Chapitre 3

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Les yeux rivés sur le paysage qui défilait devant elle, Natasha songeait. Quelques minutes plus tôt encore, entre les mauvaises griffes du KGB, elle se retrouvait maintenant dans une voiture avec le blondinet dont elle ne connaissait toujours pas le prénom. Lorsqu'il l'avait convaincu de le suivre, Natasha et son sauveur avaient filés sans grande difficulté. Ils n'avaient pas rencontrés d'obstacles, mis à part un groupe de cinq ou six agents qui passaient par là. Ce n'était pas grand chose, mais ça avait quand même coûté une petite égratignure sur l'épaule droite du blondinet. Même s'il s'était retrouvé en position de faiblesse pendant quelques secondes, Natasha était épatée par les techniques de combat de l'homme. Ses gestes étaient précis et fatales, ça en devenait presque parfait. Heureusement, Natasha avait été là pour intervenir. Après avoir mis tous les agents K.O, ils s'étaient faufilés dans un tunnel que le blondinet avait creuser avant de venir la chercher. Et maintenant, ils se retrouvaient dans une petite voiture qu'il avait planqué quelques mètres plus loin.

Les yeux de la jeune espionne se baladèrent un peu partout dans la voiture. Puis, involontairement, elle tomba sur une petite carte d'identité avec la photo de l'homme. Dessus, elle pu lire "Steve Rogers".

— Steve Rogers, commença-t-elle, sûre d'elle.

Un énorme sourire se dessina sur le visage du dénommé Steve. Ses yeux semblaient encore être mouillés par les larmes qui avaient coulé pendant les deux premières minutes du trajet. Il avait été discret, mais Natasha l'avait clairement remarqué.

— Tu te souviens de moi ? lui souffla-t-il l'air un peu déstabilisé.

Natasha ricana un peu, ne comprenant pas l'air qu'il venait de prendre. Il était vraiment tombé sur la tête celui là.

— Mais non idiot, j'ai juste vu ça, lui indiqua-t-elle en désignant la carte d'identité.

Le visage de Steve sembla se décomposer un instant. Tandis qu'il regardait la route sans prononcer un seul mot, Natasha le scruta attentivement. Sa peau salit par la poussière du tunnel du KGB semblait tout de même d'une douceur incomparable. Ses yeux brillaient d'un bleu éclatant, ce qui ne laissait pas Natasha indifférente, elle devait se l'avouer.

— Qui est-ce que tu regardes comme ça ? demanda Steve en fixant la route, en sourire narquois scotché au lèvres.

Natasha sursauta intérieurement, mais elle ne lui montra pas. Elle ne voulait pas se montrer intimidée par cet homme, parce que c'était vrai, il était intimidant avec ses gros muscles et ses répliques un peu folles au sujet de Natasha. Il l'intimidait beaucoup, mais jamais Natasha ne lui accorderait le plaisir de le savoir.

— Toi. Tu as l'air fatigué, je devrais conduire un peu, lui proposa Natasha en guise de réponse.

En effet, Natasha avait également remarqué que les traits de Steve s'étaient étirés sur sa peau, et qu'il avait également des cernes en dessous de ses paupières.

— Je peux encore conduire, insista le jeune homme.

— Arrête, tes traits son tout étirés sur ta peau et je ne parle même pas de tes cernes, continua la rousse.

À ces mots, Steve souria en se tournant vers Natasha.

— Toujours aussi observatrice, annonça-t-il.

Natasha fronça les sourcils. Encore une réplique que lui seul pouvait comprendre. Natasha ne s'y ferait sûrement jamais. Vivre avec des agents semblablent à des plantes vertes au KGB n'étaient pas de tout repos, mais alors vivre avec un fou, elle ne s'en pensait pas capable. Elle ne savait pas vraiment où il avait prévu d'aller, mais elle savait que le trajet allait sûrement être long.

