponses en temps voulu. En attendant, retourne-toi.

Lorsque ces mots viennent frapper mes oreilles, mon cœur rate un battement. Je ferme les yeux précipitamment, faisant croire que le sommeil m'a emporté. Un cri étouffé s'échappe de ses lèvres.

- James... Dit-elle dans un murmure à la fois doux et remplit d'inquiétude.

Sa voix vient me caresser à travers la couverture, et vient s'enrouler autour de mon ventre et de mon sexe. J'ai envie d'elle, même dans l'état dans lequel je me trouve, j'ai envie d'être en elle. L'emprise qu'elle a sur moi est telle que je frissonne de tout mon corps. Je me retiens au maximum pour ne pas ouvrir les yeux, je ne veux pas croiser son regard, je ne vais pas y arriver. Malgré ses yeux brûlants que je sens sur moi, je ne cède pas.

- Qu'est-ce qu'il fait ici ? Je croyais qu'il devait rester toute la nuit à l'hôpital ! Qu'est-ce qu'il y a de plus important que sa santé ? Demande-t-elle avec un ton accusateur.

Je ne peux alors pas m'empêcher d'étirer légèrement mes lèvres en un sourire. « Ma petite rebelle. »

- Il va bien. Il a simplement besoin de repos maintenant. Je devais partir le plus vite possible avec lui.

Il laisse quelques secondes planées avant de répondre.

- J'ai vite compris que si je ne t'avais pas emmenée il m'en aurait voulu toute ma vie. Dit-il d'une voix qui est loin d'être enchantée.

- Je vois. Je ne suis qu'un poids pour vous.

John grogne mais ne répond rien, la réponse semble évidente.

[John]

Après quelques kilomètres parcourus sous le ciel rosé du matin, je décide de parler avec Lou.

- Maintenant gamine, il faut que tu me racontes tout.

Je sens sa tête se tourner dans ma direction.

- Qu'est-ce que vous voulez dire par « tout » ?

- Pourquoi tu t'es retrouvé avec James à l'hôpital, ce que vous aviez prévu de faire.

En réalité, je connais une partie de la réponse. Avant de me rendre à l'hôpital afin de trouver James, j'ai rendu visite à sa tante Evangeline. Nous avons discuté de sa sœur Rose, la mère de James, mais aussi de mes intentions concernant ses secrets, et le gang qu'elle menait.

[Flash-back]

Le bruit de mes boots humides résonne au fur et à mesure que mes pas s'approchent de l'entrée du bar-restaurant dans lequel la sœur de Rose travaille. La porte se claque derrière moi après mon entrée et je suis soudain épris d'une certaine nostalgie. Des moments passés dans cet endroit j'en ai tellement que toute une journée ne serait pas suffisante pour les raconter. Je me dirige précipitamment vers le bar, attendant avec impatience qu' Evangéline apparaisse.

- Décidément, c'est mon jour de chance !

Je me tourne en direction de la fameuse voix, et aperçoit un visage tout sourire.

- Ça fait bien trop longtemps ! Je réponds avec le même enthousiasme.

Evangéline s'approche de moi tout en attrapant un verre pour y verser une bière. D'un geste contrôlé elle la fait glisser dans ma direction.

- J'ai croisé le p'tit tout à l'heure et maintenant c'est toi !

Je sirote ma bière tranquillement tout en la scrutant.

- James ? Je demande en déposant le verre à présent bien entamé devant moi.

- Oui.

- Je suis venu le chercher. Je dois lui parler du secret de Rose.

Ses yeux s'illuminent de cette flamme si particulière qui la faisait briller lorsque sa sœur faisait encore partie de cette Terre.

- J'ai toujours la veste John tu sais, je n'ai jamais pu m'en débarrasser.

J'ai soudain l'impression qu'une main puissante comprime ma poitrine, m'empêchant de reprendre mon souffle. Evangéline a gardé la veste en cuire de Rose. Je me souviens encore de sa couleur rouge décorée du même motif que tous les autres membres du gang au sommet de son dos.

- Je n'en doute pas. Elle nous manque à tous.

Ses yeux s'emplissent de larmes et elle opine de la tête.

- Il doit savoir Evangéline. James est un homme maintenant.

- Je sais. Dit-elle tout en baissant la tête afin de sécher discrètement ses joues qui contiennent à présent quelques perles salées.

- Il faut que j'aille lui parler, il doit venir avec moi.

Elle sourit puis vient poser ses avant-bras sur le comptoir de manière à se rapprocher de mon visage.

- J'crois bien qu'il prépare quelque chose.

Je fronce les sourcils tout en la regardant dans les yeux. Au bout de quelques secondes, elle tourne sa tête de chaque côté et pose de nouveau ses yeux sur moi. Elle se redresse et me fait un signe discret vers la droite avec son menton. Je ne proteste pas et me lève directement, tout en gardant un air naturel et décontracté. Lorsque je la rejoins lentement, elle me fait entrer dans une petite pièce meublée d'un lit et d'un petit bureau. Elle referme en vitesse la porte derrière nous et décide de la fermer à clés par précaution.

- C'est ici que j'ai emmené le p'tit tout à l'heure pour être tranquilles. Je suis la seule à avoir la clé.

Je m'assois sur le matelas qui s'affaisse légèrement sous mon poids. Evangéline me rejoint et vient s'installer à mes côtés.

- Il veut partir John. Je l'ai sentis quand je lui ai parlé. Son père est...

Elle marque un temps d'arrêt, comme pour chercher les bons mots.

- Il est mort. Dit-elle dans un murmure.

Je contracte ma mâchoire tout en fermant les yeux. Je ne suis pas venu ici en imaginant tout cela. Je me ressaisis en me disant que l'homme qui est à présent mort est celui qui a violenté James, et non celui que Rose a épousé des années auparavant. Cet homme remplit de violence était un imposteur. Cela faisait bien longtemps que je ne le considérais plus comme mon frère.

- Comment c'est arrivé ?

Elle hausse les épaules en guise de réponse, elle en sait autant que moi à présent. Un long silence pèse entre nous. Je me décide à le briser en me recentrant sur la raison de ma visite.

- Tu connais ce gamin comme si c'était le tiens Evangéline, tu penses vraiment qu'il veut partir ?

- T'sais très bien que la seule chose qui retenait le gamin ici c'était son père et son âge. Maintenant il est majeur, et il voulait absolument trouver Mandy quand il est venu me voir.

Je place mes coudes sur mes genoux et glisse ma tête au creux de mes mains. Mandy et James ont toujours été ensemble petits, et je suis bien placé pour savoir que ce duo prépare toujours de mauvais coups.

- Dans ce cas, je dois le trouver.

[Fin du Flash-back]

- Je ne connais rien de vous. Je ne vous dirais rien tant que je n'en saurais pas plus sur la personne que vous êtes.

Mes mains se crispent sur le volant. Cette gamine est vraiment têtue, James et elle forment un duo infernal, j'ai du souci à me faire.

James. TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant