QUARANTE-ET-UN

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PERRIE

Je regardais le plan de travail d'un œil distrait, apercevant Zayn couper des tomates dessus. Après notre discussion, il m'avait proposé de rester parce qu'il commençait à se faire tard, et il semblait y avoir du monde de partout à cette heure ci. Sans mentir, c'était une excuse vraiment bidon, mais j'avais décider de marcher dans son truc. Je ne risquais pas grand chose avec un dîner, même si je ne pouvais pas nier le fait que j'avais peur que ça aille trop vite. Après tout on s'était pas encore tout dit et c'était encore très frais comme discussion.

Je le vis attraper une casserole sans quitter des yeux sa préparation, l'air très concentré sur ce qu'il faisait. Je frottais mes paupières qui commençaient à se faire lourdes, enlevant en même temps la moitié du mascara avec mes doigts. Je stoppais mon action en réalisant l'erreur que je venais de faire.

« Quelle merde, chuchotai-je avec exaspération. »

Je rouvris les yeux en sentant les paquets du maquillage, que j'avais sans faire exprès foutu sur mes cils en trop grande quantité. Je ne pus m'empêcher de soupirer en apercevant mes doigts noirs, collants et mes yeux. Non, je préférais même pas en y penser. Tant pis, pensais-je, je lancerais peut-être une nouvelle mode. J'ai entendu dire que les pandas étaient réputés pour être mignon en plus.

« Tu peux t'allonger si tu veux, affirma Zayn.

__Non t'inquiètes. Je garde un œil sur toi comme ça.

__Je vais rien brûler aujourd'hui, dommage pour toi. Tu pourras même pas essayer de te foutre de ma gueule tellement ce sera bon! assura-t-il en ajoutant un épice à sa préparation.

__Je demande à voir, charlatan.

__Bouge pas barbie. »

Du coin de l'oeil, je vis Zayn attraper une cuillère dans le tiroir pour venir la plonger dans la casserole. Il souffla un instant dessus avant de mettre sa main dessous, contournant les meubles pour l'emmener jusqu'à moi. Je souris en pensant à la prochaine connerie que j'allais lui sortir.

« T'es nul, tu viens même jusqu'à moi! t'es à ma merci, c'est bien ce que je me disais.

__Je vais t'étouffer avec la cuillère, tu vas rien comprendre toi par contre!s'exclama-t-il en arrivant jusqu'à moi. »

Avant que je ne puisse répliquer, il m'attrapa doucement le menton pour m'inciter à ouvrir la bouche. Il approcha la cuillère de mes lèvres pour qu'elle l'atteigne finalement, laissant le liquide encore chaud arriver jusqu'à ma gorge. Un petit sourire se forma sur mes lèvres quand je reconnus ce qu'il préparait.

« Des spaghettis? demandai-je en savourant encore un peu le goût qu'il me restait dans la bouche.

__Bien vu, répliqua-t-il en hochant la tête. Tu penses toujours ce que tu disais?

__Plus vraiment, mais ça pourrait changer si tu te rates.

__Je te l'ai dit; je ne me raterais pas, affirma-t-il en s'éloignant avec la cuillère. »

Je secouais la tête pour montrer ma désapprobation, même s'il avait déjà le dos tourné. Il était beaucoup trop confiant, à tout les coups ses spaghettis allaient devenir des poils de balai tout dur.

Bougeant de trois coussins, je me reculai pour laisser mon dos atteindre l'accoudoir où j'avais calé l'accessoire. Mes yeux retombèrent sur le brun à quelques pas de moi, laissant mon regard se balader sur sa personne. Je le regardais un instant, l'air dans son élément avec sa cuisine. Je me souvenais de ce que j'avais dit à Jesy il y a trois ans. Moi, paumée à regarder l'horizon entrain d'expliquer que j'avais perdu mon temps avec un mec pareil. Ce jour là, la brune m'avait répondu que j'avais tord. On ne perd jamais son temps à apprendre de ses erreurs. Malgré l'envie qui ne la quittait pas d'aller lui botter sévèrement le cul, son passage dans ma vie avait été bénéfique, peu importe ce qu'il en résultait. Parce que j'avais apprit des choses? sûrement, sinon j'y comprendrais rien.

          

Je jetais un nouveau coup d'œil au brun avant de soupirer. Bon sang, il fallait que je la lui pose.

« Tu l'as vraiment recouvert, pas vrai? affirmai-je en brisant le silence.

__De quoi tu parles? demanda-t-il, relevant quelques instants la tête vers moi avant de rapidement se concentrer sur la casserole lui faisant face.

__Le tatouage. »

Presque allongée sur le canapé du brun, je regardais son regard se porter sur les quartiers de tomates que le couteau entre ses mains était en train de couper. Il avait un air impassible, il donnait l'impression que rien ne pourrait le dérouter de son objectif; couper toutes ces tomates en quartier. Je soupirais en frottant à nouveau mes yeux, faisant abstraction de mon look de panda. Pourquoi je lui avais demandé ça? je regrettais déjà. Visiblement, la question n'avait pas suffisamment faite le tour de ma tête, et ma langue avait oublié quelques déglutitions au passage.

« Pourquoi tu me demandes ça? demanda-t-il à nouveau.

__Laisse tomber, je veux pas savoir. C'est sorti tout seul.

__Si tu tiens, commença-t-il en relevant à nouveau la tête avant que je ne le coupe.

__Non, oublie ça. »

Je m'obstinais à regarder attentivement les esquisses sur le mur, tentant par la même occasion d'éviter son regard. Beaucoup de couleurs ornaient les murs proches du blanc dans cette pièce, et j'avais du mal à trouver ça lait. C'était clair et précis, l'idéal comme détail au décor. J'étais presque sûre que Zayn les avait fais lui-même. Passionné d'art et de musique, mais surtout créatif. Ça lui correspondait bien.

« Je l'ai vraiment recouvert, finit-il par dire. Mais au fond tu le savais déjà.

__J'avais déjà remarqué oui, mais je voulais m'en assurer.

__Pourquoi, si tu l'avais vu? demanda-t-il d'un ton cherchant à en apprendre plus.

__Je pensais qu'il y avait des chances pour que tu ne l'aies pas...recouvert avec de la vrai encre. C'était stupide, je sais, reconnus-je. »

Du coin de l'œil je le vis hocher la tête, baissant progressivement son regard pour le laisser retomber sur ses tomates et poivrons. Je mis mes mains sur mon visage en secouant la tête, ravie de m'être encore ridiculisée avec mes manies. J'aurais définitivement pas dû ramener ce sujet là sur la table.

Un silence s'installa dans la pièce, lui-même entre-coupé par des bruits de bulles éclatant au loin. Le peu de lumière présente éclairait à peine les visages, mais c'était suffisant pour garder une once de mystère dans la pièce. Je laissais ma tête heurter l'accoudoir en essayant d'arrêter de penser à ce qui venait de se passer. Il fallait définitivement que je comprenne qu'à certain moment, il fallait juste la fermer.

« Perrie, entendis-je la voix de Zayn appeler, c'est ton portable qui sonne. Le mien a plus de batterie. »

Je relevais la tête après sa remarque. En tâtant les poches de mon jean, je retrouvais le précieux appareil livrant toutes ses tripes à vibrer comme jamais. J'entendis Zayn légèrement rire.

« T'as pas senti tes fesses vibrer? demanda-t-il.

__Non, j'ai même pas entendu. Mais toi, t'as bien du mater pour le savoir!

Glory DaysWhere stories live. Discover now