Chapitre 5

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La première chose que fait Jimin en arrivant à la résidence, c'est foncer à la douche. Il sourit en entendant Gabriel dire : "Il en a jamais marre de l'eau celui là".

Au bout de vingt minutes d'effort pour chasser cette odeur de sel et de boue, il sort de la cabine, se regarde à peine dans la glace, s'habille et sort. A peine étend-t-il son corps sur le matelas qu'il plonge dans un sommeil sans rêve.

L'attaque a lieu deux nuit après. L'analyse du plan a confirmé les estimations de l'officier : des catacombes cernent le port, jusque sous la structure des quais.

Heureusement pour l'équipe, le boyau du souterrain accessible par l'interstice trouvé par Jimin est assez isolé, ne propose aucun accès à d'autres salle hormis un minuscule dédale, dans lequel les goules ont probablement élu domicile. L'ange déchu leur a montré l'entrée, et présenté le plan de déroulement de l'action.

L'équipe tente de dissimuler son appréhension, mais ça crève les yeux : les membres sont inquiets à l'idées de ne pas être assez nombreux face à ces goules qui se révèlent plus organisées que l'on aurait pu croire.

-"Mr Park, vous ne venez pas.

-Je viens. Je vous en prie, Mr Jung.

-Vous allez mourir.

-C'est pas vraiment important. Et puis, vous souhaitiez me confronter à ce genre de situations pour en savoir plus sur mon espèce, n'est ce pas ?" L'officier se tait, regarde brièvement Gabriel, puis lui intime de l'attendre une minute. Il se dirige vers sa chambre, en ressort avec un flingue.

Jimin pâlit, mais ne dit rien. L'autre lui tend.

-"Il est chargé à bloc. Vous savez vous en servir ?"

Jimin hoche la tête, il s'amusait plus jeune avec le revolver de son oncle qui était gardien de la paix. Il cale l'arme entre sa ceinture et le tissu de son pantalon.

Le groupe se met en route, le visage sérieux. L'appréhension se laisse deviner par la pression qu'Archibald exerce sur ses phalanges, émettant des craquements discrets ; ou le mordillement de lèvre de Ji-eun. Gabriel, lui étire ses ailes.

Il remarque que les sept agents exhibent leurs longues plumes, les agitent, créant de légers courants d'air dont Jimin se serait bien passé. Seul Hoseok porte toujours ses immenses ailes grises attachées, pressées contre son dos. A la différence près, que cette fois il n'a pas son long trench noir pour les camoufler à moitié.

Le jeune homme en profite pour analyser leurs vêtements. Il ne s'était pas vraiment posé de question à ce sujet, mais c'est vrai qu'il a du mal à comprendre comment est-ce qu'ils se débrouillent pour s'habiller.

En se rapprochant du sweat gris de Gabriel, il se rend compte qu'il est fendu à deux endroits, au niveau des omoplates, d'où émergent les ailes. Les fentes sont prolongées jusqu'au bas du pull par des fermetures éclair zippées. Une vraie galère, mais c'est ingénieux.

Le commissaire, en tête de ligne, s'arrête devant une plaque de métal.

"On va quand même pas passer par les égouts" pense Jimin, qui a beau être prêt à se faire dévorer par une armée de goules souterraines, n'est pas sûr d'avoir envie de passer par une canalisation infestée de rats. Heureusement pour lui, il s'agit en fait de l'un des passage d'accès direct au labyrinthe des catacombes, et il pousse un soupir de soulagement quand, après qu'il lui ai posé la question discrètement, Gabriel lui promet qu'ils ne croiseront pas de rats.

Ils s'engouffrent les uns après les autres dans le tunnel, qu'Hoseok referme en dernier.

Ils marchent longtemps, parfois obligés de se pencher pour ne pas se cogner la tête contre le plafond terreux. À plusieurs reprises, le regard du jeune homme aux yeux bleus tombe sur les os d'un crâne ou d'un fémur encastré dans le mur, et il réprime une moue de dégoût. Mais aucun rat. Jusqu'ici, tout va bien. Puis, progressivement, une vague de froid porteuse de mort l'atteint, le glace jusqu'aux os.

L'homme aux plumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant