Chapitre 7

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Le cours de Créatures magiques suivant fut un cours de pratique. Webber les emmena dans la forêt et pendant un long moment, Mara crut qu'ils n'allaient jamais arriver à leur destination. Mais enfin, ils arrivèrent devant les écuries, un long bâtiment qui sentait le fumier de loin et duquel filtraient les hénissements des créatures - car il n'y avait presque aucun cheval - et les grognements des autres. Webber leur demanda d'attendre un instant dehors et entra dans le bâtiment. 

Mara s'était attendu à ce cours depuis le jour où Webber avait commencé à leur donner les règles de sécurité à respecter en présence de créatures magiques, et plus spécialement de Pegasus.

Cousins romains des pégases, ils avaient cependant un comportement plus guerrier et plus noble. Webber leur avait dit qu'en général, ils obéissaient aux personnes qui les montaient uniquement si celles-ci étaient sèches et dures avec eux.

Lorsque Webber tendit un Pegasus blanc à Mara, celle-ci sourit. Elle tint fermement la corde que lui tendait son professeur et put lire sur la scelle de l'animal "Appledore". Elle attendit que les autres reçoivent leur Pegasus et fixa Webber, qui souriait.

- Contrairement à ce que les contes pour enfants que vous ont lu vos parents, les Pegasus ne sont pas des animaux doux et sages. Ils sont brusques, énervés, conquérants, loyaux, et surtout, vous ne les dompterez pas par de douces poésies.

Il y eut quelques rires, surtout venant des garçons.

- Vous allez faire exactement ce que je vais vous montrer, mais uniquement lorsque je vous en donnerez l'ordre. Les Pegasus peuvent devenir très... disons capricieux. Commençons avec vous, Mara! Appledore piaffe d'impatience.

En effet, Mara avait sentit l'animal à ses côtés bouger et la pousser légèrement. Mara déglutit. Elle n'avait jamais été très à l'aise avec les chevaux; elle préférait de loin le tempérament des chats ou des chiens. 

- Bon, d'abord, il va vous falloir l'enfourcher. Oui, comme ceci, c'est très bien... Prenez appui sur sa croupe... Parfait. Contrairement aux chevaux, les Pegasus vous aideront à monter.

En effet, Appledore s'était légèrement baissé en avant quand Mara avait essayé la première fois de monter sur son dos. 

- Vous pouvez vous aider en vous cramponnant à la base de leur aile; elle est très solide.

Quand Mara fut bien sur son dos, Webber lui tendit les rènes.

- Ils ne servent qu'à vous rattrapper si jamais vous avez le malheur de tomber, lui avoua Webber. Il vous fait surtout vous accrocher à sa crinière. Maintenant, dans les airs, ne lui laissez pas la moindre chance de cabrioller. Dans certains cas, le Pegasus arrive à deviner vos intentions, mais vous le savez déjà, et vous savez tout autant que ça n'arrive qu'après des mois de cohabitation, n'est-ce pas?

Mara hocha la tête. Webber lui demanda si elle était prête, puis donna une tappe sur le flanc d'Appledore qui hénit, prit son élan et s'envola. Mara se tenait fermement à sa crinière et fit ensuite tout son possible pour manier la créature avec le plus de dureté possible et, à sa grande surprise, elle y parvint.

A la fin du cours, Mara était exténuée. Elle rejoignit Spencer et Cédric et tous trois se rendirent au réfectoire, encore grisés par leur expérience.

Le soir, au souper, lorsque tout le monde fut là, Chester surprit tout le monde en se levant et en demandant l'attention générale. Le silence devint implacable et la directrice commença:

- Nous courrons, je le crains, de graves dangers. Le Reliquaire a été vu ce matin au quartier général de la Convention, menaçant un fonctionnaire de lui fournir un laisser-passer pour entrer ici, au sein de la HES. Lorsque l'alarme a été donnée, il a fui, mais le fonctionnaire a pu nous révéler qu'il était à la recherche d'une jeune Sortcelière qui, de toute évidence, vit et étudie ici. Je demanderais donc, pour sa sûreté et la nôtre, à la personne qui a réussi à passer le Travail d'Hiver des troisièmes, de venir ce soir dans mon bureau. Je lui promets l'anonymat le plus complet.

Chester retourna s'asseoir et tous commencèrent à manger. Mara était ahurie. Elle avait perdu l'appétit et ne mangea guère plus qu'un bol de soupe avant de monter dans son dortoir. Elle remarqua le regard de Cédric et ferma les yeux longuement. Quand elle les rouvrit, elle surprit une lueure d'admiration dans les yeux du jeune homme qui semblait presque impressionné par ce que Mara devait endurer.

Lorsque Spencer et elle se retrouvèrent seules dans leur dortoir, sans Eliza, Mara déclara:

- Tu peux garder un secret?

- Bien sûr, si c'est le tien et si tu ne deviens pas mon ennemie, sourit Spencer.

Mara lui avoua alors la vérité à son sujet. Au fut et à mesure qu'elle racontait ce qui lui était arrivé, Spencer ouvrait plus grand les yeux.

- Woah, je ne t'aurais pas crue capable de tout ça... Et Cédric non plus, d'ailleurs...

Mara sourit et regarda sa montre.

- Il est temps que j'y aille. 

Spencer prit son amie dans ses bras et Mara sortit discrètement, contente de voir que la salle commune du dernier étage était vide. Elle se demanda brièvement où Eliza se trouvait, sinon ici, puis sortit et se dirigea vers le bureau de Chester. 

En arrivant, elle toqua et n'attendit pas plus de cinq secondes avant que la vieille femme ne lui ouvre. Elle découvrit alors une pièce très peu différente que celle qu'elle-même avait lorsqu'elle avait douze ans: des figurines amusantes couvraient toutes les surfaces possibles, les tableaux étaient dépareillés et il semblait qu'un ouragan était passé par là.

- Entre, Mara, fais comme chez toi.

Mara sourit, hésitante, et suivit Chester. 

- Vous m'avez dit avoir fait une promesse. Je peux vous demander à qui vous l'avez faite?

Mara resta un instant silencieuse.

- Quand j'ai découvert que j'avais été adoptée, j'ai demandé de l'aide à Peter Black. Il est comme un oncle pour moi, il a toujours été adorable. Il m'a dit que le Reliquaire cherchait une Sortcelière avec des pouvoirs extraordinaires et m'a conseillé de ne pas me dévoiler.

- Oh, Peter Black! Oui, je me souviens de lui. Un excellent Sortcelier... Si seulement il n'avait pas rencontré sa femme...

- Amy Black?

- Vous lui en connaissez d'autres? sourit Chester.

Mara étira ses lèvres, comme pour former un sourire, mais n'y parvint guère.

- Oui, Amy Black n'est sans doute pas la meilleure chose qui lui soit arrivé. Elle avait des... des attirances pour la Sorcellerie noire. 

- La femme de Peter? 

- Oui. Elle est morte dans de tristes circonstances... Mais ce n'est pas à moi de t'en parler.

Mara hocha la tête. Elle voulait entendre la vérité de la bouche de Peter. 

- En tout cas, je me suis dit que les circonstances avaient changé. 

- Et vous avez eu raison de penser ainsi. Cependant... J'aimerais vous demander quelque chose que vous avez le droit de refuser.

Mara grimaça. Elle n'aimait pas trop ce genre de discours et faisait habituellement tout son possible pour les éviter. Mais elle sentait que Chester n'était pas du genre à dévier de son but, surtout lorsque les conséquences étaient aussi importantes. Elle resta un instant silencieuse. 

- Je vous écoute.

- J'aimerais que vous me montriez l'étendue de vos pouvoirs... sans retenue.

Mara baissa la tête. Quelque chose la retenait. Comme si le fait de rendre tout ça réel ferait de son pouvoir bien plus qu'un simple don, elle deviendrait une arme, une arme dont le Reliquaire tenterait par tous les moyens de s'emparer.

Mara hocha la tête.

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