L'important, c'est de participer ...

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Je relève ma tête doucement, et tombe nez à nez avec Drogo. Il n'a pas bougé d'un millimètre, comme si notre bousculade avait eut l'effet d'un courant d'air. J'ignore pourquoi, mais à chaque fois que je touche l'un des Bartholy, je ressens cette froideur... Je l'avais déjà remarqué la première fois où Nicolae m'a serré la main. Drogo est toujours un mystère pour moi, mais il s'est un peu calmé depuis mon arrivée. Il me salue, blasé, puis enchaîne :

« Tu as quel cours ce matin ? »

« Cours avec Jones, d'ailleurs on est pressées ! » lui rétorque-je.

Son expression change lorsque je prononce le nom de mon professeur. Soudain, je crois presque entendre un grognement de mécontentement. Je le vois rarement avec cette expression... En fait, je le vois rarement avec des expressions tout court. Sarah me prévient qu'elle entre dans l'amphi pour prendre nos places. Je reporte mon regard sur Drogo qui, malgré son air taciturne, semble décidé à vouloir me dire quelque chose... surement une mauvaise réflexion encore :

« Écoutes, j'ai vraiment pas le temps de m'occuper de toi Drogo, on se voit au Manoir. »

« Ouais, fait juste gaffe à ce Jones... »

Je me retourne pour lui répondre, mais il a déjà disparu dans la foule d'étudiants. Comme d'habitude je dois passer le mur de groupie qui attend notre professeur devant son pupitre. Je rejoins Sarah qui m'attend patiemment.

« C'était quoi son problème à Drogo ? » me demande-t-elle.

« Rien de bien important. Heureusement que cette rencontre ne nous a pas empêcher d'avoir de bonnes places ! »

« Oui, tellement ! Pauvre Monsieur Jones, avec Samantha et sa horde pour comité d'accueil, il a décroché le pompon. » Réplique-t-elle d'un ton sarcastique.

C'est sûr qu'il a du succès... C'est le plus jeune professeur de la faculté, il n'a pas encore atteint la trentaine, c'est un beau ténébreux aux cheveux noir comme l'ébène qui a voyagé à travers le monde, et découvert des endroits mythiques. Il est connu et respecté du corps enseignant de l'université pour sa thèse qui lui a valu d'être majeur de sa promo. Et puis, c'est vrai qu'il est vraiment bien fait... physiquement, je veux dire. Non pas que je fantasme sur lui, mais je sais reconnaître la beauté quand je la vois. Mais je ne suis pas au point de l'aduler comme ces filles. Je le respecte en tant que professeur, et son parcours ressemble fortement à mon idéal de carrière. J'espère être à la hauteur de mes espérances : avec le cours de Monsieur Jones, je sens que j'approche chaque fois un peu plus de mon but... Mais avec Samantha et compagnie, c'est impossible d'avoir un peu de temps avec lui pour lui poser des questions à la fin du cours. Ah... Samantha... Si elle n'avait pas sa beauté, je me demande ce qu'elle aurait pour elle. Il est vrai qu'elle a un physique très avantageux (en même temps c'est la règle pour être capitaine de l'équipe des Cheerleaders de l'université –un peu cliché, ne trouvez vous pas ?-). Parfois je me demande si elle ne joue pas de son image de fille naïve... surtout pour Loan (le chef de l'équipe de Foot de la fac). Elle est un vrai pot de colle avec lui, mais je trouve qu'ils se correspondent bien : avec les multiples tentatives de drague de ce cher Loan, envers moi ou d'autres filles. Mais bon, ce n'est pas du tout mon genre d'homme... Bien que je n'aie pas défini mon genre en fait... Sébastian Jones ? Pourquoi cette idée me vient-elle en tête tout à coup ? Le voilà qui arrive d'ailleurs, il entre dans l'amphi et monte l'estrade en saluant ces étudiants. Son regard survole l'assemblée et se pose quelques secondes sur mon ami et moi. Je vois comme un rictus de satisfaction sur ces lèvres, mais je n'y prête pas plus d'attention. Le cours commence, et les groupies rejoignent les sièges. Mr Jones active son diaporama :

Is it or is it not ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant