Je suis dans la cuisine, il est midi, personne n'est là. Dave est au travail, Karen aussi, Émilie est au collège et Ethan... eh bien, telle est la question. Je suis en train de recopier les notes que j'ai prises ce matin. L'université est géniale ici, non pas que la Française est mauvaise, mais il y a une bonne ambiance dans la classe, le professeur explique bien et parle toujours au même rythme, il ne presse pas les choses. J'étais un peu perdue, une fille est venue m'aider, j'ai passé tout le cours avec elle en fin de compte. Elle s'appelle Zoë.
Je pique mon omelette avec les dents de ma fourchette et l'apporte à ma bouche, je me suis fait un plat rapide, je veux être en avance. J'ai largement le temps, oui, puisque je commence à quatorze heures cet après-midi, mais je suis comme ça... Je mets en ordre ma dernière phrase et mon téléphone sonne à côté de moi ; c'est un numéro inconnu. Je lâche mon stylo et je décroche, non rassurée.
- Oui allô ?
- Aide-moi, viens vite, je t'en supplie.
- Qui est-ce ?
- C'est Ethan, maintenant s'il te plaît arrête de parler et dépêche-toi !
Je sens la panique dans sa voix et je commence à m'inquiéter.
- Euh... Tu es où ?
Je descends de ma chaise en quatrième vitesse, et attrape ma veste au porte-manteaux. Je coince mon téléphone entre mon oreille et mon épaule.
- Près de la station service.
Il me raccroche au nez, je soupire et je sors. Comme je n'ai aucun moyen de transport, je décide de courir comme si ma vie en dépendait. Je n'ai pas le temps d'attendre un bus, surtout que ça a l'air urgent. Je sens mes mollets brûler, il faut que je continue mais je manque d'air. Je suis près d'une librairie, je m'arrête et me penche vers l'avant pour récupérer un peu de mon souffle. Je reprends ma course en accélérant et en jetant un œil aux panneaux d'indications. Je tourne et trouve les pompes à essence. Je cherche un grand brun du regard, mais je n'en vois aucun.
- Ethan ?!
Une tête brune apparaît soudainement derrière le muret, je reprends mon souffle, il aurait pu me dire qu'il était caché ! Je cours vers lui et pousse un cri de surprise. Je m'accroupis à ses côtés, Émilie est allongée devant nous, les paupières closes. Elle a dû recevoir des coups. Mon Dieu.
- C'est toi qui lui as fait ça ?
Il se tourne vers moi, je manque de tomber en arrière, son regard est pourrait m'exterminer sur place.
- Putain mais tu crois que je tabasserais ma sœur ? Mais t'es complètement cinglée.
- Excuse-moi, je ne voulais pas le formuler comme ça...
Il contracte sa mâchoire et m'ignore royalement. C'est peut-être mieux comme ça.
- Il faut l'emmener à l'hôpital.
- Tu crois ? Tu ne pourrais pas juste la soigner toi-même ?
- Mais ressaisis-toi, ta sœur est inconsciente ! On l'emmène à l'hôpital.
Je me lève et la prends dans mes bras, Ethan appelle les secours derrière moi. Je m'assieds sur un banc, je caresse doucement ses cheveux en lui murmurant que ça va bien se passer. Peut-être qu'elle pourra témoigner à son réveil, qu'on aille porter plainte. Ethan fait les cent pas derrière le banc, j'aimerais lui dire d'arrêter parce qu'il est vraiment stressant mais je me contiens. Ce n'est peut-être pas le moment de lui faire des remarques, d'ailleurs ce n'est jamais le moment.
Une ambulance arrive, ils attachent la petite brune sur un brancard. Ça me brise le cœur de la voir dans cet état. Nous montons, Ethan et moi, dans la fourgonnette. Mes yeux sont rivés vers le visage tacheté de sang d'Émilie. Mais qui a pu lui faire ça ? Elle ne fait rien de mal, et puis elle était au collège... Arrivés aux urgences, nous suivons les médecins, puis nous sommes obligés de rester en salle d'attente, le temps qu'ils fassent ses soins, les radios... Je joue nerveusement avec mes doigts et secoue ma jambe frénétiquement. Ethan souffle et pose sa main sur ma cuisse, je comprends qu'il veut que j'arrête quand je croise son regard furieux. Je soupire en tournant au ralenti ma tête. Je dégage sa main de ma cuisse et sors mon téléphone. Merde, je vais être en retard pour les cours.
