Jace
Deux semaines se sont écoulées depuis la partie de billard, la vie a continué de suivre son chemin et ma relation avec Lisa ne s'en porte que mieux. On a plus reparlé de tout ce qu'on s'est dit pendant cette soirée ce qui m'arrange autant qu'elle je suppose.
Je ne veux pas qu'elle se lance dans des recherches poussées au maximum pour trouver des informations sur Everly, c'est pour ça que j'ai fait tout mon possible pour rester avec elle et l'empêcher d'avoir ne serait-ce qu'une minute pour taper mon nom sur internet. Alors ça fait deux semaines qu'on tourne toute la journée, puis on rentre ensemble, couche ensemble, mange un peu ensemble, puis allons dormir ensemble. Après avoir couché une nouvelle fois ensemble.
En faisant tout ça, je n'ai pas eu de temps non plus pour chercher des informations sur ses parents. Mais leurs noms tournent en boucle dans ma tête. Alexei et Mia Nabokov. C'est purement russe et après y avoir réfléchis plus tranquillement le soir, lorsque Lisa dormait contre moi, j'ai réalisé que j'avais déjà entendu ce nom. Nabokov. Je ne veux pas dire de connerie mais, dans mes souvenirs, c'était un couple de criminel professionnel qui réalisait des actions pour le compte de gros requins ou de la mafia russe.
Finalement, après avoir regardé le visage endormi de Lisa, je me suis dit que tout ce bordel pouvait attendre un peu. En y réfléchissant, j'ai l'impression d'être dans une vie de couple avec elle : on prépare à manger tous les deux, on pionce ensemble et on est exclusif. Putain, la simple idée de savoir qu'aucun autre homme ne peux mettre les mains sur son corps de déesse, me donne une trique infernale.
-Range moi, ça, Mikaelson, attend au moins qu'on soit dans la voiture.
Ça fait dix longues minutes que j'attends qu'elle sorte de sa loge mais si j'avais su qu'elle en ressortirait avec une tenue pareille, je serai allé dans la voiture directement, pour la prendre sur la banquette arrière. Elle porte une chemise en soie blanche avec un décolleté volontairement provocateur, rentrée dans une mini-jupe en daim marron clair.
Ouais, la banquette arrière.
-Allons-y alors ! Réponds-je en bondissant sur mes pieds.
Je lui attrape la main et l'entraîne à ma suite, son sourire satisfait ne m'échappe pas mais je ne commente pas.
En un temps record, nous sommes sorties du bâtiment, avons rejoint le parking et sommes installés dans ma voiture. Aussi impatient qu'un puceau en pleine découverte, je comble l'espace qui nous sépare et fond sur ses lèvres aussi vite que l'espace confiné me le permet.
-Attends...
Je ne l'écoute pas et entreprend de déboutonner sa chemise, son soutien-gorge en dentelle transparente me retourne le cerveau et me tord le ventre. Je ne contrôle plus rien et si elle ne m'avait pas arrêté, je l'aurais prise par la taille et l'aurais installé à califourchon sur mes genoux.
-Jace, il faut qu'on discute...
-De quoi ? Après...
-Non, s'il-te-plaît.
Je m'écarte et l'observe, les sourcils froncés.
-Il y a un problème ?
Ma voix déraille, je flippe complètement qu'elle me balance un truc comme : « on doit tout arrêter » ou je ne sais qu'elle merde dans le genre. J'ai l'impression d'être en compagnie de mon begun d'adolescent qui s'apprête à me quitter pour un mec plus beau et plus intelligent que moi. Tous mes muscles se tendent, mes yeux fouillent les siens à la recherche d'une réponse qu'elle garde incroyablement bien caché et l'envie de l'embrasser pour la faire taire et l'empêcher de dire une connerie devient presque incontrôlable. Putain, j'ai envie de me donner des claques à réagir comme ça mais c'est la vérité. Ça me fait chier mais je suis bien forcé de l'admettre : je flippe et je ne veux pas la perdre.
J'ai réalisé ça quelques jours après la soirée du billard. En me réveillant, elle était dans la cuisine avec un de mes t-shirt en train de danser sur une musique que je lui ai fait connaître pendant qu'elle cuisinait des pancakes. Mon petit-déjeuner préféré.
Je ne peux même pas dire que je commence à m'attacher à elle, se serait mentir, parce que je suis déjà attaché à elle.
-Non. En tout cas, rien qui te concerne.
Mon corps se détend instinctivement. Je n'ai jamais été aussi heureux de toute ma vie.
-Alors qu'est-ce qu'il se passe ?
Elle souffle et tourne la tête vers le parking avant de me répondre :
-Je pars demain.
Mes sourcils se froncent, de quoi est-ce qu'elle parle ?
-En Russie.
Je recule presque par automatisme ce qui lui arrache une grimace. Elle pense que je lui en veux de ne pas m'avoir prévenu plus tôt et c'est le cas mais je ne suis pas non plus le roi des connards, je sais que ça compte pour elle de revoir sa famille et je ne vais la juger pour ça.
-Je ne pars que quatre jours, pour Noël et...
-Lisa, ce n'est pas grave.
-Je voulais te prévenir avant, désolé et... attend quoi ?
Ça réaction me fait sourire, elle s'attendait vraiment à ce que je m'énerve pour une raison aussi stupide. Ça ne m'étonne pas, il y a plusieurs mois je l'aurai sûrement fait mais j'arrive à mieux gérer ma colère avec elle, depuis qu'on ne se crache plus à la gueule comme des personnes loin d'être civilisées.
-Je ne peux pas t'en vouloir de ne pas m'avoir prévenu que tu allais voir ta famille.
Ses yeux s'acharnent à chercher une faille, une erreur, une explication à ma soudaine acceptation d'une chose que j'aurai rejeté à la seconde il y a moins d'un an. Sa détermination me fait sourire.
-Je pensais que tu serais énervé parce que je te laisse seul à Noël et...
-Mon père m'a proposé de le passer avec eux. Je ne voulais pas accepter au départ, mais ça ne me ferait pas de mal de les revoir.
Son visage se détend petit à petit, elle semble réaliser qu'elle ne fait rien de mal et se concentre davantage sur mes réponses que sur ses arguments bidons.
-Tu ne les as pas vues depuis combien de temps ?
-Mon père, trois ans peut-être, je n'en sais rien.
-Pourquoi si longtemps ?
Cette fois, c'est moi qui souffle et détourne le regard vers le parking. Avec Lisa, c'est toujours comme ça, dès l'instant où elle se sent en sécurité, elle fait son possible pour détourner le sujet et pour se renseigner sur l'autre. Elle arrive à me faire détourner le sujet sur moi alors qu'on parlait d'elle à la base. C'est impressionnant.
-Notre relation n'est pas très joyeuse depuis plusieurs années déjà.
-Personne ne sait rien sur ta famille.
Ce n'est pas une question, mais une affirmation. Elle cherche simplement plus d'informations pour la comprendre.
-Non, je suis discret sur ma vie privée. Comme toi.
Elle attend que je poursuive, que je lui donne plus d'informations mais c'est plus fort que moi : je ressens le besoin de protéger le peu de chose qu'elle ne sait pas encore sur moi. Elle est au courant pour ma sœur mais tout ce qui tourne autour d'Everly est bien plus gros que ce qu'elle peut imaginer et jamais, jamais je ne lui dirais la vérité. En tout cas, pas avant qu'elle ne me dise la vérité sur sa famille.