II. 3-2

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  Après ce repos bien mérité, c'est avec peine que je me lève. Les draps sont agréable, le matelas moelleux et il faut ajouter à cela que je n'ai pas envie de croiser la dragonne et son tempérament de feu, ni sont prince charmant de Ahmad. J'espère au moins qu'il aura oublié cette histoire de tournois et que notre retour en Orgès n'est plus qu'une question d'heures.
    Déjà, lorsque nous avions reçu cette lettre nous invitants en Aasgar, je n'étais pas très enthousiaste, désormais c'est confirmé: je n'aurais pas du venir.
   Rien ne me plait. Il fait trop chaud, il y a trop de soleil, trop de poussière, il ne pleut jamais et tout est... jaune ocre. Je n'aime pas cette couleur qui agresse mes yeux et empêche de distinguer la ville du désert. J'aime le gris de ma ville et la verdure qui entoure les remparts d'Aarions.
   Dans un effort qui me semble surhumain, je m'extirpe du lit et traîne des pieds jusqu'au salon. Apparemment Émeraude n'est déjà plus dans nos appartements et je me retrouve une fois de plus seul.
   L'envie de fuir se lieu me reprend. La solitude semble être devenue ma seule compagne dans cette aventure grotesque.
   Aussi flânant tout en grignotant une part de gâteau moelleux au lotus des sables, spécialité de la région pour le petit déjeuner, j'observe les murs qui dépeignent la splendeur de ce pays australe.
   Une fresque en particulier attire mon attention et montre une fontaine des plus ordinaire, resplendissant de lumière blanche face à une jeune guerrière. Plus loin, l'eau échangée révèle son destin et un dragon rouge crachant des flammes puissantes depuis sa bouche grande ouverte et remplies de dents menaçantes apparaît.
   Le royaume aurait déjà reçu l'aide de l'un de ses écailleux annonciateurs de bonne augure?
   Mes doigts frottent frénétiquement mon menton dépourvu de poils. Cela expliquerait peut-être pourquoi Ahmad semblait en savoir autant sur les dragons et sur la raison de ma quête au trésor. Mais Émeraude est-elle vraiment en sécurité avec cet homme? Comment savoir si ce n'est en retrouvant la fontaine?
   Ma curiosité commence à me faire changer d'avis sur ce voyage et l'attrait que je porte à cet objet, visiblement magique, me donne envie d'explorer un peu le palais. J'espère vraiment découvrir un quelque chose de peu ordinaire ou mieux: un secret férocement gardé.
Je profite de ma solitude pour faire un brin de toilette et sort de nos appartements, habillé de vêtements prêtés par le roi. Un saroual court et blanc, une saharienne bleue nuit et des babouche. Les vêtements amples sont très agréables lorsqu'il ne fait pas moins de quarante-cinq degrés à l'ombre.
Juste à l'entrée de notre porte, j'observe l'immense couloir qui dessert probablement d'autre chambres d'invités. De nouveaux visages apparaissent dont celui de Fadir qui s'empresse de l'embrasser tel un ami. Il me présente deux autres personnes, un homme et une femme-serpent.

   - Enchanté, je dis poliment, puis tente de fuir ses individus qui me rappellent la raison de ma venue en Aasgar.

   Mais a peine ai-je fait un pas pour m'éclipser de la conversation, qu'une main enveloppante et chaude se pose sur mon épaule en l'empoignant suffisamment pour m'intimer de ne pas bouger.
   Ahmad est là, sans cette dragonne et son tempérament explosif -chose rare-. Il est souriant, radieux même. « C'est louche » me dit ma cervelle qui ne cesse de penser que notre présence ici n'est pas justifiée, pire, que ce peuple va tenter de me piquer mon dragon fin de servir leur desseins.

   - Oh... votre... majesté! Je peine à prononcer ses mots de manière naturelle et respectueuse.

   Mon visage tente de rester de marbre tandis que je lute contre les muscles qui se tendent et m'invitent à lui offrir la plus horrible grimace en guise de sourire.
   Fadir et ses deux complices sont quant à eux, incliné en une majestueuse révérence. En relevants la tête après en avoir eu l'autorisation, la femme-serpent me fusille du regard et au même instant je sens mon épiderme se dresser. Pas sure que nous devenions de bon amis tout les deux!

- Oh! Je vois que tu as rencontré notre équipe pour le tournois, commente Ahmad en plongeant son regard dans le miens.

Je compte le nombre de participants. Ils sont trois, ce qui m'étonne.

- Mais, il ne faut pas cinq combattants normalement?

Le rire poli du prince précède sa réponse, ce qui a le don de m'inquiéter.

- Mais nous sommes cinq ici. Je compte Fadir, Samia, Tarik, vous et moi.

Mon sang se glace. Je n'ai même pas donné ma réponse qu'il se permet de m'ajouter sans autorisation à son groupe!

- J'ai eu l'accord de notre magnifique Émeraude concernant votre participation.

Le prince détourne légèrement son attention de ses membres d'équipe pour concentrer son énergie sur moi. Je sens une pointe de menace additionnée à une force de persuasion de la part de son aura qui m'oblige à accepter sa demande.

- M'oui , enfin j'aurais préféré vous en parler de vive voix plutôt que ne pas être présent.

Une envie irrépressible de tordre le cou de cette fichue dragonne me submerge. De quel droit se permet elle de parler en mon nom et à ma place?

   - Oh, je comprend, cher Alban. Vous m'en voyez navré. Quoiqu'il en soit, je suis absolument ravi de pouvoir compter sur votre aide. D'ailleurs, prenez donc un peux de temps pour visiter le palais, faire connaissance avec les membres de notre groupe et pourquoi pas, rencontrer nos concurrents. Attention cependant, ils ne sont pas tous très commodes. Sur ceux, mes amis, un peux de repos vous fera le plus grand bien avant le tournois!

   Le prince incline légèrement son visage en signe de respect, puis file au travers du grand couloir avant de tourner et disparaître.

   - Toi, va falloir qu'on t'apprennent le respect envers notre souverain, siffle Samia entre ses dents.

La légende du dragon vert Where stories live. Discover now