Chapître 32

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Je suis pile poil à l'heure au rdv. J'aperçois Arnaud déjà installé à une table au fond de la salle du bar. Jehann me fait un discret signe de tête. Il va surveiller de loin, pour le cas où cette discussion tourne au tragique. J'esquisse un sourire et rejoins mon frère. Il me voit, pour autant il ne fait aucun geste envers moi, il ne se lève pas pour m'accueillir, ne me salue pas. Il a toujours été très classe... Je sens que les prochaines minutes vont être pénibles. Plutôt que de rester nous regarder dans le blanc des yeux j'amorce le dialogue

- Tu voulais me voir, je suis là ! Qu'as-tu à me dire de si important qu'il fallait le faire en face à face ? J'ai la voix assurée presque autoritaire, tout l'inverse de ce que je suis en réalité.

- Ouh ! Je vois que tu as repris du poil de la bête, me dit-il, ton petit séjour à l'hôpital t'as fait du bien. Putain le coup bas ! Le connard qui sensément ne me voulait pas de mal. C'est mal engagé.

- C'est la raison de ta présence ? Tu veux finir ce que je n'ai pas été capable de faire !? Je suis déjà furieux. IL FAUT QUE JE ME CALME !!
Jehann arrive prendre notre commande. J'opte pour un coca tandis qu'Arnaud ne souhaite rien, il ne va pas rester plus d'une minute dit-il. Je suis sur le cul ! Il me fait me déplacer pour si peu de temps. Le ton employé à l'égard du barman lui donne droit à un regard furieux de ce dernier. Il attend le retour de ma boisson pour reprendre.

- Mon cher frère, il est en mode offensif tout en employant une voix basse, tu pourras dire que tu me pourris bien la vie. Qu'est-ce que je disais... Papa, maman sont bouleversés, leur enfant chéri a été à deux doigts de rencontrer la faucheuse ! Notre sœur aussi est perturbée, bien qu'elle ne reste pas à chialer comme les parents. Elle a trouvé une distraction, maintenant qu'elle se fait baiser par ton pote le coureur de jupons on peut supposer qu'il parviendra à lui changer les idées. Il est expérimenté.

Du coin de l'œil je vois Jehann qui s'active à nettoyer les tables autour de la notre, vu l'énergie qu'il y met, il n'a rien loupé. Moi je serre les dents sinon je vais lui coller mon poing mais j'ai trop besoin de connaître la raison de ce rdv.

- Depuis que t'es né tu m'as tout pris. D'abord, toute l'attention de papa et maman et plus tu grandissais pire c'était. T'étais tout le temps dans leurs jupes à attendre des baisers des câlins. Et ils ne te résistaient pas, tu étais « si adorable » dit-il en mimant les guillemets. Tu passais la moitié de ton temps dans leurs bras. Et moi dans tout ça, je ne pouvais que regarder ! Mais ça n'a pas suffit, il te fallait plus. Alors quand Fauve s'est installée dans la maison voisine à la notre, tu l'as attirée à toi. Tout le monde t'apprécie, t'aime. Tu es si gentil, si sensible, si mignon et bla-bla-bla et bla-bla-bla-bla. Tu les as tous détournés de moi ! Mes propres parents m'aiment moins que toi ! La seule femme que j'aurai pu aimer tu me l'as prise, elle est amoureuse de toi. Tu te mets toujours sur mon chemin, tu me prends tout. Je suis abasourdi par ces révélations. Il y a une telle haine en lui, ça me sidère.

- C'est pour ça que tu me détestes ? mais c'est n'importe quoi ! Papa et maman nous aiment tout autant, c'est nous qui sommes différents. Pas leur amour pour l'un ou l'autre. Je ne peux pas croire que tu sois jaloux de moi, tu t'es fait des films. Je ne t'ai rien pris. Si tu as perdu des choses, l'affection des gens c'est uniquement de TA faute. Ne rejette pas cette responsabilité sur moi, c'est trop facile. Ta haine pour moi est telle que tu as couché avec ma petite-amie. Tu vas loin dans ton projet de me détruire.

- Tu as parfaitement raison, Morgane c'était pour te faire plonger, on sait combien tu es faible. Ceci-dit au pieu c'est un bon coup pour le reste, ce qu'elle est conne. Mon sang pulse au niveau de mes tempes. Je vais péter un câble. Par contre comme je n'aurai pas Fauve, je ne veux pas que tu l'aies non plus. Achève ce que tu as commencé et ne te rates pas cette fois. Tu rendras service à l'humanité et à Fauve aussi, n'oublie pas tu n'as pas réussi à la protéger.

C'est le coup de grâce, je me lève d'un bond avec l'intention de lui exploser la tronche. Jehann a été plus rapide et l'a attrapé par le col de sa chemise. Il le traîne vers la sortie. Arnaud l'invective tant que tant si bien qu'il finit par se récolter le poing de Jehann en plein milieu du visage. Quant à moi je suis dévasté et le feu recommence son œuvre, ma destruction. Je me cache le visage dans les mains. J'ai honte de ne pas avoir pu réagir. J'entends le rebelle s'asseoir à la table. Sans parvenir à le regarder je le remercie. Il pose sa main sur mon épaule... je redresse la tête subitement et malgré ma vue brouillée par les larmes, je le vois LUI.

- Viens, je te raccompagne chez toi, me dit Adam tout en me prenant la main.

Le trajet se fait en silence. Mais ça ne me dérange pas, ma main est toujours dans celle d'Adam, je ne sens plus que les braises de mon feu, il sera bientôt éteint et j'ai le sentiment que c'est grâce à lui.

A l'appart, il me prépare ma boisson chaude préférée, un chocolat. Lui se fait un café. On n'a toujours pas parlé. Mon regard est plongé dans le sien, il semble si serein.

Sauve-moi des flammes (MxM).                            Tome 1 (à corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant