XXV

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LISANNE

La nuit fut longue et emplit d'attente, jamais Judal ne fut arrivé, et moi je me retrouvais seule avec mes doutes et mes regrets. La stupidité dont j'avais fait preuve en croyant naïvement un homme aussi sombre que lui.
Les mots de notre nourrices, dont j'écoutais discrètement les terribles histoires qu'elle contait au plus jeunes, me hantant encore.

« Il y'a sur les terres du vaste territoire de l'empire Kou, un personnage au pouvoir infini, aimé par les Rhuks plus encore que les magiciens. »

Le soleil se levait presque à l'horizon, et j'avais promis de ne pas l'attendre une seconde de plus, j'étais princesse à tenir mes engagements.
Une dernière fois je passais devant la chambre de Cécilia, embrassant avec tendresse son front délicat et dénué de vices. Sans vouloir m'attarder, je quittais rapidement la pièce. À quoi bon ? Elle finirait par mourrir aussi, tôt ou tard, ou elle servirait de trophée pour un petit noble fidèle à sa patrie. Elle n'était qu'un objet d'échange, même plus considéré à sa juste valeur.
Notre famille ne tarderait pas à s'éteindre, Hava était morte, Marco aussi, bientôt ce serait Yaël, le rejoindrait Isaac et enfin ma précieuse Mina.
Qu'elle fut la joie à tous les voir succomber, à pleurer sur leurs tombes encore sanglante et a apporter des fleurs sur celles ci, fanant tout comme l'avenir auquel ils aspiraient ?

« On l'appel un magi, un magicien de la création, béni par le plus lointain des dieux, cet être est respecté et craint, admiré mais redouté, à travers le monde entier. »

En gravissant les marches, qui me paraissait toujours plus haute, je ne pouvais que regarder avec horreur le destin que dorénavant je me réservais, mais de toute façon, j'aurais dû entreprendre cet acte bien avant, laisser tomber cette futile hésitation et profiter de cet instant pour m'abandonner à la souffrances éternel. J'aurais perdu la vie avec un certain honneur, peut être qu'on aurait également raconter ma mésaventure, et que l'on aurait gardé de moi, l'image d'une princesse insoumise, prête à accepter l'enfer et la damnation. Mais en batifolant dans les bras de l'ennemi, on aurait de souvenir que pour cette princesse, qui pour sauver ses arrières, avait accepter de sacrifier les siens et son titre.
Il n'y avait plus que la honte sur mon nom.

« On dit de lui, qu'il est baignée dans là disgrâces des Rhuks noirs, qu'il est un briseur de fatalité et un créateur de calamité. On entend, quand il marche dans la noirceur du palais royal, les chuchotements des âmes qu'il a conduit au péché. »

Ferait on ne serais ce qu'une ode à ma mémoire ? Ou est ce que je ne tomberais que dans le sempiternel oubli?
L'aube fut là, et le ciel m'embrassait de sa nouvelle lueur, le balcon était grand, clair, et de son haut, avec ma peur des hauteurs, je ne parvenais pas à en observait le sol, qui semblait si loins et inateignable.
Si jamais mon corps finissait par percuter le bas, est ce que ma tête se disloquerait du reste ? Est ce que je pourrais sentir encore la  brise du vent jusqu'à ce que l'on décide de m'enterrer ? Est ce que mon être serait encore éveillé, comme une punition?
J'avais tellement de questions et peu de réponses à m'offrir.

« -Gretta tu l'a déjà rencontré toi ?
-Bien sur que non Isaac, et j'espère ne jamais avoir à le croisée.
-Comment tu peux savoir qu'il est si effrayant alors ?
-Tout les émissaires ayant eu la malchance de n'apercevoir que ses yeux, d'un rouge carmin affolant, disent qu'ils ont eu l'impression de voir un champ de bataille en rage, sa propre apparence est le symbole de toutes les catastrophes qu'il se produit sur notre terre. Et je les crois »

J'étais vêtu du plus simple apparat, une robe de chambre blanche et opaque, dévoilant  un décolleté plongeant et sensuelle ainsi qu'un  dos nue qui aurait pu paraître indécent d'où je venais.
Mais les mœurs lors d'acte si barbare ne sont plus en vigueur, je suppose.
Quelques semaines avant, armé de cette même tenue, je me serais glissée sous les draps et j'aurais rampé vers la forme assoupis  de Judal, mais c'est de là qu'est mon erreur.
J'entendais des échos, comme si une personne montait les escaliers également, mais avec plus de ferveur et de volonté. Line ou Sayu c'était elle aperçut de mon absence ?
Cela ne me laissait presque plus de temps pour douter, je sautais ou je ne le faisais pas. Je trépassais ou j'acceptais ma vie, emplit de trahison, de décadence et de déchéance.
Je n'avais plus rien ni personne en qui croire, plus d'amis, une famille trop éloignée ou trop jeune pour comprendre ma douleur.

Je n'avais plus rien de la princesse que j'étais, je n'avais plus rien de ce que j'avais espéré, et je sentais presque tout mes espoirs se changeait en poussière dans le creux de ma main et se volatiliser.
J'avais attendu la nuit durant, j'ai prié aux étoiles ;  fait des vœux au moindres constellations que je pus reconnaître, et seul le silence eut la gentillesse d'accueillir les tragiques  souhaits de ma désespérance. Et toutes mes supplications se noyèrent dans les larmes du soleil, ses premiers rayons.
L'aube fut la destination finale, le coup de grâce fatidique que je m'était donné.

« - À quoi bon craindre un tel magicien, si seul les plus faibles sont les plus susceptible de périr à ses manipulations ?
-Tu ne dormais donc pas Lisanne ? »
Sans écouter les battements de mon cœur, qui trépignaient et sanglotaient presque plus fort que moi,  je me donnais à la chute, plongeant en abaissant les paupières, par manque de courage.
Avant de fermer complètement l'œil je pu apercevoir une tignasse brune, emporter toute sa vitesse dans ma direction.
Mais, comme si tout cela ne se passait qu'en un claquement de cils, je ne parvenais pas à entendre le bruit autour, ni même la réalité qui aurait du me percuter.
D'ici quelques instant, je cesserais d'exister et plus rien ne serait aussi palpable que les peurs que je fuyais.
Et j'attendais, et attendais, comme quand je patientais pour  que les servantes viennent me réveiller lorsque je somnolais, parfois. Sentant l'inévitable arriver alors que tout n'était que brume et abstrait.
L'impact finit par arriver, mais par rapport à ce que j'attendais, il ne s'agissait presque que d'une douce caresse du gravier contre ma peau.
Non je ne mourrais pas, pas aujourd'hui.

« -Bien sur que non, cela fait déjà bien trop de temps que je t'écoute, raconter tes sornettes.
-Tu n'aime pas cette histoire? Celles qui sont réels sont pourtant tes préférés.
-Je ne peux croire qu'une personne comme cela existe, et même si cela était le cas, les bons gens comme nous n'en craignent rien, nous avons notre château, nos liens, la protection de nos frères et notre père et sans nul doute la résistance que nos parents nous ont enseignés, nous sommes tous bien trop fort, pour tomber à cause d'une simple secousse. »

Attend l'aube pour mourir  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant