Adame Broke Je reprends mes ailes

ADAME

C'esttrop bruyant pour moi. J'en ai assez, je veux rentrer. Je me forcepour John. Je sais que si je résiste trop à ses demandes, il nem'amènera pas où Lucky est...

- Tu as une mine affreuse franchement, affirme John, la chope dans une main en me dévisageant.

Jene réponds pas. Je serre les poings sous la table pour m'empêcherde lui en coller une. Ildoit avoir raison...

- Ce n'est pas tellement ton physique le problème.

Mesongles impriment ma chair.

Unmot de trop et je te détruis.

Ily a des témoins, mais je m'en fiche. Au moins, je serai enfermépour une bonne raison.

Est-ceque je suis censé le remercier ou lui mettre mon poing dans lafigure ?

- C'est vrai. Tu es bien habillé. Tu es séduisant à en juger les regards que te jettent certaines filles depuis que nous sommes arrivés...le problème, c'est que tu ne te laisses pas aller, continue-t-il. Je suis sûr que tu n'as remarqué personne.

Jeregarde autour de moi et je me rends compte que le pub est bondé. Jesuis enfermé dans une espèce de bulle depuis que je l'ai perdu.Et c'est une étrange sensation... c'est un peu comme si tout moncorps pesait une tonne et que je n'arrivais plus à bouger. Ma têteest lourde, mes bras trainent au sol, mes doigts sont engourdis, mesjambes vacillent constamment. Je vois les gens vivre autour de moi etpourtant, je n'existe pas. Jesuis le spectateur...

- Tu n'es pas coiffé, à peine rasé. Tu as le regard abattu en permanence.

- Que veux-tu que j'y fasse ? Voudrais-tu que je sourie ?

Jeme force à sourire, un sourire crispé. John se reprend.

- Non. Bien sûr que non... c'est juste que si L...

Jerelève les yeux du menu, mon regard se voile.

Neparle pas d'elle !

Ilfaut qu'il se taise. Je ne veux pas l'entendre. Il n'a pas ledroit de me parler de Lucky. Paslui.

- Elle n'aurait pas voulu te voir comme ça.

Moncœur bat vite et je m'agace.

Qu'est-ceque tu en sais ?

- Je... tenté-je, en mesurant ma colère.

- Je sais que c'est difficile, mais il faut que tu apprennes à vivre avec. Elle voudrait que tu sois heureux.

Mesentrailles se serrent à mesure qu'il parle.

Neviens pas me dire que tu sais ce qu'elle voudrait !

- Je t'en prie, arrête, soufflé-je, les dents serrées.

- Je vois que tu n'es pas bien.

- Stop. Grogné-je.

Jeveux bien rester calme, mais il faut qu'il se taise.

- Je ne te laisserai pas te détruire... ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu.

- ARRÊTE.

Johnse fige. Je vois sa mâchoire se contracter, mais il ne dit rien.J'ai parlé trop fort, les tables les plus proches nous regardent.Je jette un bref coup d'œil autour de moi et replonge dans lacarte.

Jeveux partir !

Jen'ai pas besoin de lui. Pas besoin de sa bienveillance forcée. Pasbesoin qu'il me rappelle ce que je n'ai plus.