Go To Sleep - Tome 2

PROLOGUE

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Hôpital Western State

Lakewood, Washington

La nourriture y était infecte et l'odeur des médicaments venait même se mélanger à celle de son verre d'eau. Il était impossible de déterminer dans cette chambre d'isolement, s'il était en pleine nuit ou en pleine journée. S'il avait remarqué plus tôt à quel point les repas et le respect de l'hygiène étaient si désastreux dans les hôpitaux psychiatriques, il aurait sûrement fait de son mieux pour arranger ça au plus vite au sein de son ancien poste.

Cependant, c'était impossible car cet ancien médecin n'avait plus les capacités de sauver des vies ni d'exercer de nouveau son métier, d'après les experts de cet institut. Comment avait-il pu en arriver là ? Enfermé dans cette pièce pas plus grande qu'une salle de bain, comme un aliéné. Comment les choses avaient-elles pu tourner aussi mal ? Il n'avait qu'une réponse à toutes ces questions et cette réponse portait un nom : Jeff.

Il y a six mois de cela, Berthold faisant encore parti du corps médical et chérissait son métier plus que quiconque, jusqu'à l'arrivée d'un patient plus que douteux. Ce n'était pas faute d'avoir prévenu son ancien et regretté collègue Richard que ce transfert n'était pas sans risque.

Malgré les ordres, Jeff restait un tueur psychopathe et le mettre en chambre d'isolement en espérant qu'il apprenne de ses erreurs était absurde. Fait-et-dit, le drame a fini par pointer le bout de son nez et ce fut une vraie charcuterie humaine au sein de l'hôpital. Si les souvenirs de Berthold étaient bons, il s'en prenait à l'une des patientes dont la mère avait été l'unes de ses victimes : Holly.

La bataille n'avait pas été de tout repos et elle avait fait beaucoup de mort. Holly, Aeden et même la mort de Richard lui faisait éprouver une certaine tristesse. Le plus abominable de ses souvenirs restait la mort de Max, un interne qu'il avait promis de protéger. Depuis que ce jeune blondinet était arrivé en ville et avait commencé à travailler à l'hôpital, Berthold s'était immédiatement attaché à lui, lui proposant par la suite d'habiter à ses côtés. Max avait un tempérament de feu mais il pouvait tout aussi bien paraître faible, innocent et sans défense.

Il s'était énormément épris de lui au point que leur relation était devenue ambigüe aux yeux des autres. Alors qu'il pensait que tout ce drame était fini, il fut interné ici. Bien évidemment, les forces de l'ordre n'avaient guère cru à son baratin de psychopathe qui vient détruire un hôpital psychiatrique et c'est pour cette raison qu'il a été enfermé dans cet asile.

Le pire n'était pas de passer la moitié de ses journées à regarder des gens ruminer dans les couloirs, prendre des médicaments ou fixer les murs blancs de sa chambre capitonnée, non. Le plus difficile était de savoir que Jeff était lui aussi ici, dans ce même hôpital. Allait-il recommencer ? Allait-il essayer de tuer tout le monde ou essayait-il de le rendre tout simplement encore plus fou que Berthold pensait déjà l'être ?

Le médecin savait maintenant ce qu'avait pu ressentir Holly lors du transfert de ce fou furieux, il y a six-mois de cela. Venger Max, c'est tout ce qu'il avait en tête depuis qu'il était arrivé ici. Tuer Jeff, le torturer, le faire pleurer, hurler de douleur, jusqu'à ce qu'il le supplie de l'achever.

Il ne lui pardonnerait jamais ce qu'il a fait à Max, jamais. Pourtant, depuis six mois, Berthold n'avait commis aucuns actes de résistance, aucuns actes de rébellion et n'avait pas non plus essayé de tuer Jeff, qui d'ailleurs, n'avait pas fait parler de lui depuis son transfert. Non, Berthold n'était pas un lâche. Il avait juste envie d'oublier cette histoire, de passer à autre chose et d'enfin tourner la page.

Pourtant, une question se posait : pourquoi Jeff ne sortait pas de sa chambre d'isolement pour semer la douleur et la mort ? Berthold avait passé des nuits entières à tenter de trouver réponse à ce comportement. Pour lui, c'était sans aucun doute son nouveau jeu.

Il attendait que Berthold explose. Qu'il débloque et laisse son envie de venger Max le ronger. Tuer des personnes sans aucun but n'était pas si amusant que ça pour Jeff et c'était peut-être même devenu trop fade à son goût. Torturer mentalement ses victimes et attendre patiemment qu'elles désirent se venger était plus intéressant à son goût. Tout comme il avait fait avec Holly.

Quand il y repensait, Jeff s'était évadé de sa chambre d'isolement après avoir entendu Holly crier qu'elle allait le tuer et qu'elle désirait ça plus que tout. C'était ce qu'attendait Jeff. Le plaisir de la provocation. Ça devait faire monter l'adrénaline de ce dégénéré. Hors de question. Berthold ne bougerait pas de sa chambre, quitte à ruiner sa santé mentale pour de bon. S'il craquait, Berthold finirait par le regretter. Il passerait toute sa vie ici voir pire.

Les seules chances qu'il avait de le croiser étaient lors des repas en groupes, le midi ainsi que le soir mais Berthold avait demandé à manger dans sa chambre. Par ailleurs, quand un infirmer venait chercher Berthold, il ne daignait ni répondre, ni bouger. De ce fait, les infirmiers le laissaient manger dans sa chambre.

D'après eux, Berthold n'était pas un patient à problèmes et c'est la raison pour laquelle ils le laissaient manger en paix. Ils lui avaient même permis d'avoir quelques revues et documentations à sa disposition. Son corps n'était plus prisonnier de sa camisole de force et il était donc libre de ses actes. Ça aurait pu être pire, se répétait-il souvent lors de ses longues nuits de songes. Il était logé, nourri et pour couronner le tout, il gardait Jeff en captivité avec lui.

Pourtant, Berthold avait le pressentiment que quelque chose allait se produire. Quelque chose de monstrueux... Il n'avait pas tort.

La suite prochainement.