- Fait chier.
Je marmonne en rangeant l'appareil dans ma poche. Je fixe le mur blanc en face de moi, mon regard s'attarde sur les portes qui s'ouvrent suite à l'arrivée d'un nouveau patient, une foule de médecins autour. Mon cœur se serre à cette vision, ça me rappelle tellement de choses cet endroit... Je ne peux pas supporter cette ambiance, je me lève et sors de l'hôpital. Je me dirige vers l'arrêt de bus le plus proche. Mon téléphone vibre dans la poche arrière de mon jean, je monte dans l'autocar, m'assieds sur un siège et attrape enfin mon smartphone.
« t'es partie où ? »
Je fronce les sourcils, c'est qui encore ? J'allais envoyer par message la même question que je viens de me poser quand soudain l'inconnu m'en renvoie un.
« C'est Ethan, enregistre mon num. »
« J'ai autre chose à penser, je vais en cours, garde ton cul sur cette chaise, je reviens vers 17h. »
Il ne me répond plus, tant mieux parce que mon bus est arrivé à destination. Je descends en vitesse et cours pour rentrer dans l'université.
16h56.
Je n'ai pas arrêté de penser à l'état d'Émilie. Zoë en est venue à me demander qu'est-ce qui n'allait pas. Je n'arrive toujours pas à m'imaginer qui aurait pu lui faire cette atrocité. Je reprends le bus pour l'hôpital. J'espère qu'ils auront des nouvelles, normalement oui. Et des bonnes j'espère.
Je me dirige vers la salle d'attente et Ethan n'est pas là. Je me décompose. Normalement ce serait le moment où il devrait sortir des toilettes, me faire peur ou je ne sais quoi pour me faire une mauvaise blague. Mais non ! Après tout, est-ce qu'Ethan obéit ? Non.
- Madame Millers ?
Je me retourne, surprise, ce n'est que le médecin. Je le salue d'un mouvement de tête.
- Mademoiselle Simons... Avez-vous des nouvelles sur l'état d'Émilie ?
- Nous allons la garder en observation cette nuit. Mais nous avons prélever de son sang, des traces de drogue du violeur.
Je recule d'un pas, choquée. Elle... a-t-elle était violée... ?
- A-t-on abusé d'elle ?
- Non, c'est comme si il l'avait utilisé juste pour brouiller ses souvenirs.
- Elle ne pourra donc pas témoigner ?
- Malheureusement, il y a très peu de chances...
Je hoche difficilement la tête, on ne saura rien alors. D'un côté, elle n'a pas été abusée mais d'un autre, on ne retrouvera peut-être pas le coupable. Je lui donne le numéro de Dave, et lui dis de prévenir ses parents.
Quand je rentre enfin à la maison, il est dix-neuf heures. Je suis restée dehors, pour souffler et prendre l'air. Je ne peux pas supporter les hôpitaux, j'ai passé trop de temps là-bas. J'ouvre la porte d'entrée, un silence de mort règne dans la maison, ils sont tous réunis autour de la table de la salle à manger. Ils sont au courant. Je ne bouge pas d'un poil, je n'ose rien faire, ils ne m'ont toujours pas remarqué.
- Je ne veux pas qu'elle subisse le même sort qu'Hugo...
Karen lâche une bombe. Qui est Hugo ?
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Love me - TOME 1
Teen FictionNouvelle version de - Le Correspondant Américain : Admiration - Clanaë a dix-sept ans, elle suit ses études pour devenir une infirmière excellente. Elle s'envole pour la Californie, loin de sa famille parisienne, pour repasser son diplôme d'infirmiè...