Nekfeu en japonais

18.

Samedi 5 mars 2016,
14h56.

À Barbie : jvais me faire un tatouage,
tu m'accompagnes ?

De Barbie : J'arrive

Me voilà assise sur un siège très très très confortable, malheureusement l'aiguille ne l'est pas. Pourquoi je vais me faire tatouer ? Aucune idée j'avais envie. J'accomplis mes rêves avant que ce ne soit eux qui m'accomplissent. Je devrais donner cette phrase à Ken histoire qu'il la place dans un de ces morceaux. En parlant du rappeur menteur il est présentement assis à côté de moi. Sa main serre tellement fort la mienne qu'elle est en train de devenir bleue. Je le regarde en souriant pour qu'il essaye de se détendre et par la même occasion redonner vie à mes doigts. Le tatoueur fait son entrée. C'est un homme d'une quarantaine d'années plutôt baraqué ainsi que complètement chauve. Son corps est entièrement recouvert d'encre. Noir, rouge, verte. Une œuvre d'art vivante.

« Premier tatouage ?

-Effectivement répondis-je doucement.

-D'acc, alors je vous fais quoi ? »

Je lui montre le dessin puis l'emplacement.

« Vous allez devoir enlever votre t-shirt et votre soutien gorge si vous en portez un.

-Attends quoi ?! »

Je me tourne vers le fennec en fronçant les sourcils.

« Tu vas pas te mettre à demi nue comme ça !

-Ecoute Ken si je t'ai fais venir c'est parce que j'avais envie que tu sois à mes côtés. Alors maintenant soit tu respectes mon choix soit tu t'en vas. »

Agacé il ne répond rien. Je me débarrasse donc de mon sous-vêtement et relève mon haut. Assez pour que la tatoueur fasse son travail et assez pour qu'on n'aperçoive rien. Ça a l'air de calmer Ken qui maintenant sourit en coin me faisant lever les yeux au ciel. Le professionnel en face de moi saisit un feutre puis commence à dessiner. Les coups sont butoirs, nets, précis. La peur s'immisce dans mes entrailles.

« C'est le dernier moment pour reculer. »

Pourquoi je fais ça ? Pourquoi je vais me faire souffrir ? Est-ce une bonne idée ? M'ira t'il ?

« Vous pouvez y aller. »

L'homme aux multiples tatouages hoche la tête tandis qu'il met en route une machine. Machine qui fait énormément de bruit. L'aiguille en main il se rapproche. Le bout de fer entre en collision avec ma peau et je dois retenir un gémissement de douleur. J'ai l'impression que toute ma cage thoracique tremble. Cette sensation est abominable. Au bout d'une minute je m'habitue à ce mal et le reste se finit tranquillement. Le tatoueur range son matériel puis il me colle un pansement transparent.

«  À changer à chaque sortie de douche pendant 3 jours. Et appliquer de la crème cicatrisante d'une durée d'une semaine. Surtout ne pas s'exposer au soleil durant un mois entier. »

J'hoche positivement la tête et il s'en va. J'en profite pour me rhabiller.

« Pourquoi la création de l'homme de Michel Ange ? me questionne Ken.

-Franchement je voulais quelque chose de significatif, qui me représente, j'ai d'abord pensé à un livre ou un papillon mais ce n'était pas assez. Alors quoi de mieux que son œuvre préférée qui représente nos débuts en tant qu'humain ? Ça me rappellera toujours que je suis une femme avec des sentiments des envies et des rêves. Donc voilà.

-C'est magnifique. »

Je lui fais un sourire éclatant avant de me lever pour payer au comptoir. Il me rejoint liant sa main à la mienne. Nous sortons dans le froid d'une fin d'hiver.