Princesse et Assassin

Le Mariage

« Malia? »

La jeune fille leva la tête vivement, un sourire sur ses lèvres. Chaque fois qu'il prononçait son nom, Malia ne pouvait s'empêcher de sourire.

« Comte, » dit-elle joyeusement.

La jeune fille était assise sur un banc, au soleil, vêtue d'une robe verte, toute simple, un chapeau de paille sur la tête, un livre à la main.

« Puis-je? » demanda-t-il.

Malia fit un geste de la main, invitant le jeune homme à s'asseoir à côté d'elle. Ce qu'il fit. Il resta un instant silencieux, et Malia scrutait son visage, se demandant pourquoi il était venu la rejoindre. Il était tôt ce matin, et le Comte venait de finir son entraînement. Il avait eu le temps de se laver et de se changer.

« C'est votre anniversaire aujourd'hui, » dit-il enfin.

Malia hocha la tête en souriant. Le Comte ne put s'empêcher de sourire à son tour, et sortit de sa veste une longue boîte verte étroite, fermée par un ruban de soie dorée, et la tendit à Malia qui s'en saisit, son cœur battant de joie. Elle ne put dire un mot, et défit le noeud, puis ouvrit la boîte, de laquelle elle sortit une magnifique dague à la lame scintillante et au manche d'ivoire.

« Comte! » s'écria la jeune fille, ses yeux toujours fixés sur le magnifique objet.

Le jeune homme la regarda avec douceur et affection, et croisa enfin les yeux de Malia.

~~~

« Mademoiselle? » dit une voix derrière elle.

Malia sursauta, sortant de sa rêverie, et dissimula sa dague dans les plis de sa robe avant de se retourner vers Charlotte. Cette-dernière avait l'air inquiète, et tenait dans ses mains une robe de soie blanche. Malia soupira, revenant soudain à la réalité.

« Qu'y a-t-il, Charlotte? » demanda-t-elle gentiment.

« Cela fait trois fois que je vous appelle, mais vous ne répondiez pas... tout va bien? »

« Pardonnez-moi, » répondit Malia, « j'étais perdue dans mes pensées... »

Charlotte sourit, et déposa la robe sur le lit de Malia.

« Bien sûr je comprends, » dit-elle, « vous allez vous marier bientôt, vous devez être bien loin! »

Malia ne répondît rien et s'assit devant son miroir. Charlotte se saisit de la brosse et se mit à coiffer la jeune fille, en silence. Malia fixait la table de sa coiffeuse.

« Charlotte, » dit-elle enfin, « je ne sais plus... Je ne sais plus où j'en suis... »

Charlotte posa la brosse sur la table et s'assit près de Malia en lui prenant la main. Malia tourna son visage vers sa femme de chambre.

« J'aime Louis-Joseph, plus que tout, mais le Comte... le Comte me confond... parfois mon cœur bat pour lui, mais lorsque je retrouve mon fiancé, je sais que c'est lui que j'aime... Mon mariage est dans quelques mois, et j'ai peur de ne plus être sûre de vouloir épouser Louis-Joseph... »

Malia baissa la tête; elle avait les larmes aux yeux, chose qui n'échappa pas à Charlotte. Cette dernière regarda sa maîtresse avec tendresse, et lui serra la main.

« Cela fait plus d'un an que vous êtes engagée avec votre fiancé, » dit-elle. « Vous avez été sûre de vous dès le début, et cet homme vous rend heureuse. Il ne faut pas trop réfléchir, cela ne vous fera que plus de mal. Faites selon votre cœur, et votre raison. Si vous choisissez Louis-Joseph, il faut prendre de la distance avec le Comte. Sinon, il faut rompre avec votre fiancé... seulement, vous ne savez pas si le Comte éprouve des sentiments à votre égard, ce serait donc un risque à prendre, et s'il n'éprouve rien, vous perdez tout... »