La mort d'une sœur ~ Shawn Mendes ~ (Finie)

Chapitre VI

Le lendemain matin, en me réveillant, je vis que Shawn ne dormait plus. Je lui demandai doucement :
- Comment va-t-on découvrir la vérité ?
- J'allais te poser la même question.
- On ne peut pas retourner poser des questions à la police. S'ils savent qu'on est au courant qu'un truc louche se passe, ils feront tout pour nous bloquer. On peut retourner chez elle. Maintenant que l'enquête est fermée, la loi nous l'autorise, non ?
- Oui, je pense que c'est la seule chose que nous pouvons faire pour l'instant.
Chose dite, chose faite. Nous partîmes en fin de matinée. Avoir un but comme ça me permettait d'enfouir la tristesse, et de réfléchir. Je crois que c'était aussi le cas de Shawn, depuis la veille il était devenu plus déterminé que personne. Une fois devant la porte, je lui demandai :
- Tu es sûr de vouloir rentrer ? Il y aura encore son sang par terre, et puis l'odeur ne sera pas ouf non plus...
- Ça sera pareil pour toi.
- Shawn, je suis habitué ça. Je travaille dans un hôpital, j'en vois tout le temps.
- Je ne te laisserai pas y aller seule.
- Tu devrais, ça va être dur à revoir maintenant.
Il ne répondit pas. Sa main se glissa dans la mienne, et avec l'autre, il enfonça la clé dans la serrure. Je ne me trompais pas. Quand la porte s'ouvrit, un flot de souvenirs me remonta en mémoire. Je sentis l'homme à côté de moi se crisper en attendant la fin de l'afflux, cette fin qui n'arriverait pas. Toujours submergée d'image en tête, j'avançai doucement. L'odeur du sang séché me sauta au nez et je chancelai. Malgré que je la connaisse par coeur, elle me donna la nausé. Je fermai les yeux pour me calmer, et les souvenirs m'envahir encore plus. Je m'appuyai contre un meyble et respirai un grand coup pour que l'odeur monte. Je la gardai puis expirai. C'était un moyen parmi d'autres pour s'habituer à elle. Mais il fallait un point où se raccrocher physiquement, sinon on titubait beaucoup trop. Mon regard partit à l'intérieur de la maison, je voyais la porte de la cuisine. J'étais prête à avancer, mais ce n'était pas encore le cas de Shawn, je le sentis, mais je savais aussi qu'il ne renoncerait pas. Doucement, je chuchotai :
- Shawn, retourne à la voiture. Nous n'avons pas besoin de voir ça tous les deux.
- Je... Je ne veux pas te laisser y aller seule.
- Il le faut.
Il fit un pas pour se mettre à la même hauteur que moi, puis il s'arrêta net.
- Mon ange, c'est trop tôt. Tu vas te bousiller mentalement.
- Non, ça va.
Il fit comme moi, inspira un grand coup l'odeur horrible. Mais il n'était pas habitué à elle. Il chancela, je le stabilisai, et il avança. Je me mis à côté de lui et nous marchâmes jusqu'à la porte ensemble. Je poussai cette dernière, et je vis la flaque de sang sentant si fort. Sa couleur rouge presque noire ressortait sur le parquet clair. Séché, il formait un cercle difforme au sol. Il y avait une longue trainée sur la façade d'un meuble à côté. Comme si elle n'était pas tombée directement, mais blessée, s'était laissée glisser le long du meuble. Il y avait aussi une trace de sang en forme de main, comme si elle avait essayé de s'échapper après avoir commencé à saigner, mais était tombée dans les pommes avant d'avoir pu faire grand-chose. Il y avait tant de choses faisant penser à un meurtre, mais je ne savais pas si j'avais raison ou si j'essayais juste de me convaincre. Il n'y avait aucune projection, ça n'aurait pas été le cas si le couteau était rentré d'un coup puis ressortis. Et il n'y avait pas de couteau quand Aaron l'avait trouvé... Je ne savais même pas où elle avait pris le coup. Sans m'en rendre compte j'avais avancé. Je n'étais plus qu'à quelques centimètres du sang. Je m'accroupis doucement, j'avais l'impression d'être dans un cauchemar. Il devait y avoir presque trois litres au sol, distraitement, je chuchotai :
- Elle avait perdu largement plus de la moitié de tout son sang... Aaron l'avait trouvé condamnée.
Je me figeai, mon regard se porta sur le meuble ensanglanté. Si elle s'était suicidée, ne se serait elle pas mis le couteau dans le torse ? À ce moment-là, le sang ne serait pas ici. Elle ne se serait pas laissée glisser sur le torse, et si c'était le cas, son menton aurait essuyé en partie le sang, ça se verrait. En regardant la trace je réalisai que le coup avait été forcément soit dans le bras, ce qui n'aurait servi à rien si elle voulait se suicider, soit dans le dos, et là elle n'aurait pas put s'enfoncer le couteau elle-même. Ce n'était pas un suicide, j'en aurais mis ma main à couper.