Chapitre 1

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Chapitre 1

Le 3 Septembre 2013

Nous descendîmes de l'Avion. Il devait être aux environs de dix-sept heures et nous étions totalement jet-laggés. Evan alluma une clope.

Il avait de grosses cernes sous ses yeux bleus. Et toujours cet air malicieux bien que la fatigue nous dévorait. Il me fixa en soufflant une bouffée :

« Alors Ef, ça fait quoi de retourner en France? »

« Franchement, j'en ai rien à faire, tout ce que je souhaite c'est dormir... »

Devant mon ton grognon, il ne put s'empêcher de de rire. Il passa son bras sous mon menton pour mieux me retenir et se mit à me chatouiller. Je me mis à m'esclaffer en le suppliant d'arrêter. Il fallait toujours qu'il tourne la situation à la rigolade. Le taxi se gara à quelques mètres. Enfin. Nous nous dirigeâmes vers lui et nous engouffrâmes dans l'habitacle. Le trajet allait être long.

Moi c'est Effie. Ou plutôt Ef, comme vous voulez. J'ai le même âge qu'Evan : dix-sept ans.

Je vous préviens, je ne suis pas là pour vous raconter la petite histoire miteuse et sans intérêt d'une jeune fille en quête d'amour. Si c'est ce à quoi vous vous attendiez, refermez ce livre. Si je suis là aujourd'hui, c'est pour vous transmettre un secret. Un secret bien gardé que l'on vous cache et dont j'ai été le témoin.

Evan et moi, ça fait un bail qu'on se connait. On est meilleurs amis pour ainsi dire. Nos parents sont les PDG d'une grande firme transnationale et sont sans arrêt en voyage d'affaire. Au début, ça nous faisait marrer de les accompagner, de découvrir de nouveaux pays, de nouveaux payasages. Nous sommes pourris gâtés et nous avons dû faire dix fois le tour du monde ! Mais nous ne nous sommes pas épanouis pour autant car chaque voyage se traduit par effectuer les cent pas dans une Suite sans jamais pouvoir visiter la ville où nous avons fait escale. Frustrant. Et si ennuyeux qu'il a bien fallu qu'on s'occupe au bout d'un moment.

Je nous revois jouer à cache cache en courant comme des dératés dans le hall du Plaza, à en faire perdre l'équilibre aux serveurs ! A manger en cachette, sous un plan de travail les petits fours que le cuisinier du Ritz préparait soigneusement pour la Reine d'Angleterre ou bien terroriser les enfant bien peignés des clients de nos parents ! Les punitions pleuvaient mais le souvenir est doux. Aujourd'hui nos bêtises ont plutôt évolué en escapades nocturnes dans les boîtes les plus branchées des capitales où nous séjournons.

Malgré notre vie mouvementée, nous allons en cours. Si bien que nous avons des amis dans tous les coins du monde. Malheureusement nous les avons quittés à chaque fois...

Cette année est particulière. Nous devons passer notre baccalauréat et pour la première fois, nous allons rester une année scolaire entière en France !

Nos parents, toujours soucieux de parfaire notre éducation ont choisi un établissement de renommée et très privé. Un internat au beau milieu d'une forêt, elle même entourée de champs de vignes.. Bref. Un trou paumé apparemment. Comme dit Evan, ça va nous changer de la ville !

Et nous voilà, revenant de Singapour, pâles comme des zombies en direction de l'Internat. Je viens de me réveiller et constate que la Rolls de monsieur Murray, notre chauffeur, vole plus qu'elle ne roule et nous avons à peine le temps de distinguer les bois que nous traversons. C'est un homme bien, on le considère un peu comme notre grand père, mais un grand père qui décoiffe. J'ai le ventre noué. Ah non, pas à cause de l'excès de vitesse de notre chauffeur, juste une angoisse habituelle, celle de ne pas m'intégrer dans un nouvel endroit. Je me tourne vers Evan pour chercher un peu de soutien. Il est réveillé - a-t-il au moins dormi? - et porte son casque sur les oreilles en remuant la tête au rythme d'un son électro. Bonjour le réconfort. Pour tromper mon ennui, je décide de bavarder avec notre chauffeur.

« Alors cette fois, nous allons nous séparer pour un long moment Monsieur Murray..N'est-ce pas ?

- C'est exact. Vos petites frimousses vont me manquer les jeunes. Dit-il en souriant. J'espère que je serai de service lorsqu'il faudra vous ramener pendant les vacances de Noël.

Il avait des ridules au coin des yeux, des cheveux gris auréolaient son crâne dégarni. Toujours en costume, son caractère contrastait cependant avec ses bonnes manières.

- Je le souhaite aussi. Les trajets sans vous n'ont pas la même saveur, le flattais-je.

Comme pour renchérir, il alluma l'autoradio et balança du AC/DC au volume maximum.

J'aurais peut-être dû me taire, soupirais-je.

Evan protesta, grogna, se plaignit pour ses oreilles et nous nous disputames tous les trois sur quel était le meilleur genre de musique. Comme toujours.

Enfin, la voiture ralenti, et nous pûmes admirer la magnifique bâtisse qui surplombait la cour dans laquelle monsieur Murray se gara.

Il s'agissait d'un château immense datant du XVIIeme siècle à priori.

« Ça sent la sévérité à plein nez.. » murmura Evan en sortant les sacs du coffre rutilant, au grand damne de monsieur Murray qui voulait nous aider.

C'est vrai que rien ne dépassait, tout était parfait et nous n'entendions aucun rire de jeunes adolescents crétins qui aurait pu fuser derrière le mur de trois mètres qui entourait la demeure.

Nous nous approchâmes de la grille en fer forgé. A sa droite, je lu une plaque en or gravé :

« Internat Socrate.

Vous ne savez qu'une seule chose, c'est que vous ne savez rien »

Pas mal, songeais-je.

J'effleurai la grille, en imaginant quel genre d'adolescents pouvaient bien séjourner ici.

Soudain, elle s'ouvrit d'elle même en un grincement sinistre, comme dans les histoires d'horreur... En réalité, c'est parce qu'elle était motorisée.

Je pénétrai dans un jardin somptueux : une fontaine coulait à flot et quelques cerisiers, sapins et peupliers s'éparpillaient ça et là, comme par hasard. Mais je savais que leur emplacement avait été étudié avec soin. C'était magnifique. Evan me tira de mes pensées.

« Bon, Effie, quand tu auras fini de jouer les princesses, tu m'aideras à porter les bagages ?

Je me retournais et constatais non sans réprimer un rire moqueur que le pauvre ployait sous le poids des valises. Je remarquais d'ailleurs que la grille s'était refermée sans que je ne m'en aperçoive.

« Où est monsieur Murray ? L'interrogeais-je

- Ray ? Il était derrière nous y'a deux minutes à peine...

-Ne l'appelle pas comme ça s'il te plait. Il est sans doute retenu à l'extérieur, dans la cour. »

Je me dépêchais d'atteindre la grille afin de héler notre chauffeur. Mais il n'en fut rien.

« Regarde, m'interpela Evan, la Rolls Royce est toujours là, il a dû faire un tour pour se dégourdir les jambes avant de reprendre la route...

En effet, notre voiture trônait à l'endroit où nous l'avions laissée, coffre ouvert et musique à fond. Discrétion assurée !

-Sûrement, mais nous avions l'habitude de nous dire au revoir.. » murmurais-je, déçue.

Nous lâchâmes la grille et fîmes face à notrenouveau « chez nous ».

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⏰ Last updated: Jan 11, 2020 ⏰

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