Lyon, 14 novembre 1984
« Et... Bon anniversaire ! » s'exclama Anna. Sa voix enjouée raisonna un peu trop sûrement dans le petit restaurant dans lequel ils se trouvaient tous. Les quelques clients assis aux tables de bois ciré, jusque-là occupés à boire du vin ou à manger un steak-haché-frites, leur lancèrent des regards mauvais. Nathalie y répondit par une excuse silencieuse, bien qu'un peu acide.
Ce midi-ci, elles deux, Nadine, et Francis fêtaient l'anniversaire de Stéphane... Lequel était assis au bout de cette plus ou moins longue tablée aux sets de papier blanc. La limonade de l'un, les bières des autres, et autres vin et jus d'abricot luisaient à la lumière du soleil froid de novembre, que les fenêtres parfaitement rectangulaires trouant les murs blancs laissaient passer avec bonheur.
Les yeux dorés de Nadine observèrent encore ce tableau accroché à la cloison qui lui faisait face. Elle avait beau tenter de s'en détourner, elle n'avait de cesse de se faire happer par son sablier simplissime, dessiné grâce à trois ou quatre coups de peinture pourpre. Un fond clair le soutenait. C'était tout. Épuré, mais pourtant fascinant.
Elle dut toutefois vite se concentrer sur Francis. Il venait de lui tapoter une énième fois le dos. Ses mains, jusque-là plaquées sur la banquette de cuir rouge sur laquelle elle était assise, remontèrent illico vers son verre. La limonade, elle était à elle. Elle la leva en même temps que ses amis, et afficha un sourire radieux sur son visage carré. Stéphane, lui, laissa simplement échapper un rire franc.
Les chaussures d'un grand serveur claquèrent contre les dalles de la pièce. Il zigzagua aisément entre les quelques tables pour venir jusqu'à eux, carnet à la main. « Vous avez choisi ? » demanda-t-il pour la troisième fois. Pour la troisième fois, car le groupe d'amis avait été trop occupé à causer – encore – de cette histoire de trou de ver pour regarder la carte.
« Il nous faudrait cinq minutes », dit Nathalie en remettant en place une mèche blonde derrière son oreille. Il afficha un sourire forcé, et fit volte-face pour rejoindre son bar aux hauts tabourets de chêne. Francis, lui, essuya désespérément son haut front noir.
« Il faudrait vraiment voir ce qu'ils proposent, là. Anna, on pourra continuer pendant qu'on mange. » L'intéressée plissa ses yeux bleus, et s'apprêta à répliquer. La façon dont sa compagne posa sa main sur son épaule la retint presque de justesse. Tous plongèrent donc leur nez dans le carnet.
Nadine n'eut pas besoin de réfléchir bien longtemps pour décider de son déjeuner. Elle releva vivement la tête ; ses boucles brunes s'en virent secouées au passage. « Pour moi, brochettes de bœuf et frites », lança-t-elle. « Prem's. Stéphane, tu seras rapide, toi aussi, hein ? » Il posa la carte plastifiée devant lui. « Deuz. Magret de canard. Il faut bien que j'en profite, puisque je ne paye pas. »
Anna s'esclaffa, puis annonça un pied de porc ; Francis opta pour une langue de bœuf, et Nathalie craqua face aux pâtes à la bolognaise écrites en gras au beau milieu de la page deux. « Pas de formule de midi pour aujourd'hui, hein », songea-t-elle. « Bern, t'es vraiment un bourge. » L'intéressé haussa un sourcil... Mais, une nouvelle fois, assuma complètement cette petite pique qu'on lui lançait.
Ce fut même lui qui leva joyeusement la main pour appeler le garçon. « On a fini », annonça-t-il. On prit leur commande, on marmonna un « merci », on fit volte-face en faisant voleter son tablier blanc. Tabler aussi blanc que la blouse que portait encore Anna.
« Tu n'es étudiante que depuis trois ans, tu sais », lui fit remarquer Nadine. L'intéressée rejeta ses longs cheveux châtain en arrière. Si elle crut d'abord que c'était pour jouer à la bimbo, dur fut-il de constater qu'elle les attachait simplement en une haute queue-de-cheval.
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ᴀʟʟᴇʀ-ʀᴇᴛᴏᴜʀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁴⌟
FanfictionPeut être lu sans connaître SNK. Tome 4 de la saga ! ⓪⓪⓪⓪⓪⓪_❼₁ Lorsque Marion, une simple lycéenne de dix-sept ans, se retrouve dans l'Attaque des Titans, tout son monde bascule d'un coup. Désespérée de retrouver sa vie d'avant, elle mettra tout de...