Natasha décida tout de même d'ignorer ses remarques hostiles et de changer de sujet. Elle se baissa et attrapa la veste de Steve, qu'il avait déposé au pieds de Natasha avant de partir. Elle plongea sa main à l'intérieur de sa grande poche et y sortit la petite boîte qu'il lui avait tendu moins de deux heures auparavant.

Voyant que Natasha commençait à manger comme un cochon, Steve afficha un air écoeuré.

— Tu pourrais éviter de repeindre la voiture avec la crème de ce gâteau ? rechigna-t-il.

— Ch'ai trop faim, decholé Chteve, rétorqua-t-elle la bouche pleine.

Steve aspira un grand coup et se retourna vers la route.

— Et toujours aussi têtue, remarqua-t-il en hochant la tête.

— Tu sais que je peux entendre tous ce que tu dis ?

Steve souria en coin en inclinant un peu la tête sur le côté.

— Et c'est mal ? demanda-t-il.

— Non. C'est juste que j'ai du mal à comprendre toutes ces choses que tu dis, avoua la jeune fille en reprenant un air sérieux.

Steve arqua un sourcil et se tourna vers Natasha en souriant. Voyant qu'elle ne rigolait plus, il prit immédiatement un air plus sérieux.

— Tu comprendras le moment venu, rétorqua-t-il simplement, laissant Natasha abasourdie.

Elle qui croyait qu'elle pourrait en apprendre plus, elle s'était trompée. Bon, ce n'était pas peine perdue, puisqu'il avait au moins évoqué les mots "comprendre le moment venu". Il fallait juste qu'elle soit un peu patiente, pour une fois.

Non. Elle n'arriverait pas a attendre. Elle voulait tout savoir, et tout de suite.

— Explique moi, insista-t-elle en plantant ses yeux verts dans ceux de Steve.

— Fait moi confiance. Tu sauras tout quand ce sera le moment, je te le promets, lui promis Steve en souriant gentiment.

Natasha soupira et tourna la tête en direction de la route, comprenant que Steve ne céderait pas même si elle lui faisait subir toutes les tortures du monde.

- Il est une heure du matin passée, on devrait s'arrêter, remarqua le blondinet.

- On peut s'arrêter manger ? J'ai encore faim, avoua Natasha en regardant les dernières miettes de son gâteau d'anniversaire qui, elle devait l'avouer, était excellent.

- Mais tu viens de manger un gâteau entier, grogna Steve en soupirant.

- Oui, mais j'ai encore faim, souligna-t-elle en prenant un air de chien battu.

Steve la regarda longuement, sans rien dire.

- Ils ne te nourissaient pas, là-bas ? demanda-t-il, les yeux remplis de tristesse, comme s'il se doutait déjà de la réponse de l'ex espionne.

Natasha baissa la tête, luttant pour ne pas refaire surgir ses démons qu'elle venait à peine de réussir à semer.

- Seulement le strict minimum. On nous demandait de nous lever tôt, de danser, faire du sport, s'entraîner à tuer, faire des misions, se coucher tard... Et en échange nous n'avions rien. Ils nous donnaient juste un lit inconfortable, et les chambres étaient d'une froideur horrible... Ils ne nous nourissaient qu'avec du pain ou de la soupe, et ils se permettaient encore de nous frapper lorsque nous faisions quelque chose de mal.

Natasha lutta avec elle même pour ne pas pleurer. Elle savait très bien que maintenant, grâce à Steve, tous ça était derrière elle. Mais c'était encore trop récent pour qu'elle oublie, pour qu'elle se pardonne à elle même toutes les horreurs qu'elle avait commise. En fait, elle ne se le pardonnerait surement jamais.

- Je suis désolé... Tu n'as pas eu l'enfance que tu aurais dû, soupira Steve d'une petite voix.

Natasha n'ajouta rien de plus, sachant parfaitement que Steve avait raison.

- Alors est-ce qu'on peut s'arrêter pour manger ? reprit Natasha en souriant faiblement.

Steve la regarda quelques minutes, avant qu'un léger sourire amical ne se dessine sur son visage.

- On ira où tu voudras, lui répondit-il simplement en souriant.

Changement [Romanogers]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant