La rêverie compulsive, ou l'art de se glisser dans la peau d'une autre
"Le trouble de la rêverie compulsive est un trouble du comportement associé au TOC (Trouble Obsessionnelle Compulsif) qui se caractérise par des séances de rêveries intenses. Les phases de rêverie s'accompagne de geste répétitif (piétinement / balancement) et nécessite généralement de la musique, de l'obscurité et de s'isoler.1 Les séances de rêverie peuvent durer plusieurs minutes voir plusieurs heures et se répète plusieurs fois par jour. On peut également observer des mouvements et/ou des émotions en lien avec l'activité imaginaire (expressions du visage, mouvements des lèvres, mouvements des bras, rire, pleure etc. )."
Aujourd'hui j'aimerais vous parler de quelque chose qui me tient à coeur, la rêverie compulsive. Ce trouble du comportement n'a pas encore été enregistré parmi les maladies mentales, et pourtant, il touche des millions de personnes dans le monde, si ce n'est pas des milliards.
Il nous arrive à tous de rêvasser, que ce soit pendant un cours soporifique ou juste avant de dormir. De temps en temps dans la journée, nous avons tous besoin de nous évader dans un petit coin de notre tête, pour mettre à jour nos projets ou bien se ressasser des souvenirs. C'est normal. Chaque être humain a besoin d'échapper à la réalité de temps en temps.
Or la rêverie compulsive consiste en quelque chose de beaucoup plus poussé voire d'obsessionnel. A tout moment de la journée, on ne peut s'empêcher de rêver, de s'imaginer dans la peau de quelqu'un d'autre. On ressent les choses à la place du personnage qu'on s'est créé, on devient triste lorsqu'il l'est. On ne fait qu'un avec le fruit de notre imagination. On vit par procuration.
C'est moi. Ca l'a toujours été. Je me souviens de mes années au collège et au lycée où je m'éloignais de tout, des autres élèves, de ma famille et de tout ce qui me rattachait à la réalité. J'aimais vivre dans les douces illusions sorties tout droit de mon imagination. Je me plaisais à m'imaginer dans la peau d'un personnage différent en tous points de ce que je pouvais être. Une fille belle, intelligente, drôle et entourée d'amis fidèles et de longue date. Une fille qui n'avait pas peur de s'exposer au risque et qui connaissait un succès presque immédiat. Je ne vivais qu'à travers ça, ces souvenirs que je n'avais pas connu, aux côtés d'amis qui n'existaient pas. Et surtout, je connaissais l'amour, le vrai, celui qui fait rêver et qui dans la vie réelle n'existe pas. Un amour puissant qui dure toute une vie, mais ne fait jamais mal au cœur. Ces rêves répondaient à des attentes que ni moi ni les autres n'étions capables de combler.
La rêverie compulsive m'a sauvée à un moment de ma vie. Là où rien n'avait de sens dans la réalité et où tout semblait dénué de saveur, j'en créais dans ma tête. J'étais capable de TOUT contrôler, moi, les autres, ce qui m'était arrivé et ce qui allait m'arriver. Pour une fille comme moi qui a besoin de tout contrôler, c'était vraiment le pied.
Malheureusement, rêver sans arrêt est à double tranchant. Les quelques amis que j'avais et ma famille ne cessaient de me décevoir. Moi-même je n'étais jamais à la hauteur. Ce que je voyais dans le miroir me dégoûtait, les résultats que j'obtenais à l'école étaient insatisfaisants. J'étais toujours trop ou pas assez, alors que dans ma tête, j'étais parfaite. Tout était parfait. Je pensais me satisfaire de mes rêves tout le long de ma vie. J'étais persuadée n'avoir besoin de personne pour être "heureuse". Mais rapidement, mes idéaux sur ce qu'allait être ma vie ont déchanté.
J'ai vu les gens de mon âge tomber amoureux pour la première fois. C'était loin d'être tout rose, mais je n'arrivais pas à oublier leur sourire niais dès qu'ils parlaient de l'autre. Je les trouvais incroyablement vivants. Et puis, j'ai vu des groupes d'amis se former, sortir ensemble, et partager des souvenirs tous plus fous les uns que les autres. Très vite, j'ai réalisé à quel point les vrais souvenirs avaient plus de saveur que ceux que j'inventais.
Puisque la rêverie compulsive n'est pas diagnostiquée comme étant une maladie en soi, la seule personne capable de vous sortir de ce cercle vicieux, c'est vous-même. Et Dieu que c'est difficile. J'ai dû batailler -et je bataille encore - avec ma tête. Quand tout se passe relativement bien dans ma vie et que je me sens bien entourée, j'arrive à m'arracher à mes pensées. Cependant, dès que je rencontre une difficulté, ça recommence. Je rêve, encore et encore, de ce que je crois ne jamais pouvoir obtenir. Avec les années j'ai fini par comprendre une chose : mes rêves que je pensais pour la plupart innacessibles le sont en réalité. J'ai réussi à me trouver des amis extraordinaires avec qui j'ai partagé énormément de fous rires et de complicité. Et puis, j'ai fini par tomber amoureuse. Et là, miracle : quand je suis avec lui, je laisse ma tête de côté et ce sont uniquement les émotions de celle que je suis qui comptent.
Alors à tous celles et ceux qui se sont reconnus dans ce que je viens d'écrire, ne perdez pas espoir. Un jour vous aurez la chance de connaître des personnes qui vous feront vous sentir entier(e). Cela ne durera peut-être pas toute la vie, mais ce n'est pas grave. Le jeu en vaut largement la chandelle.
H.
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Le dernier jour du reste de ma vie
RandomC'est en racontant ses maux qu'on s'en libère. Ceci n'est qu'un rantbook, comme on peut en voir énormément sur ce site. Pour une fois dans ma vie, j'ai envie de parler à coeur ouvert.