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Je me retiens de paniquer en prenant des grandes inspirations. Je ferme les yeux pour prendre le temps de séparer toutes mes pensées qui se sont rassemblées en une masse incompréhensible. Mes mains tremblent de peur, essayant de ne pas lâcher ce bâtonnet qui vient de détruire ma vie.

Je suis enceinte, putain d'enceinte... J'ai un être vivant dans mon ventre.

Je me mordille la lèvre inférieure, inquiète de la réaction d'Ewan. Va t-il m'abandonner? Que va t-on faire de cette créature dans mon ventre? Titubante, je m'appuie contre un mur, les mains sur mon ventre, ongles plantés dans ma chaire. Je veux me débarrasser de ce fardeau, qui peut être la cause de ma mort.
Je me met à griffer mon ventre, tandis que l'air refuse d'entrer dans mes poumons. Non... C'est ça. C'est cette chose en moi, qui me vole mon air, mon corps, et ma vie. Le monde se met à tourner, et je suis obligée de m'asseoir. Je panique.

Soudainement, la voix du futur père me sort de ma transe, ainsi que ses toquements sur la porte.

—Ludivine? Tout va bien là dedans?

Je prend une grande inspiration, regarde une dernière fois le test pour voir si je n'ai pas halluciné, puis sors des toilettes. Je me retrouve face à un Ewan inquiet.
Incapable de parler, je lui tend le test, la tête baissée. Il prend le bâtonnet les mains tremblantes, puis regarde le résultat. Ses yeux s'écarquillent et il me regarde, paniqué. Je cache mon ventre, honteuse de cette chose que mon corps détient.

—... Alors, c'est vrai...? Demande t-il, choqué.

—...Ouais. Je suis enceinte. Je murmure.

Chloé, qui était pas loin, pousse un petit cri de surprise. Elle s'approche de moi et m'amène m'asseoir sur le canapé. Ewan s'assoit à côté de moi et passe une main nerveuse dans ses cheveux.

—Bon alors, on fait comment pour tuer ce truc avant qu'il sort? Dit-il d'une voix tremblante.

La femme le foudroie du regard.

—Ce n'est pas à toi de choisir si on tue le ce qu'on appelle "bébé". C'est Ludivine qui nous dit si elle veut le garder ou non. Dit-elle.

Le photographe essaye de protester, mais sous son regard froid, il soupire et se tourne vers moi. Son expression s'adoucit en voyant mon visage perdu et paniqué. Il prend délicatement ma main et y dépose un baiser, pour me rassurer. Je me tourne lentement vers lui, comme un zombie, les pensées noirs me consumant.

—... Est-ce que tu vas me laisser? Tu vas m'abandonner?? Je balbutie, désespérée.

Le jeune homme reste silencieux quelques instants. D'un coup d'œil, il demande à Chloé de nous laisser un moment seuls.
Après qu'elle soit sortie, il passe ses mains autour de ma taille pour me mettre sur ses genoux. Nerveux, il se mordille les lèvres avant de pousser un long soupire, puis plonge son regard dans le mien, une soudaine lueur de détermination brillant dans ses yeux.

—Non, je ne vais pas te laisser tomber. On s'est mis tous les deux dans cette merde, alors je t'accompagnerais jusqu'au bout... peut importe ta décision. Je tiens à toi Ludivine. dit-il, sans flancher, pour me montrer son honnêteté.

Surprise, je reste plusieurs secondes silencieuse, avant de m'effondrer en larmes. Tous mes doutes, mes craintes, il les as tous effacé avec ces quelques mots. Je sens qu'il a tout aussi peur que moi, mais se contient pour me rassurer. Je sais que cette épreuve va être dure, mais je sais aussi qu'on va réussir à la surmonter. Entre mes hoquets et mes larmes, je lui dit toutes mes peurs, mes hantises, et il me rassure, sans en oublier une. Mon cœur se remplit d'amour pour lui, et pendant un instant, je ne regrette pas ce qu'on a fait. Car, si je veux avoir un enfant, c'est bien avec lui. Mais malheureusement, pas de cette manière.
Avec un mélange de passion et de désespoir, je prend son visage entre mes mains et écrase mes lèvres contre les siennes. Il y répond immédiatement avec autant de désespoir que moi. Nos langues se cherchent, se rencontrent, tandis que nos mains découvrent encore une fois l'autre. Je me presse contre lui, à la recherche de réconfort contre son corps, et il ne fait qu'approuver mon action. Ses mains glissent sur mes hanches, se plantent dans ma chaire, pour me garder contre lui.

Soudainement, un raclement de gorge nous interrompt dans notre moment. Surpris, on se détache rapidement de l'autre, et on se tourne vers la provenance du son, qui est Chloé. Elle hausse un sourcil et croise les bras.

—Contente de voir que tout a été mis au clair. Vous n'allez quand même pas essayer d'avoir un deuxième enfant chez moi, j'espère? dit-elle sur un ton de reproche.

Honteuse, je descend des genoux d'Ewan, qui passe une main dans ses cheveux, rouge de gêne. La femme retourne s'asseoir puis me regarde.

—Je connais une sage femme qui pourrait vous aider, soit pour avorter, soit pour accoucher. Elle vit à l'autre bout de la France, dans les Pyrénées. Je vous donne son adresse. Je ne vais pas te demander quelle décision tu as prise Ludivine, car je pense que tu es encore indécise. Mais, en tout cas, l'avortement doit se faire avant les 3 mois de la grossesse. Bonne chance.

Elle me tend un bout de papier, puis on se dit au revoir et on part. Sur le chemin de retour, je regarde Ewan, qui tient fermement ma main. Une légère brise effleure nos peaux, nous faisant frissonner. Je devrais être paniquée, mais avec la présence du jeune homme à côté de moi me détend.

—Bon... On va devoir aller dans les Pyrénées. T'y a déjà été? Je demande.

—Non, toi?

—Non plus...

Un silence apaisant plane entre nous deux avant que je me rapproche de lui pour poser ma tête sur son épaule. Comme je l'avais deviné, le jeune homme se crispe, avant de se détendre. Il est stressé. Avec mon pouce, je caresse la paume de sa mains tandis que je lui demande ce qui le tracasse. Il soupire puis passe une énième fois sa main dans ses cheveux.

—Tes mères savent déjà que tu es hétéro, et elles l'ont accepté, donc ça va être plus facile pour toi d'expliquer ta situation et pourquoi tu dois t'en aller. Moi, je ne sais pas quoi dire à ma mère 1...

Mon cœur se serre en entendant cela. Je m'arrête et me met sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue, même si je sais que cela ne retirera pas son stress grandissant. Un petit sourire triste se dessine sur les lèvres du photographe, et il serre ma main.

—On trouvera une solution Ewan. Ne t'inquiètes pas, je serais à tes côtés. On surmontera cette épreuve ensemble, d'accord? Je dis.

Le jeune homme se tourne vers moi, le désespoir et l'obscurité brillant dans ses yeux. Puis sur un coup de tête, il prend ma tête entre se mains pour m'embrasser passionnément. En plein milieu d'une rue, exposé à tous.

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Voici la fin du chapitre 20!!
J'espère que vous avez aimé et à bientôt ~~

𝐡𝐞𝐭𝐞𝐫𝐨𝐩𝐡𝐨𝐛𝐢𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant