— Quoi !Dans le cornet de cuivre, le flot des mots s'écoula comme un torrent à la fonte des neiges. L'employé hachait son rapport comme le boucher découpe une carcasse : précis, minutieux, sans fioriture. Lorsque le cornet rejoignit l'appareil téléphonique, l'inspecteur épongea la sueur qui émergeait de son large front ridé par 25 ans de service.
Depuis le début de la semaine, c'était la 5ème disparition. L'affaire des vols de statues publiques augmentait chaque jour le tirage des éditions spéciales des journaux parisiens. Mais ce nouveau vol était plus exceptionnel. Il s'agissait du Zouave du pont de l'Alma ! Quel malfrat pouvait réaliser un tel exploit ? Un nom percuta l'intérieur du crâne de l'inspecteur Ganimard : Lupin !
Assis jambes posées sur le large bureau napoléonien, Arsène parcourut la presse quotidienne. Ni le cigare fraîchement coupé et directement importé de La Havane par courrier aéropostal, ni le délicieux armagnac dérobé récemment dans la cave personnelle du Premier ministre Clemenceau ne réussissaient à calmer l'énervement du célèbre, et pourtant toujours anonyme, gentleman cambrioleur. La cause n'était pas de faire les gros titres des journaux. Au contraire. Cela flattait l'orgueil du plus génial voleur de tous les temps. Non. L'origine des volutes bleues lâchées de plus en plus rapidement entre les sensuelles fines lèvres, telle une machine à vapeur prenant de la vitesse, était que pour une fois, le maître de la cambriole n'y était pour rien ! Arsène sentit naître en lui un sentiment inattendu, voire humiliant : l'admiration.
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Disparitions
ParanormalChapitre 1 : Disparition - Quoi ! Dans le cornet de cuivre, le flot des mots s'écoula comme un torrent à la fonte des neiges. L'employé hachait son rapport comme le boucher découpe une carcasse : précis, minutieux, sans fioriture. Lorsque le cornet...