Chapitre 7

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« Même si tu tombes il faut avancer, le zoo dans mon cœur je peux pas l'oublier... »

Posées dans la chambre de Lilia en écoutant du PNL. Que la mif précisément. En chantant fort et en imitant tous les intervenants de ce son. Que demande le peuple ? On est vraiment des forceuses 2.0. Sur un autre sujet moins joyeux, mes craintes concernant la tranquillité du zoo étaient bien fondées, car en effet en arrivant chez Lilia nous avons été témoin d'une interpellation de jeunes un peu musclé. Mes années passées loin de Corbeil ont dû modifier ma perception des choses, car Lilia n'a même pas réagi et a fait comme s'il s'agissait d'une scène des plus banales :

« Quoi ça ? Mais c'est rien du tout ça ! » se défend Lilia « heureusement t'étais pas là le jour de l'émeute ! Hé dis-toi que y a pas longtemps ils ont trouvé un corps dans le parc de la cité d'en face... »

Ces détails scabreux me font froid dans le dos. C'est dans ces moments-là où je me dis que partir des Tarterêts était quand même une chose positive et que mes parents ont pris la bonne décision, même si cela a impliqué pas mal de sacrifices.

Mise à part ce léger désagrément, et mon lot habituel de sales regards dès que j'arrive, mon début de week-end chez ma meilleure se passait plutôt bien.

« J'ai une de ces envies de graille du sucré...pas toi ? » me demande Lilia en tournant la tête vers moi

« J'osais pas t'en parler... » concédais-je

« Vasy mes darons sont partis depuis jeudi, et la situation est telle qu'il n'y a plus rien à gratter ici » expliqua Lilia

Je tourna la tête vers son réveil électronique, il était plus de 22h, va trouver un truc ouvert à cette heure-ci.

« Vu l'heure, aller faire le plein me paraît compromis... y a plus rien d'ouvert si ? » questionnais-je alors que je connaissais pertinemment la réponse

« Hmm y a bien la supérette de la cité » avança Lilia

« C'est pas craignos d'y aller à cette heure-ci ? » demandais-je un peu inquiète

« Pas quand t'es du coin » dit Lilia en me faisant un clin d'œil

C'est ainsi que nous nous retrouvions dans la supérette des Tarterêts. Rarement vu un espace aussi blindé au mètre carré de ma vie. Egalement le plus diversifié en termes de types de produit, de l'alimentaire, des cosmétiques, des produits d'entretien...bref je m'égare.

Je déambule lentement en observant les lieux, tandis que Lilia reste un moment discuté avec le caissier de la supérette, après qu'on l'ait salué. Je suis toujours fasciné par l'amoncellement de produits qui s'étale sur les murs quand je perçois quelques bribes de leurs conversations :

« Quoi ? Ça continue ? » S'étonne Lilia

« Bien sur ça continue...en vrai ça va cette semaine on s'est fait braquer que deux fois » lui répond le caissier, qui est le fils du gérant de la superette

Chaud. Je précise qu'il a prononcé cette phrase avec le plus grand des détachements comme si se faire braquer était juste un détail insignifiant de son quotidien...comme si c'était normal. En continuant d'écouter leur conversation je découvre qu'en plus des braquages, il y a aussi les vols, les rackets, les dégradations...je me sens mal pour les propriétaires de cette boutique.

Me rappelant soudain l'objet de notre visite, je me dirige vers le rayon confiserie, situé dans un coin un peu reculé de la supérette. Je balais du regard les présentoirs à la recherche de mes sucreries fétiches, je m'accroupis pour analyser les produits disposés dans les étagères à ras du sol.

Dans le vide je vois le monde en entierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant